CAN 2019 : comment on a perdu un an au stade d’Olembe
Par Parfait Siki
Les accords de financement signés le mardi 16 août par le Minepat pour la réalisation de ce projet majeur de la CAN 2019 étaient déjà
bouclés il y a un an. Mais ils ont été gardés dans un tiroir à Etoudi puis à la primature.
un tiroir à Etoudi puis à la primature. La Palice aurait dit : si on avait signé tous les accords de financement il y a un an, on aurait gagné un an sur la construction du stade d’Olembe. C’est l’infrastructure-phare de la Coupe d’Afrique des nations 2019, où doit être donné le coup d’envoi et qui doit accueillir la finale. Il se trouve que pendant que les inquiétudes commençaient à poindre sur le retard qui grandissait chaque jour pour le démarrage effectif des travaux à Olembe, au nord de Yaoundé, le dossier relatif aux différents accords et contrats reposait tranquillement dans un tiroir à la présidence de la République, puis, plus tard, à la primature. Une obstruction qui a duré près d’un an, et qui a été levée pour permettre au ministre de l’Economie, Louis Paul Motaze de signer, mardi 16 août, deux accords de prêt d’un montant total de 139 milliards avec la banque italienne Intesa Sanpaolo.
Pendant plusieurs mois, sous la coordination du secrétaire général des services du Premier ministre d’alors, Louis Paul Motaze, des concertations ont lieu autour de la réalisation à bon escient du stade d’Olembe. C’est un projet qui figurait déjà dans le Programme national de développement des infrastructures sportives (PNDIS) dissout et qui a été réhabilité dans le cadre de l’organisation par le Cameroun de la coupe d’Afrique des nations de football en 2019. Le projet ne concerne pas que la pelouse et les gradins, il intègre également les hôtels, carré VIP au stade et galerie marchande. Tout cela implique un aménagement urbain conséquent à la sortie nord de Yaoundé. Sont ainsi réunis autour de la table, les ministères sectoriels que sont les Sports, le Tourisme, le Minfi, l’Habitat et le développement urbain, etc.
Le choix stratégique est de chercher un duo de partenaire l’un pour le financement et l’autre pour la réalisation. Cela évite de négocier d’abord les aspects liés au financement puis d’engager d’autres discussions pour trouver un partenaire pour la réalisation. C’est ainsi que l’entreprise de construction Piccini et la banque italienne Intesa Sanpaolo sont choisies par le groupe de travail. Les accords de principe sont pris, le dossier bouclé avec les visas de tous les ministères ayant participé aux concertations. Le 5 septembre 2015, il est acheminé à la présidence de la République pour l’aval de Paul Biya. Le dossier arrive dans les mains du Monsieur économie d’Etoudi, le secrétaire général adjoint Magloire Séraphin Fouda. Dans le chronogramme, il est prévu que les accords soient signés en fin septembre 2015 afin que les travaux démarrent en janvier 2016.
Pourtant, jusqu’au remaniement ministériel du 2 octobre 2015, intervenu un mois plus tard, on n’a plus de nouvelle du dossier. L’ex-SGPM, Louis Paul Motaze passe ministre de l’Economie et perd le contrôle sur le dossier : il ne peut plus relancer la présidence de la République. Magloire Séraphin Fouda hérite de son poste et du dossier du stade d’Olembe, qu’il n’est pas pressé de faire avancer en l’état. En effet, le nouveau secrétaire général des services du Premier ministre a un projet : il veut faire recommencer les négociations, rebattre toutes les cartes, recommencer tout à zéro. C’est d’ailleurs ce qui commence à être fait avec des réunions à la présidence de la République. Certains membres du gouvernement qui avaient déjà pris part au premier groupe de travail ne sont pas enthousiastes à se remettre à l’ouvrage deux fois pour le même projet. C’est par exemple le cas d’Alamine Ousmane Mey.
Au cours d’une réunion à Etoudi, un ministre souffle au secrétaire général de la présidence de la République qu’un dossier en béton avait déjà été monté sur le même projet et qu’il serait sans doute judicieux de le ressortir. Ferdinand Ngoh Ngoh est surpris et demande à recevoir le fameux dossier. Il le transmet ensuite au président de la République qui le trouve bon et marque son accord pour la mise en œuvre. C’est ainsi que les partenaires ont été remobilisés pour aboutir aux signatures d’accord de mardi 16 août. Entretemps, on a perdu un an.
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