Secteur de l’électricité : l’entrée en service du barrage de Memve’ele otage des indemnisations
Les travaux de construction de la ligne d’évacuation Nyabizan-Yaoundé restent inachevés et plombent la mise en service de cet ouvrage. La faute à un décret d’indemnisation dans le Mfoundi et à la problématique du paiement des indemnisations aux personnes impactées sur le corridor de cette ligne. Les populations revendiquent environ 3 milliards à l’Etat.
Au mois de juin dernier, au cours d’une plénière spéciale à l’Assemblée nationale, le ministre de l’Eau et de l’Energie, Gaston Eloundou Essomba, avait annoncé la fin des travaux de construction de la ligne de transport du barrage de Memve’ele à la fin du mois de septembre 2021, arguant que : « il ne reste que 5 km de ligne de transport à construire sur une longueur totale de 270 km ». Il ajoutait alors : « La centrale hydroélectrique de Memve’ele injecte déjà 90 MW/jour dans le Réseau interconnecté Sud. Une fois les travaux de construction de la ligne 225 kV achevés d’ici septembre 2021, cette production va passer à 211 MW ».
Et pourtant, au 30 septembre, lesdits travaux ne sont toujours pas achevés, et le ministre, de nouveau interpellé sur cet énième atermoiement par les députés lors de la session de novembre dernier, a laissé entendre que « la mise en service complète de cet ouvrage, qui ne produit que 90 MW aujourd’hui, reste tributaire de la fin des travaux de construction de la ligne d’évacuation Nyabizan-Yaoundé dont le taux de réalisation est de 92% au 30 septembre 2021. En effet, l’achèvement de ces travaux reste subordonné d’une part à la signature du décret d’indemnisation dans le Mfoundi et aux payements des indemnisations aux personnes impactées sur le corridor de cette ligne, d’autre part », a déclaré le Minee devant les députés au cours de la session budgétaire de novembre. Il va sans dire que cette problématique liée aux indemnisations constitue un véritable goulot d’étranglement dans le processus de mise en service de ce barrage.
3 milliards d’indemnisations
Une partie des personnes à indemniser se trouve dans l’arrondissement de Ngomedzap, dans le département du Nyong et So’o, à partir du village Nkolkoumou où les travaux se sont arrêtés. Les autres personnes appelées à libérer les emprises pour permettre au projet de se poursuivre sont installées dans la zone périurbaine des départements de la Mefou et Afamba, de la Mefou et Akono et du Mfoundi (plus précisément dans le village Afanoyo’o, situé dans l’arrondissement de Yaoundé 3e. De source proche de Electricity Development Corporation (EDC), entreprise de patrimoine qui gère officiellement le barrage hydroélectrique de Memve’ele et ses ouvrages connexes depuis le 04 mai 2020, les décrets d’indemnisations pour ce qui est des départements de la Mefou et Afamba et de la Mefou et Akono ont déjà été signés par le Premier ministre. Les mêmes sources confient que le décret a été préparé et transmis au niveau des services du Premier ministre par le ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières (Mindcaf), pour ce qui est du département du Mfoundi qui, évidemment, devra se tailler la part du lion dans l’enveloppe d’environ 3 milliards Fcfa à débloquer pour les indemnisations.En attendant que les préalables administratifs relatifs à ce dossier soient remplis, lesquels préalables conditionnent la mobilisation des fonds par Electricity Development Corporation, c’est plus de 120 MW d’électricité qui restent oisifs en pleine forêt équatoriale, alors que le pays est confronté à un déficit énergétique d’environ 100 MW par jour. En effet, sur une capacité installée de 211 MW, le barrage hydroélectrique de Memve’ele évacue à peine 60 MW vers Yaoundé depuis 2017, via une ligne provisoire de 90 KV. Cette capacité a été relevée à 90 MW depuis l’arrivée de EDC, en mai 2020. Pour mémoire, lancé en 2012, le barrage hydroélectrique de Memve’ele dont les travaux sont achevés depuis 2017 a coûté près de 450 milliards Fcfa.
Yannick Kenne et Jean Omer Eyango