Fortunato-Ofa Nchama prolonge le délai de souscription de l’emprunt BDEAC
Initialement prévu pour s’achever le 25 novembre dernier, la période de souscription a été prorogée, le temps pour la banque de développement d’obtenir le montant souhaité.
La Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale(Bdeac) peine à mobiliser le montant de 100 milliards de FCFA auprès des investisseurs de la Cemac. L’institution présidée par Fortunato-Ofa Mbo Nchama s’est retrouvée dans l’obligation de prolonger de 7 jours la période de souscription sur de son appel public à l’épargne dénommé « BDEAC 5.60% 2021-2028 », n’ayant pas obtenu le montant souhaité. Techniquement, l’opération est bouclée depuis le 3 décembre même si l’institution financière tarde à publier les résultats. « Comme toute opération, il y’a après la forclusion du délai de souscription une phase de compilation des données. Après quoi, les résultats seront rendus publics » explique un cadre à la Bdeac joint par EcoMatin qui confirme la disponibilité des résultats « dans les prochains jours » sans donner une date exacte.
Lancé le 15 novembre dernier, l’emprunt de la Bdeac n’a visiblement pas séduit du premier coup les investisseurs de la Cemac, malgré les conditions « bonifiés » d’emprunt dont s’était prémuni la banque de développement sous régionale.
Risque de liquidités
Les titres Bdeac ont-ils perdu de la valeur ? Question digne d’être posée quand on se rappelle qu’il y’a un an, la banque de développement régionale avait, pour un emprunt similaire réussi une sursouscription de 107%. « Sur le marché financier, les jours se suivent mais ne se ressemblent pas. La Bdeac n’a assurément pas perdu en valeur, mais c’est le marché qui est devenu plus concurrentiel. Il y’a un an les titres Bdeac étaient les seuls émis sur le marché ; cette année, beaucoup plus d’émetteurs ont fait recours au marché financier pour mobiliser des fonds c’est le cas de l’Etat du Congo, du Gabon, La Régionale et Alios Finance Cameroun » commente un expert financier. De même, à taux similaire, l’on note la prééminence de produits financiers bien plus rentables et à des maturités plus courtes dans la Cemac. A titre d’exemple, le taux d’intérêt sur les OTA du Gabon est de 5,25% sur 3 ans tandis que ceux du Cameroun ont atteint 5,90% sur une maturité de 6 ans. « Si vous êtes un investisseur, le choix est clair en termes de rentabilité et de maturité » commente notre source.
Anticipant sur cet environnement, la Bdeac avait pourtant repositionné le rendement de son titre en le fixant à 5,6% sur 7 ans contre 5,45% il y’a un an. Pour attirer davantage les particuliers, l’institution financière a rabaissé à 10 le nombre minimum d’obligations à souscrire contre 15 en 2020. Pas suffisant à priori pour convaincre les banques, principaux investisseurs de la Cemac.
Prises fermes nocives ?
Sur le marché financier sous régional, les banques commerciales sont les principaux pourvoyeurs de fonds auprès des émetteurs. Ce qui pourrait, sur le long terme, exposer les investisseurs au risque de liquidités. « La capacité des banques à soutenir cette dynamique pourrait se buter à moyen termes aux contraintes prudentielles visant à préserver le secteur bancaire en contenant son exposition aux risques souverains dans les limites acceptables » indique un cadre à la Beac.
En attendant les résultats, le cas Bdeac soulève la problématique de l’implication des particuliers dans les opérations du marché financier. « Tant que les particuliers ne sont pas impliqués, les opérations seront toujours dépendantes des banques ; ce qui ne crée pas un environnement rassurant » commente une autre source qui décrit les prises fermes qui sont monnaie courante dans les opérations et qui selon lui contribuent en grande partie à exclure les particuliers. « C’est le grand public qui doit développer le marché financier et non un groupuscule de personnes. Tant que les sociétés de bourses et les banques continueront à proposer des prises fermes, on sera dans un cercle vicieux. La prise ferme garantit certes un volume de liquidités pour l’émetteur, mais elle suppose également que l’intermédiaire ne prospecte plus auprès du grand public qui pourtant est le socle granitique du développement de notre marché ».
Rappelons que le montant mobilisé dans le cadre de cet emprunt vont permettre à la banque de financer un certain nombre de projets infrastructurels du secteur privé (hôtels Radisson Blu et Pan African Plaza de Douala, complexe scolaire la Amistad de Malabo, aménagement de la route transgabonaise etc.), des projets du secteur public marchand (réhabilitation du Centre hospitalier Universitaire de Brazzaville, construction d’un complexe industriel d’exploitation des ruminants à Djarmaya, projet de réhabilitation de voies existantes et construction de nouvelles voies du Port autonome de Douala etc.), des projets du secteur public non marchand (aménagement et de bitumage de la route Kumba-Mamfe, barrage hydroélectrique de Lom Pangar, Construction du nouveau terminal à passagers de Bata etc.), et des projets du Programme Économique Régional (aménagement de la route Ndendé-Doussala-Dolisie, construction du pont sur le fleuve Ntem, interconnexion du Cameroun avec les pays de la Cemac par fibre optique etc.).