Assemblée nationale : 350 nouveaux ouvriers chinois pour des travaux de plomberie et d’électricité
L’institution dont le chantier de construction du nouveau siège connaît un retard de six mois selon les délais contractuels, va importer cette main d’œuvre au détriment des nationaux.
Lancés en décembre 2019 pour une durée de 46 mois, les travaux de construction du nouvel immeuble siège de l’Assemblée nationale connaissent un retard de six mois au vu des délais contractuels. Beijing Urban Construction Group, l’entreprise chinoise qui réalise les travaux, invoque la persistance de la pandémie de coronavirus comme raison principale de cette situation. Pour rattraper ce retard, le président du comité de suivi des travaux et maître d’ouvrage de ce chantier dont le coût global s’élève à 54,5 milliards Fcfa, le député Théodore Datouo (par ailleurs vice-président de l’Assemblée nationale) annonce l’importation, d’ici mars 2022, de 120 à 350 nouveaux ouvriers de Chine pour doubler la main d’œuvre sur le terrain. Alors que le gros œuvre est réalisé à 98%, la prochaine vague de techniciens est appelée à la rescousse pour la réalisation de la deuxième phase du chantier dont les tâches, pour l’essentiel, concerne les travaux de plomberie, d’électricité, de carrelage, de peinture, entre autres.
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Curieuse option au moment même où le discours officiel est à la valorisation et au renforcement du capital humain local, comme le promeut la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND-30). Ce choix semble révéler la face cachée de ce projet qui est un don officiellement financé sans contrepartie du Cameroun par le gouvernement chinois et que l’ambassadeur de Chine, Wang Yingwu disait, au moment de la pose de la première pierre, être « être à la hauteur du respect, de l’égalité et du bénéfice mutuel entre la Chine et de le Cameroun ». La Chine a mis à disposition 54,5 milliards Fcfa de financements non remboursables sur ce projet. Soit. Mais le fait de faire réaliser l’ensemble des travaux par une entreprise et des ouvriers chinois est une cinglante contradiction du gouvernement qui, dans le cadre des grands projets depuis plusieurs années, met en œuvre une politique de développement des Pme locales.
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Dans le cadre de celle-ci, l’Etat exige aux entreprises adjudicataires des marchés d’envergure – étrangères pour la plupart – de sous-traiter au moins 30% des prestations aux entreprises locales de mieux en mieux outillées.
Jean Omer Eyango