Campost: le gouvernement pris au piège des grévistes
L'arrêt de travail observé ce 26 novembre 2018 fait suite au non-respect par la partie publique et la direction générale de la Campost, de certains engagements pris en juillet 2018
C’est finalement au forceps que la tension est retombée ce 26 novembre 2018 à la Cameroon postal services (Campost). Conformément à un mot d’ordre lancé le 19 novembre 2018, après celui du 5 juillet 2018, près de 2000 employés de cette institution ont finalement mis leurs menaces à exécution, par un arrêt de travail observé sur toute l’étendue du territoire national. Ils revendiquaient grosso modo plusieurs mois d’arriérés de salaires, le paiement du service postal universel par l’Etat du Cameroun, l’application des résolutions de la Commission paritaire d’avancement et de reclassement de mai 2018 avec effets financiers, le versement du solde de tout compte du personnel retraité etc…. Ce vaste mouvement initié pour une durée illimitée a accusé un coup d’arrêt avec l’ouverture de négociations entre le gouvernement camerounais, la direction générale de la Campost et les grévistes.
Au terme de plusieurs heures de négociations, sera signé un Protocole d’accord entre la direction générale Campost, le Conseil d’administration et les employés, sous l’égide du ministère du travail et de la sécurité sociale. Les grévistes et la direction générale de la Campost se sont convenus autour de quelques points d’apaisement de la situation: « le paiement des salaires mensuels se fera conformément aux stipulations de la Convention collective d’entreprise (tous les 25 du mois + 8 jours ouvrables), les résolutions de la Commission paritaire d’avancement et de reclassement consacrant la période de deux ans de Mai 2018 doivent être appliquées et les notifications devront être faites aux personnels le mercredi 5 décembre 2018, la tenue de la Commission paritaire d’avancement et de reclassement comptant pour l’année 2018 devra se tenir conformément à la réglementation en vigueur, le paiement des sommes gelées issues du Protocole d’accord du 30 juin 2017, le paiement du solde de tout compte des personnels retraitées se fait au moment de leur départ à la retraite, le recrutement des Agents publics se fera conformément aux stipulations de la Convention collective en attendant la relecture de celle-ci…. ».
Lire aussi : Campost : plus de 6 milliards FCFA détournés en 8 ans d’assistance technique
Le protocole d’accord conjoint de ce 26 novembre 2018 prévoit également » la mise sur pied d’un comité de suivi composé de représentants de la direction générale et de ceux des travailleurs qui doit se tenir à la fin de chaque mois en vue de l’évaluation de l’application des différentes résolutions et d’en informer le gouvernement « .
Le même protocole dévoile malheureusement « des difficultés financières de l’entreprise …… ». Ce, depuis 2013. Les charges de cette entreprise seraient supérieures, au double, à son chiffre d’affaires, d’après un récent rapport interministériel datant de 2016. La Campost figure en effet parmi les entreprises publiques les plus déficitaires du Cameroun. La loi de finances de 2017 a d’ailleurs laissé apparaître dans un document annexe, un impressionnant déficit de 1,271 milliards de FCFA cumulé par cette entreprise. 2,9 milliards en 2014. La grève de ce 26 novembre 2018 intervient suite au non-respect, période avril 2018-30 juin 2018, de certains engagements par l’Etat du Cameroun et la direction générale de la Campost, engagements décidés après le préavis d’avril 2018. Notamment, « le déblocage par le gouvernement de la somme de 200.000.000 de FCFA pour le paiement du reliquat des salaires suite à une révision à la baisse des traitements mensuels du personnel, l’apurement de la dette publique due à la Campost, le paiement de divers droits, le paiement du solde de tout compte aux employés retraités« . De bonnes sources, l’endettement de la Campost s’élèverait à plus de 100 milliards de FCFA dont près de 40 milliards de dette publique.