Filière avicole : la pénurie des sous-produits entraîne l’inflation sur le marché du poulet
Le principal fournisseur des poussins d’un jour au Cameroun subit de plein fouet les effets de la grippe aviaire déclarée en Belgique, l’un de ses pays fournisseurs. Ceci occasionne par ricochet une nouvelle flambée des prix des poulets sur le marché camerounais, avec des marges allant jusqu’à 43% à quelques semaines des fêtes de fin d’année, période de grande consommation.
L’inflation au sein de la filière avicole connaît une évolution en dents de scie cette année, et s’illustre mieux avec des fluctuations observées sur les prix du poulet sur le marché camerounais. Alors qu’une légère embellie a été observée au troisième trimestre 2021, les prix sont repartis à la hausse au quatrième trimestre. Les poulets de 45 jours sont désormais vendus à 4000FCFA, alors qu’il y a peu ils coûtaient 2800 FCFA, et tout au plus 3200 FCFA. Les prix sont élevés, avec des marges allant jusqu’à 43%, a appris EcoMatin d’un producteur basé à Yaoundé. Une augmentation qui intervient à la veille des fêtes de fin d’année, période de grande consommation au Cameroun. Une situation qui résulte d’une nouvelle crise observée au sein de la filière, consécutive à une pénurie des poussins d’un jour chez la société Agrocam, l’un des plus grands fournisseurs du marché.
Grippe aviaire
En effet, cette entreprise, filiale du groupe d’entreprises Société des Provenderies du Cameroun (SPC) et Belgocam, se contente depuis peu des seuls œufs à couver produits par ses parentaux locaux. Or à en croire des sources internes à Agrocam, les quantités d’œufs à couver produites par ces parentaux sont insuffisantes pour produire les poussins d’un jour en vue d’approvisionner le marché. L’entreprise aurait dû recourir à des importations d’œufs à couver auprès de ses fournisseurs en Europe, notamment en Belgique et en Allemagne comme ce fut le cas au deuxième trimestre de cette année. Mais elle ne peut le faire en ce car la Belgique est actuellement confrontée à la grippe aviaire, avec un cas détecté naguère chez un canard sauvage dans la commune de Schilde, en province d’Anvers.
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Selon le quotidien belge « Le Soir », le gouvernement belge a instruit depuis lundi dernier un « confinement total » de ses volailles, à l’effet d’ « éviter que cette maladie contamine nos volailles et prévenir les dégâts dont le secteur a pu souffrir par le passé », acquiesce le ministre de l’Agriculture belge David Clarinval. Il va sans dire que Agrocam observe de près l’évolution de l’épizootie en Europe, en espérant que les choses rentrent dans l’ordre pour pouvoir à nouveau importer des œufs à couver nécessaires à la production à grande échelle des poussins d’un jour.
Renfort de la CFC
Il n’est pas superflu de préciser que le principal fournisseur des poussins d’un jour au Cameroun a cependant la possibilité d’importer des œufs à couver des autres pays fournisseurs à l’instar du Brésil. Mais, « on est soucieux de la qualité. Nous nous approvisionnons en OAC (Œufs à couver) chez nos fournisseurs en Belgique et en Allemagne, et on a des produits de qualité. Nous ne voulons pas nous détourner d’eux », assure un cadre de l’entreprise. Le gouvernement camerounais à travers le ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales, délivre en effet des autorisations spéciales d’importations des produits et sous-produits aviaires aux opérateurs lorsque la filière est en proie aux pénuries. Quoiqu’ayant interdit l’année dernière l’importation des œufs à couver et des poussins d’un jour pour se prémunir de la grippe aviaire, le Minepia s’est vu contraint en mars dernier d’autoriser l’importation des produits et sous-produits aviaires du Brésil, pour tenter de juguler la pénurie au moment où les besoins de la filière locale se faisaient de plus en plus croissants.
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La filière devrait retrouver outre mesure une relative stabilité avec l’arrivée de la Compagnie Fermière du Cameroun (CFC), filiale du Groupe Société Anonyme des Brasseries du Cameroun (SABC), dont les activités ont été officiellement lancées le 5 novembre dernier à Mbankomo, région du Centre. Celle-ci consacre un pan de ses activités à l’aviculture, et dispose d’un couvoir d’une capacité de 112.500 œufs à couver, susceptibles de produire 90.000 poussins d’un jour par semaine. La CFC devrait donc permettre à moyen terme de juguler la pénurie de poussins d’un jour au sein de la filière, et contribuer à satisfaire les besoins de consommation nationale, avec comme effet immédiat une réduction des prix des poulets de chair.
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