Règlementation des changes : un cadre opérationnel pour les industries extractives en gestation
A l’issue d’une rencontre tenue à Washington, les compagnies pétrolières et minières sont favorables à travailler avec la Banque centrale pour la mise en œuvre de cette réglementation, mais sous certaines conditions.
Comme annoncé par EcoMatin dans son édition N°465, le gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale(Beac) s’est rendu à Washington DC, le 14 octobre dernier pour discuter avec les entreprises du secteur extractif opérant dans la Cemac. Abbas Mahamat Tolli participait à une table ronde organisée par le Corporate Council on Africa(CCA), la principale association d’affaires des États-Unis, et la Chambre de commerce du même pays. A l’issue des discussions, les opérateurs pétroliers et miniers se sont montrés favorables à collaborer avec la banque centrale pour l’application du nouveau règlement sur le change en vigueur dans la Cemac. « Reconnaissant pleinement l’importance capitale de la réglementation des changes de la Cemac, les représentants de l’industrie extractive ont marqué leur disponibilité à collaborer avec la Beac dans l’élaboration d’un cadre opérationnel qui soit compatible avec les objectifs de stabilité extérieure et de croissance économique de la sous-région, et aux meilleures pratiques de transparence des Flux Financiers » annonce la Beac dans un communiqué.
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Par ailleurs, ils ont formulé à la Banque centrale des « propositions concrètes sur certains points d’application de la réglementation des changes » qu’ils souhaitent voire réaménagés. Le communiqué ne précise pas. Des discussions sont d’ailleurs prévues entre ces entreprises et la banque centrale le 25 octobre prochain à Paris.
En attendant, Abbas Mahamat Tolli s’est dit satisfait de la nouvelle approche de ces industriels, autrefois réfractaires. « Le gouverneur a marqué sa satisfaction face à la volonté affichée par l’industrie extractive de la Cemac de travailler désormais en étroite collaboration avec la Beac pour définir un cadre opérationnel compatible avec les obligations de chaque partie » peut-on lire sur le communiqué. S’appuyant sur les prescriptions des chefs d’Etats de la Cemac qui, lors du sommet extraordinaire du 18 août 2021 ont demandé « d’appliquer de manière équitable la règlementation des changes à tous les agents économiques », le gouverneur de la Beac s’est montré intransigeant quant à la non prorogation du moratoire accordé à ces opérateurs, lequel devrait expirer le 31 décembre prochain.
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Pour rappel, la nouvelle réglementation de change en vigueur dans la zone Cemac a suscité beaucoup de grincements de dents de la part des opérateurs économiques avec notamment l’obligation que leur fait cette réglementation de rapatrier et de rétrocéder à la Beac les devises détenues à l’extérieur. Face aux multiples plaintes, la Beac a consenti à 4 reprises à accorder un moratoire aux compagnies pétrolières et minières à travers des textes particuliers de dérogation.
L’application de cette norme communautaire devrait permettre à la banque centrale de disposer de davantage de réserves nécessaires pour garantir la stabilité de la monnaie. Avec des niveaux de production actuels de 700 000 barils de pétrole par jour et 5 millions de tonnes de GNL par an, la Cemac reste l’une des régions les plus riches du monde.
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