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Business et Entreprises

Chambre d’agriculture: où en est-on avec la banque agricole ?

Depuis le décès en mai 2018 du président de la Chambre d’agriculture, des pêches, de l’élevage et des forêts (Capef), Janvier Mongui Sossomba, l’on n’avait presque plus entendu parler du projet de création d’un établissement de microfinance (Emf) agricole, à l’initiative de cette structure qui constitue, auprès des pouvoirs publics, l’organe consultatif et représentatif des intérêts des professionnels de l’agriculture, de la pêche, de l’élevage, de la forêt et de la faune. La campagne de mobilisation des fonds y afférente avait été lancée le 19 octobre 2015 pour s’achever en mai de l’année suivante. Sous deux mois, avait annoncé le défunt président, devait se tenir l’Assemblée générale constitutive en vue de l’adoption des statuts de cet établissement, de la mise sur pied de ses organes sociaux, etc. Ce qui signifie, logiquement, que cette instance aurait dû siéger depuis juillet 2016. Pas moins de 7000 souscripteurs avaient été enregistrés sur l’ensemble du territoire dans le cadre de cette opération, et 80% de ceux-ci étaient des ruraux.

Cet Emf est en effet censée  créer les conditions nécessaires pour l’accord, à court terme, des crédits pour 300 organisations des secteurs agropastoraux, halieutiques  et sylvicoles , pour le renforcement technique et managérial des organisations des producteurs, pour la création de plus de 1500 emplois directs, pour l’augmentation de la production rurale, pour la facilitation de la commercialisation des produits de groupe, pour l’augmentation des revenus des ménages, etc.

Types d’activités à financer : les outils de production, de transformation et de conservation ; la commercialisation ; la protection de la gestion durable des écosystèmes ; l’aménagement de l’espace rural ; etc. Mais, trois ans plus tard, le projet semble subir le même triste sort subi par la Banque agricole annoncée depuis janvier 2011 par le président de la République, Paul Biya, lors du comice agropastorale d’Ebolowa

L’Assemblée générale constitutive aura lieu au plus tard en mai 2019

Selon la vice-présidente de la Chambre d’agriculture, le décès du président Mongui Sossomba a retardé le démarrage des activités de cette structure.

Elissar Mbang Ekoutou; Vice-présidente CAPEF

EcoMatin: Pourquoi l’établissement de microfinance agricole annoncé depuis fin 2015 par la Chambre d’agriculture n’a toujours pas vu le jour ?  

Elissar Mbang Ekoutou: La mise en place de l’établissement de microfinance agricole initié par les producteurs agricoles est retardée pour quelques raisons évidentes. On a procédé dans la première étape par la sensibilisation des producteurs. On a établi des fiches de souscription que les producteurs ont rempli. Il était maintenant question de convoquer une Assemblée générale constitutive de cet établissement pour pouvoir rentrer dans le cadre réglementaire fixé par la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac). Mais, pour être convoquée, cette Assemblée générale nécessitait préalablement un certain nombre d’éléments : le business plan, la définition des lieux où allaient être ouvertes les premières agences, etc. Le ministère des Finances nous a apporté tout son appui pour que nous ayons tous ces documents réglementaires ; ce qui a permis d’ouvrir un compte bancaire à la SCB Cameroun. Ce compte bancaire a ensuite été diffusé dans les délégations régionales de la Chambre d’agriculture auprès de tous les souscripteurs. Il s’est donc posé un handicap évident : les planteurs étant dans des zones très reculées, n’ayant  pas proche d’eux un établissement financier, on s’est retrouvé dans une difficulté de recueillir les parts sociales. Par exemple, si un souscripteur qui vit à Yokadouma à l’Est a souscrit pour une action qui coûte 10.000 Fcfa ou pour deux actions, SCB n’ayant pas d’agence dans cette localité, il lui fallait se rendre à Bertoua pour pouvoir verser cet argent. Les frais de déplacement étant au-dessus de la part sociale qu’il a souscrite, ceci constitue un handicap pour lui.

Concrètent, où en est-on aujourd’hui dans la conduite de ce projet ?    

La Chambre d’agriculture a entrepris, courant juin dernier, de produire des carnets de souscription que ses représentants régionaux  vont distribuer aux souscripteurs lors de leurs descentes sur le terrain. C’est justement pour combler cette lacune. C’est l’opération qui est en cours dans les régions. Donc, les dépôts se font au fur et à mesure. Le deuxième handicap a été comme vous le savez,  la maladie puis le décès de notre président [Janvier Mongui Sossomba, Ndlr], qui a un peu freiné le projet, notamment pour ce qui est de l’acquittement de la part sociale de la Chambre d’agriculture elle-même, qui est d’environ 200 millions Fcfa. Parce que, dans le projet, il est précisé que la Chambre d’agriculture devait être actionnaire de l’établissement de microfinance.  La décision avait été signée par le feu président, mais malheureusement, elle n’a pas pu être exécutée. Elle le sera en 2019 parce que, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural fait appliquer nos textes qui disent qu’en cas de vacance à la tête de la Capef, le premier vice-président gère à titre intérimaire. Ceci nous permet de suivre ce dossier et donc, de planifier l’Assemblée générale qui se tiendra en 2019, entre avril et mai au plus tard. C’est à ce moment-là que la Capef pourra également mettre à disposition sa contribution. Voilà où nous en sommes.

Les plus de 2 milliards Fcfa que la Capef a annoncés avoir collecté en 2017 n’était que des intentions de souscriptions ?

C’était des intentions ; vous savez que la Cobac interdit de collecter l’argent des gens tant qu’on ne remplit pas toutes les conditions. Il y a également la Commission des marchés financiers qui a attiré notre attention sur le fait qu’au-delà de 100 souscripteurs, nous devions au préalable avoir réuni toutes les conditions exigées par la Cobac.

Avez-vous reçu un appui du gouvernement ?

Je voudrais aussi relever que le gouvernement ne nous a pas beaucoup soutenus dans ce projet, tout simplement parce que lui, il était plus intéressé par le projet de création de la banque agricole. Il ne pouvait pas en même temps nous appuyer financièrement et créer cette banque. Un autre problème, on est tombé sur la Banque des Pme qui a démarré ses activités, a donné des crédits et les gens n’ont pas remboursé. Ça a dû freiner l’ardeur du gouvernement à soutenir notre projet. Mais comme le projet a été initié par nous-mêmes, ça ne nous gêne pas.

Tout se passe comme si la Capef a lancé son projet de création d’un établissement de microfinance sans tenir compte de ce qu’il fallait au préalable un agrément de la Coabc…

Effectivement nous sommes soumis à l’obtention d’un agrément puisqu’il ne s’agit pas de la microfinance de la Capef, mais de celle des producteurs agricoles. La Capef vient uniquement comme actionnaire. Vous vous souvenez certainement d’Amacam [Assurances mutuelles agricoles du Cameroun, Ndlr]. Cette structure avait été créée pour les producteurs. C’est dans le même modèle.

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