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Cemac : la Beac réactive ses opérations de reprise de liquidités dans le système bancaire

Cette opération vise à stériliser les réserves oisives détenues dans les comptes des banques commerciales et mieux contenir les risques pesant sur la stabilité monétaire.

Le 6 septembre dernier, la Banque des Etats de l’Afrique centrale(Beac) a procédé au lancement, par appel d’offres, d’une opération de reprise de liquidités d’un montant de 100 milliards de FCFA. La date d’échéance de l’opération qui court jusqu’au 7 octobre prochain au taux fixe de 0,15% concerne les liquidités de maturités longues. Y sont éligibles, « les établissements de crédits admis au compartiment des interventions de la Beac sur le marché monétaire offreurs de ressources n’ayant pas sollicité le refinancement de la Beac au moins une fois sur une fois sur une période glissante de 12 mois » peut-on lire sur l’avis d’appels d’offres. Une semaine auparavant, une opération similaire avait été enclenchée par la banque centrale pour le même montant.

A travers ces deux opérations, l’institut d’émission inaugure la réactivation de ses opérations de ponctions de liquidité dans le système bancaire suspendue par le gouverneur au mois de mars 2020. Entres autres mesures de soutien à l’économie, l’institut d’émission monétaire avait procédé à un assouplissement des opérations de refinancement des banques commerciales en révisant à la baisse ses principaux taux directeurs, en élargissant la gamme des effets pri­vés admis comme collatéral des opérations de politique monétaire et en effectuant des injections de longue maturité entres autres. Résultat des courses, au 31 mai 2021, l’encours des concours de la Beac au système bancaire a grimpé à 588 milliards de FCFA contre 252,7 milliards au 31 mars 2020, soit une hausse de 58%. Fort du relèvement de la liquidité bancaire, le Comité de politique monétaire (CPM) s’est réuni le 28 juin 2021 par visio-conférence et a procédé à la réactivation des reprises de liquidité via des opérations de ma­turité longue (1 mois).

De l’argent à flot mais….

Les opérations de reprise de liquidités permettent généralement à la banque centrale de stériliser les réserves oisives observées et mieux contenir les risques pesant sur la stabilité monétaire. Pour le cas échéant cette reprise pourrait traduire une surliquidité du système bancaire ; ce qui dans les faits n’est pas perceptible car au fil du temps, les demandes des banques commerciales au titre des interventions hebdomadaires de la Banque Cen­trale sur le marché monétaire ont progressivement évolué. Sur des montants de 250 milliards de FCFA  mis en adjudication,  le taux de souscription est passé de 13,1% à fin mars 2020 à 124,1% au 31 mai 2021.  Un besoin qui explique le désintérêt pour les opérations de rétrocession du cash à la Beac. En attendant les résultats de la deuxième opération de reprise, les banques ont boudé la première. Laquelle offre a été infructueuse.

Portefeuille de crédit détérioré

Si elles ont augmenté leurs appétits pour les liquidités de la Beac, les banques commerciales ont  globalement maintenu le financement de l’économie malgré de fortes incertitudes sur le plan macroéconomique. Selon les derniers chiffres disponibles, entre mars 2020 et février 2021, l’encours des crédits à l’économie s’est accru de 7 785,6 milliards à 8 309,6 milliards. Cependant, en augmentant son portefeuille de crédit, le système bancaire s’est exposé au risque de non remboursement. Si elle ne donne pas de précisions, la Beac maintient que la qualité du portefeuille, celle des banques qui se refinancent auprès d’elle s’est considérablement dégradée. « En effet, le taux de créances en souffrance de cette catégorie de banques s’est situé au-dessus de la moyenne d’ensemble depuis janvier 2021 » explique Ivan Bacale Ebe Molina, le Directeur Général des Etudes, Finances et Relations Internationales à la Beac.

Levée progressive

En attendant qu’elles adhèrent à cette première, la banque centrale entend bien procéder à une levée progressive de toutes  mesures d’assouplissement qu’elle a adoptées jusqu’ici. Cela a d’ailleurs été prescrit par les chefs d’Etats de la Cemac lors du sommet tenu le 18 août dernier à Yaoundé. Ces derniers ont « exhorté les Etats et les Institutions communautaires, notamment la Beac et la Cobac, à envisager une levée prudente et progressive des mesures exceptionnelles de soutien aux économies pour tenir compte de la persistance de la crise sanitaire dans la Cemac et ses effets sur les économies ».

A la Beac, un resserrement de la politique monétaire est même envisagé mais cela pourrait seulement intervenir en cas de dégradation sen­sible de la position extérieure et d’érosion accélérée de ses avoirs de réserves. « La Banque Centrale entreprendra de resserrer automatique­ment sa politique monétaire à travers : le relève­ment de son taux directeur,  la réduction de ses injections de liquidité, à travers la baisse de son re­financement en faveur des banques, la reprise des ponctions de liquidités, et l’augmentation des coefficients de réserves obligatoires » précise Ivan Bacale Ebe Molina.

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