Téléphonie mobile : Les défis du nouveau DG d’Orange Cameroun
Le nouveau manager de la filiale camerounaise de l’opérateur de téléphonie français séjourne au Cameroun depuis ce début de semaine, et devrait officiellement prendre fonction ce mercredi 1er septembre 2021. Il arrive dans une structure traversée depuis quelques temps par quelques soubresauts. Entre déliquescence du dialogue social au sein de l’entreprise, péripéties judiciaires, dégradation de la qualité du réseau, desserrement des rapports avec les administrations..., le Béninois, successeur du Français Frédéric Debord devra travailler pendant son magistère à redorer, sur le plan social, le blason d’une entreprise aux performances économiques plutôt louables.
A la faveur d’un redéploiement de ses effectifs au terme des conseils d’administration de ses filiales tenus au mois de juillet dernier à Casablanca au Maroc, le Groupe Orange a décidé d’affecter au Cameroun un nouveau Directeur général. Il s’agit du Béninois Patrick Benon, en remplacement du Français Frédéric Debord, envoyé à Orange Madagascar. Le nouveau patron de la filiale camerounaise de l’opérateur de téléphonie français, plutôt high-tech et bien présent sur les réseaux sociaux, n’a pas encore signalé son arrivée au Cameroun sur ses différents comptes (Facebook, Twitter, LinkedIn…), et pourtant, EcoMatin a appris d’une source au sein de la structure que Patrick Benon séjourne dans le pays depuis lundi dernier.
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C’est que, le nouveau « boss » d’Orange Cameroun nommé le 13 juillet dernier, devrait prendre officiellement fonction ce mercredi 1er septembre 2021. Mais cela devrait se faire en toute sobriété et en dehors du rituel habituel qui symbolise souvent le passage de témoin entre le nouvel entrant et son prédécesseur, en présence de la tutelle administrative des Télécoms au Cameroun, le ministre des Postes et Télécommunications. « Il devrait arriver aujourd’hui (lundi 30 août 2021) ou au plus tard demain (mardi 31 août) et commencer directement le travail. Il n’y aura pas de passation de service avec M. Debord au Cameroun, puisqu’elle a déjà eu lieu à Paris la semaine dernière, et il arrive pour commencer directement à travailler », susurre notre informateur joint lundi au téléphone.
Héritage empoisonné
Cette petite entorse à la tradition, qui veut que le DG sortant passe le témoin à son successeur dans une ambiance empreinte de convivialité, et qu’il soit accompagné d’un au revoir à la hauteur de ses bons et loyaux services, résulte à n’en point douter de la récente actualité qui a alimenté le départ du Cameroun de Frédéric Debord. Le nouveau DG d’Orange Madagascar –où il est d’ores et déjà vomi par les salariés en raison des casseroles qu’il traine du Cameroun- a en effet quitté le pays le 14 juillet dernier, quasiment exfiltré, alors qu’il faisait l’objet de poursuite judiciaire suite à des plaintes diverses d’ex employés d’Orange Cameroun. Celles-ci liées à leurs rapports socioprofessionnels déliquescents, entre licenciements abusifs, accusations de harcèlement sexuels, accusations de racisme, pourrissement du climat social… C’est donc cette structure à l’image relativement écornée sous un prisme social que devra hériter Patrick Benon.
Restaurer le dialogue social
Le manager béninois trouve en place une maison au sein de laquelle il existe une déconnexion entre le sommet de la pyramide et la base, une maison où les tensions sont sous-jacentes entre collaborateurs, une maison où les employés n’osent pas exprimer à haute voix ce qu’ils pensent, bien que représentés par des délégués du personnel, où la communication est essentiellement verticale. Selon Corneille Koungou, président du Syndicat national autonome des travailleurs des nouvelles technologies et l’information et de la communication (Syntic), « le nouveau DG doit ouvrir le dialogue. Pas seulement avec les délégués du personnel, même avec les syndicats. Il y a avait une Mutuelle que nous avions voulu lancer en 2002. Aujourd’hui, les employés cherchent à la faire revivre. Mais ce projet est cahin-caha. C’est un autre projet qui doit concerner le DG ; les carrières sont bloquées dans l’entreprise. Il faut résoudre la fraude systémique au sein de la maison ; redéployer certains directeurs qui occupent des postes depuis plus 10 ans », préconise le syndicaliste.
Solder le passif judiciaire
En plus de travailler à restaurer le dialogue social et à briser les barrières entre le top-management et ses collaborateurs du bas de l’échelle, le nouveau DG d’Orange Cameroun trouve sur sa table des dossiers judiciaires qui engagent la responsabilité de l’entreprise, et qu’il faudra bien suivre. Il s’agit entre autres, de la plainte relative au licenciement abusif de l’ex Senior manager chargé des Relations avec les Institutions, Marie Agathe Sidonie Ngo Mbong, épouse Njock, licenciée pour « entrave à la liberté de travail, diffamation et dénonciation calomnieuse ». L’affaire est pendante au Tribunal de première instance de Douala-Ndokoti, et la prochaine audience est prévue le 27 septembre 2021. Et dans cette affaire, Orange risquerait de laisser des plumes à moins de procéder autrement par un arrangement amiable.
Maintenir le cap des performances économiques
Selon un rapport réalisé par l’application Nperf en 2020, Orange Cameroun est la compagnie de téléphonie mobile qui a fourni les meilleures performances de l’internet mobile au Cameroun en 2019, avec 44 201 points, loin devant ses concurrents directs MTN (33 751 points) et Nextell (12 534 points). L’opérateur revendique à fin 2020, un taux de population couverte en 3G à hauteur de 79%, et revendique par ailleurs la place de numéro 1 de la 4G dans le pays. L’opérateur a enregistré des revenus de 216,38 milliards de FCFA à fin 2020, une performance haussière de 5,16% en comparaison à celle de 2019 qui était alors de 205,20 milliards de FCFA. Elle revendique également 9,26 millions d’abonnés selon les chiffres officiels. Ce sont là quelques indicateurs qui témoignent de l’embonpoint économique de la structure dont hérite Patrick Benon, lequel devra travailler à maintenir le cap, sinon faire mieux.
Un technocrate aux commandes du réseau Orange
Dans un message publié le 27 août dernier sur son compte Facebook, Patrick Benon fait ses adieux au Botswana, où il a séjourné pendant près de sept à la tête d’Orange Botswana comme directeur général. « Ma femme Noëlla, nos 4 enfants et moi-même tenons à remercier immensément le Botswana et les Botswanais pour nous avoir accueillis au cours des 6 dernières années et 9 mois. Ce fut une expérience merveilleuse que nous n’oublierons jamais. Il est maintenant temps de partir, et soyez sûr que où que nous soyons, nous nous souviendrons de ces beaux moments incroyables vécus au Botswana », a-t-il posté, continuant à entretenir le mystère sur sa prochaine destination. Mais il est un secret de polichinelle que le Béninois a déposé ses valises au Cameroun, et c’est dans le pays moteur de la sous-région Afrique Centrale qu’il officiera désormais comme DG d’Orange Cameroun.
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Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce neveu de l’ancien chef de l’Etat béninois Thomas Boni Yayi a le profil de l’emploi. Il a une parfaite connaissance du secteur des télécommunications. Avant d’atterrir au sein du groupe Orange, Patrick Benon, a officié comme directeur général adjoint de Benin Telecoms S.A, puis comme directeur général de la même compagnie. En 2011, il rejoint le groupe France Telecom (Orange), où il est nommé à la tête d’une des filiales du groupe, précisément en République Centrafricaine comme Directeur général d’Orange Centrafrique, poste qu’il occupe jusqu’en 2014, avant d’être muté à la tête d’Orange Botswana.
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Titulaire d’un doctorat Ph.D en Informatique et réseaux de télécommunications obtenu à l’Ecole nationale supérieure des Télécommunications de Paris, Patrick Benon a débuté sa carrière en France dans les groupes internationaux comme Schlumberger ou encore Accenture, l’un des leaders mondiaux spécialisé dans le conseil en technologie aux grandes entreprises. Il a également offert ses services à la défunte Oberthur Technologies qui propose des solutions de sécurité digitales pour l’univers mobile.
