Transformation structurelle: les petites ambitions du Cameroun pour l’import-substitution
Les actions du gouvernement en matière de promotion et de soutien à la production locale des produits de grande consommation contrastent avec les externalités négatives que leur importation fait peser sur le pays, notamment la sortie massive des capitaux et la dépendance alimentaire.
Il faut certainement encore attendre la finalisation du projet de loi de finances pour être péremptoire quant au sort réservé à la politique d’import-substitution. “L’implémentation de la politique d’import/substitution” est le troisième objectif spécifique de la circulaire préparatoire au budget 2022. Le président de la République réaffirme que cette politique est “nécessaire pour renforcer la résilience de notre économie”. Il instruit donc au gouvernement “le relèvement de la taxation de certains biens pour lesquels le Cameroun est engagé dans un processus de production domestique, à l’exception des produits de grande consommation”. Ce qui peut laisser nombre d’entrepreneurs et analystes perplexes. Ce d’autant plus que c’est, justement, le contrôle du marché des biens de grande consommation qui est en jeu.
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Officiellement, l’import/substitution est en vigueur depuis le début de l’année 2021. Dans sa communication, le gouvernement annonçait un changement de paradigme visant le renforcement de l’offre nationale en divers produits de grande consommation. Ce changement passerait par la réduction considérable du volume des importations desdits produits de grande consommation (riz, poisson, blé, maïs, etc.), qui sont source de sortie massive des capitaux et de dépendance alimentaire. Pour se faire, “le déploiement de la politique d’import-substitution doit s’accompagner d’une véritable politique de transformation en profondeur de l’économie, en vue de réduire les importations des produits pour lesquels l’offre locale est abondante ou pour lesquels des substituts sont disponibles au plan national”, expliquait alors le ministre des Finances face aux membres de la Commission des Finances et du Budget de l’Assemblée nationale, en octobre 2020.
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Pour parvenir à ce résultat, avait rassuré Louis Paul Motaze, le gouvernement a proposé d’une part, d’exonérer de droits et taxes de douane des équipements et intrants destinés à l’agriculture, à la pêche, à l’élevage et à l’industrie pharmaceutique, en vue d’encourager les investissements dans ces secteurs d’activités et ainsi d’accroître la production locale. D’autre part, il était question de soumettre au droit d’accises certains biens importés produits sans difficultés particulières au Cameroun ou qui présentent des externalités négatives avec en prime l’application des mesures de contingentements ou de restrictions quantitatives, afin de réduire substantiellement leur importation, limiter la sortie des devises et booster leur production locale.
Externalités négatives
A date, aucune mesure de contingentement ou de restrictions quantitatives n’a été prise. A travers le Fonds spécial de solidarité nationale pour la lutte contre le coronavirus, la loi de finances initiale 2021 a prévu une dotation de 50 milliards de FCFA pour l’amorce de la mise en œuvre du Plan de relance de la production locale à grande échelle des produits de consommation de masse à l’origine du déficit de la balance commerciale (riz, maïs, poissons, lait, etc.), en lien avec l’opérationnalisation de la politique d’import-substitution annoncée. Mais cette enveloppe a été ramenée à 10 milliards dans le budget rectificatif en juin 2021. D’une manière générale, “la provision dédiée à la mise en œuvre de l’import-substitution est maintenue à 30 milliards en 2022 comme en 2021”, lit-on dans le document de programmation économique et financière à moyen terme 2022-2024.
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