Sommet de la Cemac : les chefs d’Etat ne cèdent pas aux pressions du FMI
Les chefs d’Etat réaffirment leur détermination pour faire vacciner la majorité de la population de la Cemac. C’est la condition sine qua none pour la réouverture des frontières des pays actuellement en confinement.
Evaluer la situation macroéconomique de la Cemac, en particulier dans le contexte de la pandémie de Covid-19, analyser les mesures de redressement appropriées pour renforcer la résilience des économies de la sous-région, accélérer leur transformation structurelle, en vue d’une croissance soutenue, durable, inclusive et créatrice d’emplois. L’objectif du sommet extraordinaire de la Cemac avait de quoi faire rêver. Mais à l’arrivée, le communiqué final comporte peu de décisions concrètes mais beaucoup d’engagements sinon des promesses. Il y a néanmoins une constante: c’est la liberté que les chefs d’Etat se donnent par rapport aux propositions de leurs partenaires. Qu’il s’agisse de la vaccination, la politique monétaire, le soutien aux économies par la Beac, la gestion des finances publiques, le rôle de l’Etat en tant qu’agent économique, etc., Paul Biya et ses pairs ont apporté de nombreux amendements aux recommandations du FMI, de la Banque mondiale ou de Paris. Une démarche qui se situe entre l’amour propre de ces chefs d’Etat et le souci de la préservation de la souveraineté nationale, dans un contexte de mondialisation à outrance où la solidarité semble de plus en plus comme un vain mot.
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Sauver à la fois des vies et l’économie. C’est le défi que les chefs d’Etat de la Cemac entendent relever au cours des prochains mois. Jusque-là, ils ont essayé de parvenir à l’un en passant par l’autre. Chaque pays ayant sa priorité. L’économie d’abord, au Cameroun et au Tchad; la santé avant tout, pour le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et la République centrafricaine. Mais il semble que l’évaluation faite au cours du sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Cemac, le 18 août 2021, a permis de constater qu’aucune option n’a permis à un pays de se tirer d’affaires. Certes, le Cameroun, la RCA et le Tchad ne sont pas en confinement mais ils ne subissent pas moins les affres socio-économiques de la pandémie de la Covid-19. Malgré un confinement strict, souvent renforcé par un couvre-feu, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale ne se portent pas mieux.
Au terme du sommet virtuel de Yaoundé, les chefs d’Etat ont décidé de mettre le “turbo”. Ils vont combiner les deux approches et la passerelle est toute trouvée: le vaccin. Ainsi, Paul Biya et ses pairs se disent, plus que jamais, déterminés à “accélérer les campagnes de vaccination pour protéger les populations, sauver des vies et favoriser une réouverture maîtrisée des économies de la Sous-Région”. Ils suivent donc le sens du vent, espérant tirer profit des initiatives bilatérales et multilatérales qui font florès en ce moment. Pour saisir la balle au bond, la Cemac sollicite “le soutien et la solidarité de la communauté internationale en faveur d’un accès large et équitable au vaccin et à la promotion d’une véritable industrie pharmaceutique dans la sous-région.”
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En effet, “l’accès aux vaccins est devenu la principale ligne de rupture divisant la reprise mondiale en deux blocs”, souligne le FMI dans ses dernières perspectives économiques, en avril 2021. L’Afrique reste le continent le plus en retard, avec 4,8 doses administrées pour 100 habitants, soit 10 fois moins que la moyenne mondiale (52). Début juin, l’Organisation mondiale de la Santé, l’Organisation mondiale du Commerce, le FMI et la Banque mondiale ont estimé dans une tribune commune que cette inégalité d’accès au vaccin a favorisé l’émergence de variants du coronavirus ayant entraîné de nouvelles flambées épidémiques dans les pays en voie de développement.