Sommet extraordinaire de la Cemac : ce que le FMI exige des chefs d’Etats
Rapatriement des devises du secteur extractif, publication des États financiers de toutes les entreprises publiques d’importance systémiques, assainissement de l’utilisation des ressources publiques...le sommet extraordinaire des chefs d’Etats de la Cemac qui s'ouvre ce jour, sera l’occasion de faire le point et d’avancer sur un calendrier de réformes requises par le FMI et les partenaires multilatéraux des pays de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale. Revue des réformes exigées par l’institution de Bretton Wood en échange de nouveaux programmes de financement.
Et de trois pour la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Après les rendez-vous du 23 décembre 2016 et du 22 novembre 2019, le président en exercice de la Cemac, Paul Biya réunit ses pairs ce 18 août 2021, en visioconférence, pour un sommet extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etat de la Cemac. En raison de la persistance de la conjoncture économique toujours défavorable, depuis 2014, des invités spéciaux sont conviés au conclave de Yaoundé. Le ministre des Finances de la France, Bruno Lemaire, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, vont délivrer des communications. Le représentant de la Banque mondiale, Ousmane Diagana, ne va pas prendre la parole.
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Cette rencontre va s’appesantir sur la stratégie de relance économique post Covid-19 de la Cemac. Selon la Commission de la Cemac, l’évaluation récente des incidences de la pandémie de la Covid-19 démontre que les économies de la Cemac continuent de payer le lourd tribut de la pandémie. On peut évoquer : l’augmentation du stock de la dette passé de 49,1% à 55,6% du PIB en un an, le recul des réserves de change. Alors que la sous-région comptait sur quatre mois d’importations au premier semestre 2020, un an après ce stock a fondu de 1116 milliards FCFA soit 0,3 mois d’importation de biens et services. De même, les finances publiques se sont privées de 2747 milliards FCFA du fait des mesures économiques pour soutenir les entreprises.
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Ce sommet extraordinaire sera aussi l’occasion de faire le point de l’exécution des programmes de réformes économiques et financières signés entre les pays de la Cemac et le FMI en 2017 et les conditions de négociations des programmes de deuxième génération, pour parachever les réformes structurelles requises par le FMI et les partenaires multilatéraux. Ces aspects étaient à l’ordre du jour d’une session du conseil d’administration du FMI, le 30 juin 2021. Le FMI a noté que durant la première phase, “la mise en œuvre des recommandations s’est avérée parfois difficile”, blâmant “le manque d’adhésion, notamment au niveau le plus élevé, à un programme de réformes solide et stratégique”. Aussi en vue de la conclusion des programmes de deuxième génération, les équipes du Fonds ont établi une liste serrée de réformes ainsi qu’un calendrier assez détaillé pour leur mise en œuvre. Il s’agit, par exemple, d’assainir l’utilisation des ressources publiques. Ce qui passe par l’instauration des Cours de Comptes dans tous les Etats de la Cemac; des Comptes uniques du Trésor (CUT) fonctionnels d’ici à la fin 2021/mi-2022.
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A court terme, chaque pays doit “publier les critères de sélection des projets et les entrepreneurs retenus” pour l’attribution des marchés publics. Il faut aussi “publier les états financiers vérifiés de toutes les entreprises publiques d’importance systémique”. Dans un délai d’un an, des “solutions automatisées de dédouanement des marchandises” doivent être déployées sur la base d’un “code communautaire de procédures fiscales”, accompagné d’un “observatoire régional”. D’ici à la fin de l’année, la Beac est invitée à supprimer les injections hebdomadaires de liquidités dans le système bancaire, lancées en réponse à la crise du Covid-19. Il est également aux parties prenantes de mettre en œuvre l’exigence de rapatriement des devises des entreprises du secteur extractif.
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Enfin, les chefs d’État devront aussi valider un nouveau mécanisme de sanctions pour les gouvernements qui ne respectent pas les règles de surveillance multilatérale. Adopté en janvier 2021 par leurs ministres, ce mécanisme concerne, outre la dette publique, le déficit budgétaire doit être positif ou nul, l’inflation en-dessous de 3 % et sans arriérés de paiement.
Avec Jeune Afrique