Conjoncture : l’avenir socio-économique préoccupe les ministres de l’Economie de la Cemac
Douala accueille une session extraordinaire de l'UEAC (Union Économique de l'Afrique Centrale), impulsée par le Cameroun. La concertation prévoit l'examen, ce 10 août 2021, par le conseil des ministres de l'Union, des dossiers brûlants concernant l'avenir socio-économique et monétaire de la zone Cemac. Cette session inédite sera suivie, le 12 août, par une session du Comité de pilotage du Pref-Cemac.
Les enjeux sont certainement à la hauteur des attentes des 6 pays de l’Afrique centrale. Réunis au sein de l’Union Economique de l’Afrique centrale (UEAC), le Cameroun, Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée Équatoriale, et le Tchad envisagent marquer un tournant décisif dans la politique économique sous-régionale, compte tenu des nouveaux enjeux et multiples défis (politiques, financiers, monétaires, sécuritaires, sanitaires etc…). Les ministres des pays de l’Union composant le Conseil, ainsi que les membres de la Commission de la Cemac (Communauté économique des États de l’Afrique centrale) sont en conclave depuis ce lundi 10 août 2021 à Douala, la capitale économique camerounaise, dans le cadre de d’une session extraordinaire de l’UEAC, suivie de la tenue d’une importante réunion d’évaluation du Pref Cemac, le Programme des réformes économiques et financières de l’Afrique centrale. La 14ème au titre du Comité de pilotage de vaste programme communautaire.
Discipline budgétaire
Une importante séance de travail réunissant ce lundi 9 août 2021, à huis clos, le collège des commissaires, a précédé la session extraordinaire très attendue de ce 10 août 2021 qui portera sur «l’examen du projet de rapport sur l’évaluation de la situation macro-économique dans la Cemac en contexte de pandémie du Covid-19 et analyse des mesures de redressement», ainsi que sur «l’examen du projet d’ordre du jour de la session extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat». Le contexte économique et sanitaire, tout comme les mesures des réformes économiques et financières en Zone Cemac feront par conséquent l’objet d’un examen approfondi. Les discussions porteront par ailleurs sur la coopération monétaire. Dossier délicat entre les pays de la zone Cemac et la France. D’après des sources internes à la Cemac, «la réforme de la coopération monétaire avec la France est une partie intégrante de la stratégie communautaire de sortie de crise décidée par la Conférence des Chefs d’Etat du 23 décembre 2016 en vue de la transformation structurelle des économies de la Cemac, sans ajustement monétaire».
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Les 6 pays d’Afrique centrale voudrait, fort des soubresauts liés au Covid-19, éviter «la dominance budgétaire» marquée par une pression des États sur la banque centrale, notamment sur la monétisation de la dette publique. Les États plaident ainsi pour une indépendance de la banque d’émission, «clé de la confiance dans la capacité de remplir le mandat de stabilité externe et interne de la monnaie», pense-t-on à la Cemac. Les travaux de Douala permettront in fine aux Etats d’Afrique centrale d’explorer les voies et moyens vers une réforme de la coopération monétaire avec la France. Il s’agira de renforcer l’indépendance de la banque centrale, promouvoir les mécanismes de discipline budgétaire de la Cemac, et consolider la résilience de la zone Cemac aux chocs exogènes engendrés par les prix du pétrole. La Cemac envisage impulser une nouvelle stratégie régionale en faveur d’une sortie de crise des 6 États, le maintien des économies sous-régionales sur la voie du développement durable et inclusif, le rôle des banques dans le financement de l’économie sous-régionale en période de covid-19, l’harmonisation des conditions fiscales et douanières, les réserves de changes, l’avenir du franc CFA, l’accélération de la mise en oeuvre des projets intégrateurs, le parachèvement de la fusion des deux marchés financiers de la sous-région, la revue des programmes économiques et financiers soutenus par le Fonds monétaire international (Fmi), etc.
Secteur privé
Quant à la 14ème session du Comité de pilotage du Pref-Cemac, les ministres en charge de l’économie, des finances et l’intégration sous-régionale, les responsables des institutions de la zone examineront l’état d’avancement et de mise en œuvre des décisions et recommandations des précédentes sessions ordinaires et extraordinaires du Comité de pilotage du Pref-Cemac. La session de Douala organisée sur invitation de Rigobert Roger Andely, le Ministre des finances, du budget et du portefeuille public du Congo, Président du Copil du Pref-Cemac, connaîtra également une présentation du rapport sur l’état d’avancement du Pref-Cemac, puis un point exhaustif sur l’opérationnalisation du marché unifié de la sous-région. Ces deux assises sont en prélude au sommet extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat de la Cemac en cours de préparation par les institutions sous-régionales spécialisées.
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Les experts de la Cemac constatent une contraction d’une ampleur inédite de l’économie de la zone Cemac de l’ordre de -3,1%. Conséquences de la pandémie du Covid-19 et la chute des produits d’exportation. Le pétrole principalement. Le Pref-Cemac se penchera sur l’épineux dossier sur les retards enregistrés sur le versement de la taxe d’intégration,. Tout comme sur l’implication du secteur privé dans les projets intégrateurs, le renforcement de l’intégration physique et commerciale, la diversification des économies, ou la réduction de la pauvreté. Également très attendu, l’examen minutieux de l’état d’avancement des 11 projets intégrateurs du Pref-Cemac après la levée de 3,8 milliards d’euros de fonds destinés au financement de ces chantiers structurants communautaires.
D’importantes résolutions sont attendues de la session extraordinaire de l’UEAC présidée par Alamine Ousmane Mey, le Ministre camerounais de l’économie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat), et Président du Conseil des ministres de l’UEAC.
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