Inertie: l’absence de l’agence de promotion des exportations plombe le commerce extérieur
La Stratégie nationale des exportations adoptée en 2015 et la loi sur le commerce extérieur promulguée en avril 2016 ne produisent pas encore les effets escomptés sur le commerce extérieur du Cameroun. Prévue dans la Charte des investissements de 2002, l’agence de promotion des exportations n’est toujours pas opérationnelle.
C’est le défi de l’heure pour tous les pays, en particulier ceux de la sous-région : exporter plus pour gagner des précieuses devises et limiter les importations à l’essentiel. Objectif : se donner une marge de manœuvre afin de pouvoir investir dans les infrastructures et relancer ou diversifier le secteur productif. Mais il semble bien que le Cameroun soit en train de perdre cette bataille. Du moins, les chiffres présentés le 5 août 2021 par le comité technique national de la balance des paiements montrent que les résultats ne sont pas encore au rendez-vous. 2020, 2019 et 2018 se sont soldées par un déficit du compte courant. Cet agrégat couvre les transactions de la balance des biens, des services, des revenus primaires et secondaires.
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Pourtant, la parade est connue: il faut produire, transformer et exporter plus. Officiellement, le gouvernement s’y attèle; même si les résultats laissent sceptiques. Au cours d’une audience fin juin 2020, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, avait expliqué au directeur Bureau sous-régional Afrique Centrale de la Commission économique pour l’Afrique-CEA, Antonio Pedro, comment capitaliser la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), en vigueur depuis le 1er janvier 2021. Il faut “mettre en place un plan spécial céréales, aquaculture, pisciculture autour de la règle du sacro-saint principe du patriotisme économique; il nous faut créer l’Agence de Promotion des exportations (…) Nous entrons vers un nouveau cycle, on ne peut pas faire une stratégie commerciale si on ne règle pas le problème de l’offre”, avait-il déclaré.
Lettre morte
C’est depuis des années que l’on s’étonne au Mincommerce de la tiédeur que le gouvernement manifeste dans la mise en place de cette agence. Alors sous-directeur des échanges commerciaux au ministère du Commerce, Narcisse Ghislain Olinga avait remis le sujet sur la table lors de la conférence annuelle des responsables du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, en avril 2018. “Il y a nécessité, urgence même, de mettre en place l’Agence de promotion des exportations qui est prévue depuis 2002 dans le cadre de la charte des investissements”, rappelait-il. “Cette agence devrait piloter et coordonner la politique nationale du commerce extérieur avec un déploiement qui serait véritablement tentaculaire. Elle s’occuperait des questions de financement, de dynamisation de notre appareil d’exportation”. La recommandation avait été reprise dans le rapport général de la conférence. Mais à ce jour, toujours rien.
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Outre cette agence, le gouvernement s’est doté d’une stratégie nationale des exportations en 2015, renforcée en avril 2016 par une loi sur le commerce extérieur au Cameroun. Objectifs: pour booster le commerce extérieur. Cette loi régit notamment les importations et les exportations des marchandises; la commercialisation des produits d’importation subventionnés dont les quantités accrues causent ou menacent de causer un dommage grave à la branche de production nationale concernée ; la pratique du dumping. Force est de constater que les résultats sont bien en deçà des attentes.
Les chefs d’entreprises ne cessent d’attirer l’attention du gouvernement sur le fait que la balance commerciale structurellement déficitaire est une menace sur le financement extérieur de l’économie.
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