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Filière tabac : les tabaculteurs s’opposent à la délimitation des zones

Dans une correspondance adressée au ministre de l’Agriculture et du développement rural, un collectif des planteurs estiment que la création des zones d’achat est contre la loi sur la commercialisation des produits de base et va installer le désordre dans la filière à l’Est, susceptible de créer des remous sociaux.

« Dénonciation du désordre que le Minader veut installer dans la filière tabac à l’Est, susceptible de créer des remous sociaux ».Tel est l’objet d’une correspondance adressée au Ministre de l’Agriculture et du développement rural (Minader), au mois de juin 2021 par un collectif des planteurs du tabac du département de la Kadey à l’Est. Le collectif est constitué de 52 signataires issus des secteurs de production de Lala, Kétté, Ngoura, Timangolo, Mbounou et Lolo.

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Dans leur revendication, les planteurs de la Kady, dénoncent le fait « qu’il y a un désordre qui s’installe dans la filière tabac, dont les acteurs principaux s’appuient sur une réunion pratiquement informelle avec certains sociétés commerciales et sans les vrais planteurs organisée par le Ministre de l’Agriculture ». En effet, pendant son séjour au mois de décembre 2020 à Bertoua, le Ministre, Gabriel Mbairobe a rencontré certains acteurs de la filière tabac dans le cadre de ses audiences dans un hôtel de la place. Au terme de ladite rencontre, certaines décisions ont été prises. Il s’agit notamment de la délimitation du périmètre d’action des sociétés autour des centres tabacoles acquis de l’ex SCT dont le périmètre est de 50 kilomètres. Aujourd’hui cette décision est vigoureusement contestée par les planteurs. « Il s’agit là monsieur le Ministre, d’une entorse grave à la loi no95/11 du 25 juillet 1995 en son article (1) qui stipule que la commercialisation des produits de base est ouverte aux entreprises régulièrement constituées et aux organisations créées par les producteurs et aux unités locales de transformation », écrivent les planteurs en évoquant l’alinéa 2 du même article qui interdit « la concession en monopole des zones d’achats ainsi que l’attribution des quêtes réservées à des opérateurs de ces produits ». Aussi l’article 8 (2) de la même loi interdit « les ententes entre les acheteurs ou leur organisation en vue d’imposer un prix aux producteurs ».

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Pour le collectif, à la lecture des articles de cette loi, il est clair que la commercialisation des produits de base au Cameroun est libre. Plus loin, estiment les mandataires de plus de 3500 planteurs de la Kadey, « les centres tabacoles auxquels on se base pour délimiter les zones sont une farce (la plupart étant abandonnés à eux-mêmes) et un mauvais souvenir pour les planteurs ».

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A titre de rappel, lors de la liquidation de la défunte SCT en 1998 qui encadrait les planteurs, la FPTC (Fédération des planteurs de tabac) a transformé les droits sociaux des planteurs et des ouvriers pour acheter ces centres en délivrant les certificats de parts sociales aux planteurs comme actionnaires de la Fédération.Malheureusement, dénoncent les planteurs, depuis 1998, aucun retour sur cet investissement n’a été reversé. Bien plus, au fil des années, la Fédération a collecté les tabacs auprès des planteurs sans payer. « Comment voulez-vous dans ce contexte, monsieur le Ministre, que le planteur qui a été floué par la Fédération, lui remette encore sa production alors que les planteurs ont aujourd’hui, une nouvelle société créée par un fils de planteur qui a financé la campagne agricole 2021 partout dans le département de la Kadey et qui est prête à payer les productions cash auprès des planteurs » ?, s’interrogent les rédacteurs de la lettre. Pour eux, depuis 1998, les choses ont changé. Il y a une nouvelle génération de planteurs qui n’a rien en commun avec les centres tabacoles parce que n’étant pas actionnaire. « Comment voulez-vous que ces planteurs soient obligés de vendre leurs productions à une société qui n’a pas financé la campagne agricole tout simplement parce qu’on a créé des zones »?, peut-on lire. Pour conclure, les planteurs évoquent une curiosité. « Le fait que le ministère de l’Agriculture et du développement rural a arrêté les activités du Projet national d’appui au développement du tabac et des plantes stimulantes (Pnadtps) par décision No 00026 du 17 février 2020 donne l’impression que le Minader s’est retiré de la filière ».

Martin Foula

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