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La Régionale S.A : les leçons d’une cotation en bourse

Le titre « Action Régionale » figure désormais sur le compartiment des actions de la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale (Bvmac). La cérémonie de cotation a eu lieu le vendredi 16 juillet dernier à Douala en présence du ministre camerounais des finances Louis Paul Motaze. Cette introduction en bourse est la toute première depuis la fusion en 2018 des deux bourses sous régionales ; elle porte désormais à 5 le nombre d’entreprises cotées sur le compartiment « actions » de la BVMAC. Pour La Régionale, cette cotation va surtout favoriser la liquidité du capital et permettre de vendre des parts sur le marché boursier. EcoMatin dresse le bilan de cette opération et présente les perspectives pour le marché financier dans le financement des économies de la sous- région.

Le titre « Action Régionale » figure désormais sur le compartiment des actions de la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale(Bvmac). La cérémonie cotation a eu lieu le vendredi 16 juillet dernier à Douala au cours d’une cérémonie très courue à laquelle prenaient part le ministre camerounais des finances Louis Paul Motaze, le Président de la commission de la Cemac Daniel Ona Ondo, le Directeur de Général de la Bvmac Jean Claude Ngwa et Rollins Ombang Ekath, Administrateur directeur général de La Régionale S.A entre autres. Un parterre de personnalités, preuve de l’importance de l’événement. Depuis la fusion des deux places boursières sous régionales en 2018(Bvmac et DSX), c’est bien la première cotation enregistrée sur ce compartiment. Bien plus, La Régionale devient de fait la première structure financière à entrer en bourse ; les quatre autres entités étant jusqu’ici des entreprises agroalimentaires (Safacam, Siat Gabon, Semc et Socapalm).

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Cette cotation fait suite à une opération d’augmentation de capital au moyen d’une offre publique de vente d’actions ayant permis à cette microfinance de 2e catégorie, de lever plus de 2,5 milliards de FCFA pour financer son programme de développement en vue d’un passage en banque. Pour La Régionale, l’introduction en bourse va surtout lui permettre de renforcer sa visibilité tant localement qu’à l’international, diversifier ses sources de financements et surtout valoriser sa notoriété et sa crédibilité auprès des investisseurs, car faut-il le rappeler, la maîtrise de l’information financière sur les débiteurs est un atout stratégique pour la mobilisation des fonds. «La cotation favorise la liquidité du capital et permet de vendre des parts sur le marché boursier ou de faire entrer de nouveaux partenaires au sein de l’entreprise à travers les comptes titres de leurs actions cotées en bourse», a relevé Jean Claude Ngbwa. C’est tout à l’honneur de Charles Rollins Ombang Ekath dont l’objectif est de diversifier autant que faire ce peu l’actionnariat de la future banque.

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Pour la Bvmac, la cotation de La Régionale vient porter à 909 milliards de FCFA la capitalisation boursière des titres, soit environ 1,8% du PIB. C’est largement en dessous des 13% affichés par la Brvm en Afrique de l’Ouest mais, de l’avis des experts pourrait provoquer l’action de la Régionale pourrait provoquer un effet boomerang chez les entreprises du secteur productif en quête de financement. « Sur un plan purement symbolique, ils ouvrent la voie à toutes les entreprises à capitaux indigènes en démontrant que c’est possible. Il y’a certainement des améliorations à faire pour que lorsqu’on fixe un objectif de mobilisation que ce soit atteint, mais ça c’est un autre débat qui n’est pas forcément de la seule responsabilité de la Régionale » explique Eloundou Ngah, expert financier. De même, en misant sur un actionnariat populaire (2530 actionnaires) la régionale ouvre la voie à la dynamisation du compartiment actions, atone, depuis la fusion. « Au-delà de l’audace, il faut surtout un vote pour la transparence. Ce qui doit définitivement inspirer d’autres institutions camerounaises parce que c’est là le plus grand défi. Surtout pour les secteurs d’activités pas aussi réglementés que le secteur financier, notamment dans l’industrie », commente Willy Delort Heubo, Deputy General Manager à Financia Capital.

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Pour encourager les entreprises à entrer en bourse, le Cameroun a prévu quelques avantages fiscaux pour les entreprises qui franchissent le pas. Il s’agit notamment de la réduction de 2,2 % à 1,5% du taux de l’acompte de l’impôt sur le revenu et l’harmonisation à 25% au lieu de 30% du taux d’impôt sur les sociétés. Le Ministre des finances déplore la faible capitalisation des petites et moyennes entreprises qui constituent pourtant plus de 90% des entreprises de la sous-région.

En invitant les entreprises du secteur de l’énergie des télécommunications, du bâtiment et travaux publics, ou de l’industrie pharmaceutique à intégrer la Bvmac. Au 30 juin 2021, la bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale enregistre une capitalisation estimée à 386,4 milliards, un flottant de 33,2 milliards de FCFA, encours de la dette 523,1 milliards de FCFA.

« Nous n’avons jamais eu la naïveté de croire que les banques participeraient à l’opération »

Willy Delort Heubo

Le 6 mai dernier, La régionale d’Epargne et de Crédit clôturait l’opération de vente publique d’actions lancée au mois de mars 2021. Sur les 8,2 milliards qu’elle recherchait, la microfinance n’a pu lever que 2,5 milliards. Vous qui avez été au cœur du processus, est-il fondé de dire que cette opération a été un échec ?

Evidemment si on considère que l’objectif de l’opération portait essentiellement sur la mobilisation de ce montant, la conclusion est sans appel. Cependant, les défis de cette opération étaient de plusieurs ordres : cibler une large base de personnes physiques ; susciter auprès du grand public, la curiosité, puis l’intérêt, pour une opération de bourse ; innover le processus de souscription à travers une digitalisation complète de l’opération, et du processus de souscription, mobiliser à travers le marché un montant devant permettre à l’émetteur de réussir son projet, celui de sa transformation institutionnelle en banque universelle. Vous noterez que si on considère cette perspective plus large, on est davantage dans un franc succès avec la participation de près de 2400 souscripteurs répartis sur une dizaine de pays, pour un montant collecté de 2,5 milliards. En effet il faut le savoir, si La Régionale recherchait 8 milliards FCFA, elle avait surtout besoin de 2 milliards pour procéder à l’augmentation de capital qui doit lui permettre sa mutation institutionnelle. Le supplément visait à financer un plan triennal de développement.

Certains experts estiment que le prix de l’action à la régionale a été surévaluée. Si elle était un peu moins, elle aurait permis une plus forte souscription. Partagez-vous cet avis ?

Je ne pense pas que le prix de l’action ait été une barrière, puisque si vous faites le ratio montant collecté sur le nombre de souscripteurs, vous verrez que la moyenne c’est près d’un million FCFA de ticket par souscripteur, soit plus de 4 fois le minimum de souscription dans le cadre de cette opération. Le centre d’appel de l’opération a davantage remonté des plaintes de délais. Beaucoup souhaitait disposer de plus de temps.

Sur les 2 400 souscripteurs enregistrés au terme de l’opération, 2253 viennent du Cameroun, 92 du Gabon, 35 du Tchad, 9 du Congo, 1 de la RCA… Qu’est ce qui justifie un tel désintérêt des pays voisins vis-à-vis de ce type d’opération ?

Il est vrai que nous n’avions plus la facilité de dérouler le roadshow initialement prévu dans la sous-région, pour cause des restrictions adoptées par les pays pour contenir la progression de la pandémie. Par ailleurs, deux des pays de la sous-région faisaient face à des tensions pré et post-électorales. Nous avons donc renoncé au roadshow sous-régionale. D’autres part, il était prévisible que le Cameroun et le Gabon, pays où La Régionale est implantée allaient naturellement cumuler l’essentiel des souscriptions.

Sur la nature des souscripteurs, certains acteurs du marché estiment que le fait que Financia Capital ne soit pas adossé à une banque(qui sont les plus gros investisseurs), cela n’a pas garanti une plus forte souscription des personnes morales. Que répondez-vous ?

Je n’ai peut-être pas précisé tout à l’heure quand je parlais des institutionnels qui souhaitaient avoir plus de temps pour l’examen de l’opération, je faisais référence aux institutions non bancaires. Nous n’avons jamais eu la naïveté de croire que les banques participeraient à l’opération, et favoriser la venue d’un nouveau concurrent. Elles ont d’ailleurs pour la plupart proscrit l’opération à leur personnel, en invoquant un conflit d’intérêt. Vous remarquerez que nous n’avons impliqué aucune banque dans le syndicat de placement.

Quelles leçons faut-il tirer de l’opération, pour la Régionale, Financia Capital et le Marché financier ?

Il y’a tellement de leçons qu’une opération comme celle-là vous enseigne, même si vous êtes expérimenté. Celle qu’il me plaira peut-être de partager et que le rapport technique de l’opération ne mentionne pas est que malgré le contexte économique particulièrement difficile, des milliers d’hommes et de femmes continuent de faire des sacrifices inimaginables, essentiellement pour leurs enfants. Naturellement nous avons reçu des milliers d’appels, et on a dû endosser de nombreux rôles pour écouter, rassurer, conseiller le plus sincèrement possible.

Le nombre de personnes ayant souscrit dans l’espoir que leurs enfants en tire plus tard les bénéfices est simplement impressionnant. Pour certains, l’idée pour eux que leurs enfants soient actionnaires dans une banque leur donne l’impression qu’ils ont pris une revange sur la vie. Ce n’est pas qu’une opération économique pour eux, c’est plus que ça.

La cotation en bourse des titres de la Régionale, va-t-elle dans une certaine mesure redynamiser le compartiment des actions de la bourse, atone depuis plusieurs années ?

J’en suis convaincu, du fait de la structure des souscripteurs flottants particulièrement constituée d’une multitude de personnes physiques. Par ailleurs les grands rendez-vous qui attendent la Régionale, notamment la grande phase de digitalisation de ses services, le passage très attendu à la banque universelle, son extension géographique dans la sous-région seront autant de moments palpitants qui se feront probablement ressentir sur son cours à la bourse.

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