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Transport urbain : les mototaxis dictent leur loi dans la région de l’Est

Malgré l’importance économique et sociale de cette activité qui occupe plus de 10.000 jeunes dans la région, la quasi-totalité des conducteurs de motos fonctionnent en marge du décret du Premier ministre de 2008 qui définit les modalités de cette activité. Conséquence, ce secteur est caractérisé par la recrudescence des actes de criminalité, d’amateurisme et les accidents mortels chaque année. Les campagnes de répression menées jusqu’ici par les municipalités, les autorités administratives et les forces de maintien de l’ordre en collaboration avec les syndicats n’ont pas changé la donne. Pour alléger les souffrances de ses populations, la mairie de ville de Bertoua a signé en 2020, un partenariat avec une agence de transport pour faciliter la mobilité urbaine à moindre coût.

Vendredi 09 juillet 2021, l’on pouvait apercevoir près de 1500 badges d’identification des conducteurs de mototaxis de la ville de Bertoua, abandonnés au bureau du syndicat national des conducteurs professionnels urbain du Cameroun (Synacopucam), partenaire de l’Association des taximen-motos de Bertoua (Astamob). Ces deux structures travaillent en synergie depuis plusieurs années pour assainir le secteur de transport par mototaxis dans la région de l’Est. «Les propriétés de ces badges, délivrées par la commune de Bertoua 1ère ne sont jamais passés les chercher depuis 2019. Pourtant, pour exercer cette activité dans la ville, il faut être identifiable par une chasuble et un badge codifié. Ce qui permet aux usagers d’identifier le conducteur qui les transportent », explique un membre d’Astamob, qui déplore le fait que « ces milliers de motos-taximen exercent dans la ville sans aucune identification ».

En zone urbaine et périurbaine, le transport par mototaxis est incontournable dans la région de l’Est. Plus de 90% de la population utilise ces engins à deux roues pour leurs déplacements. Selon les chiffres actualisés des syndicats de ce secteur d’activité, environ 8000 mototaxis sont en activité dans la seule ville de Bertoua, la capitale régionale, sans compter le nombre de motos qui circulent chaque jour dans les arrondissements. D’où l’importance de cette activité en termes d’emploi, surtout des jeunes, et pour la mobilité des populations. Elle l’est aussi  pour les collectivités territoriales décentralisées, et même au budget de l’Etat, puisque les stations services, les magasins de vente de motos et des pièces de rechanges sont sous le régime de la patente qui constitue une recette pour le Trésor public. Malheureusement, cette activité se déroule en toute illégalité. Le décret du Premier ministre de 2008 fixant les modalités d’exercice de cette profession est classé au calendre grec. « Le désordre qui règne dans ce secteur a atteint le sommet. On retrouve sur les motos des individus arborant des chasubles, mais qui ne disposent ni carte nationale d’identité, ni dossier de la moto, encore moins un permis de conduire de catégorie A » regrette un syndicaliste. Pire encore, ce secteur est envahi par les réfugiés centrafricains et des personnes à la moralité douteuse qui parfois ne maîtrisent pas la carte de la ville où ils exercent.

Pour mettre fin à ce désordre, certaines autorités administratives de la région ont essayé il y a quelques années, des initiatives visant à assainir ce secteur. « Suite à la montée en puissance de la criminalité à Bertoua et à Mandjou, le gouverneur de l’Est à l’honneur d’informer  les populations des localités concernées que la circulation des mototaxis est désormais interdite dans ces agglomérations de minuit à six heures de matin », avait décidé Grégoire Mvongo le gouverneur de l’Est, dans un communiqué radio le 30 juillet 2019. Bien avant, au cours d’une réunion avec les conducteurs de mototaxis relative à la grève du 19 juillet de la même année, le gouverneur avait également  insisté sur la création d’un comité de vigilance des conducteurs de mototaxis dans la ville de Bertoua et ses environs. Yves Bertrand Awoumfac préfet du département du Lom-et-Djerem à l’époque avait alors convoqué, le délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Bertoua, les sous-préfets des arrondissements de Bertoua 1er, Bertoua 2ème et Mandjou, les maires de ces localités, les forces de maintien de l’ordre, les syndicats et Associations de mototaxis de la ville pour une réunion de sensibilisation et d’information en prélude à une vaste campagne d’assainissement. Il était question de rappeler aux acteurs, les conditions à remplir pour exercer l’activité de transport par mototaxi. « Tout conducteur de moto doit avoir des pièces personnelles exigibles que sont : la carte nationale d’identité et le permis de conduire, les pièces de la moto que sont la carte grise, l’assurance, l’impôt libératoire et la plaque Cemac », avait indiqué le délégué départemental des Transports. A cette occasion, les autorités avaient pris l’engagement de faciliter l’obtention de toutes ces pièces à ceux qui remplissaient les conditions sans aucun intérêt, afin de mettre de l’ordre dans le secteur. Cette énième réunion avait débouchée aux contrôles répressifs pour contraindre les propriétaires et les conducteurs à se conformer à la réglementation.

Insécurité

La conséquence de cette anarchie dans le secteur de mototaxi à l’Est c’est la montée en puissance des actes de criminalité (agressions, braquages et vol à main armée) mais surtout, les accidents mortels sur la voie publique. A ce sujet, les statistiques relatives aux cas des accidents mortels dans la région sont effrayantes. « En 2018 et selon des chiffres qui nous ont été communiqué par la délégation régionale de la santé publique de l’Est, plus de 4500 cas d’accidents ont été enregistrés. Au mois de janvier 2019, 09 morts ont été recensés suite aux accidents de la voie publique et plus de 701 cas accidents », indique le président régional du syndicat national des conducteurs professionnels urbains du Cameroun  et président régional de l’Association des taxis motos de Bertoua.

Martin Foula

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