Programmation budgétaire : ambitions à la baisse pour le gouvernement en 2022
Mise en œuvre de la politique d’import-substitution, accès à la commande publique, promotion des champions nationaux, financement de la couverture santé universelle, décentralisation, etc. les objectifs du gouvernement semblent bien en deçà des objectifs de la SND30.
Transformation structurelle de l’économie, opérationnalisation de la politique d’import substitution; L’année 2021 devrait être marquée d’une pierre blanche dans l’histoire de la politique économique du Cameroun. Mais au fur et à mesure que les jours passent la crainte que la montagne accouche d’une souris se fait plus prégnante. Face aux députés dans le cadre du débat d’orientation budgétaire (DOB), le 6 juillet 2021, le ministre des Finances a dévoilé les grandes lignes de la programmation économique et budgétaire à moyen terme du gouvernement. C’est sur la base de ce document que le DOB s’est tenu et les recommandations qui en découlent constituent de fait les lignes directrices du projet de budget 2022. Import-substitution, accès à la commande publique, promotion des champions nationaux, financement de la couverture santé universelle, financement de la décentralisation, etc. Le moins que l’on puisse dire est que le gouvernement semble bien peu ambitieux tout à coup par rapport aux objectifs de la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30).
En effet, s’agissant des déterminants sur lesquels le gouvernement repose la politique de l’import substitution, le ministre des Finances fait savoir à la Représentation nationale que les contrôles sont intensifiés au niveau de la douane qui effectue parfois des sondages. Le représentant du gouvernement est moins disert sur la stratégie pour ancrer au sein de la population la préférence nationale en matière de consommation des biens et produits locaux. Bien plus, le flou reste total quant à la publication des modalités d’accès aux ressources y afférentes. De même que la nécessité de lutter contre les barrières à l’entrée de certains secteurs, notamment celui du commerce du poisson. Dans la loi de finances initiale de 2021, une dotation de 50 milliards de FCFA a été constituée pour l’amorce de la mise en œuvre de la politique d’import substitution annoncée. Mais l’ordonnance rectificative du 7 juin a ramené ce montant à 30 milliards C’est la même enveloppe qui sera inscrite au budget 2022.
Progressivement
Autre engagement dont la mise en œuvre risque de faire déchanter plus d’un, c’est le schéma de développement de la commande publique et son impulsion au niveau de l’administration publique. Le représentant d u g o u v e r n e m e n t a révélé aux députés que “60% de la commande publique devant bénéficier aux entreprises locales constitue une orientation du gouvernement mise en œuvre progressivement”. Sur les critères de choix et les secteurs clés pour la promotion des champions nationaux et leur soutien, le gouvernement explique qu’il s’agit de favoriser l’émergence de certaines filières stratégiques. Sous ce rapport, les critères de choix portent sur la rentabilité de l’entreprise, sa capacité à transformer les matières premières, sa présence sur les marchés sous régionaux et internationaux ou avoir cette ambition.
Par ailleurs, il faut que l’entreprise soit à capitaux majoritairement camerounais. Il semble bien difficile de trouver une entreprise au Cameroun qui corresponde à ces critères. Sur le modèle de financement de la Couverture santé universelle (CSU), le ministre des Finances explique que des études sont actuellement en cours afin de déterminer la meilleure formule de prélèvement en la matière. Par ailleurs, le recensement de la population éligible n’est pas encore effectué. Le mois de juin 2021 annoncé pour le lancement de la CSU est passé sous silence comme si de rien n’était. D’ailleurs, le ministre a tenu à préciser que “c’est un processus pas très aisé qui sera implémenté de façon graduelle”.
Enfin, le gouvernement réitère sa volonté de mettre à dispositions des collectivités territoriales décentralisées, 15% des ressources de l’Etat et de renforcer la décentralisation par le transfert effectif des compétences et des moyens. Mais la mise à disposition préalable d’une ressource humaine de qualité au sein des CTD ne serait-elle pas le meilleur gage d’une accélération pertinente du transfert des compétences et des ressources financières. La mise en œuvre du Code générale des CTD est encore plombée par une vingtaine de textes d’application toujours attendus.