Douanes : les transporteurs saisissent la Présidence contre la corruption et l’indisponibilité du Gps
Les opérateurs économiques de ce secteur regroupant des camerounais, tchadiens, congolais, gabonais, équato-guinéens, centrafricains ou libanais ont adressé le 2 juillet 2021 une correspondance de dénonciation d'acte de «corruption et arnaque autour de l'usage du Gps par la douane et la société Nexus au Port de Douala ».
D’après des statistiques du Bureau de gestion du fret terrestre (Bgft), organisme de répartition du fret terrestre camerounais, entre 2000 et 2018, 9,4 millions de tonnes de marchandises ont été transportés entre le Cameroun et le Tchad, pour 374.341 mouvements de véhicules, 8,5 tonnes millions de de marchandises entre le Cameroun et la RCA correspondant à 324.696 mouvements de camions, 155,9 millions de tonnes de cargaisons échangées entre le Cameroun et le Gabon, pour 20.599 mouvements de véhicules, 5,2 millions de tonnes transportés entre le Cameroun et le Congo (222.941 mouvements de véhicules), et 6237 mouvements de véhicules pour le corridor Cameroun-Guinée Équatoriale avec 98,4 millions de tonnes transportés sous la période visée. D’après les usagers de ces différents corridors entre le Cameroun et les pays de l’hinterland de la sous-région Afrique centrale (transporteurs, bailleurs de fret, propriétaires de camions etc.), ces chiffres auraient pu être améliorés si la balise de géolocalisation Gps délivré par les douanes camerounaises à travers Nexus. Les acteurs nationaux et internationaux de cette activité affichent leur ras-le-bol sur les dysfonctionnements récurrents observés dans la gestion de la balise Gps.
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A cet effet, une correspondance a été adressée au Ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République, par des syndicats de transporteurs OS Civile Droits de l’Homme, une association de défense des droits et libertés. Correspondance signée par Alhadji Mey Ali, le président de cette organisation. «OS Civile Droits de l’Homme est très préoccupée de la situation de nature à compromettre un Etat de droit au Port autonome de Douala. En effet, il s’agit des manœuvres de corruption autour de l’usage du Gps qui est un instrument mis sur pied pour contrôler les mouvements des camions et leurs cargaisons tout au long du trajet effectué afin d’éviter tout transbordement durant leurs voyages. En principe cet instrument devait être profitable aux propriétaires des camions et les marchandises appartenant à leurs clients et surtout au gouvernement» mentionne la correspondance de ce 2 juillet 2021.
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Les transporteurs du Cameroun, du Tchad et de la République centrafricaine protestent en effet contre l’indisponibilité de cet outil technologique institué par les douanes camerounaises depuis 2016, ainsi que les difficultés sur son obtention: «les balises sont conçues expressément en nombre très insuffisant. Ce qui fait qu’il faut attendre les balises installées sur des camions qui arrivent à la frontière (Tchad, Congo, Gabon, Guinée Équatoriale ou Centrafrique), et c’est au retour à Douala qu’elles sont installées sur d’autres camions en attente. Ce dispositif douanier de géolocalisation porte d’énormes préjudices aux transporteurs, aux commerçants et aux sociétés », s’indignent les transporteurs victimes. Par ailleurs, lorsque le Gps sollicité est enfin disponible, «il faut corrompre le service le service concerné entre 50.000 ou 100.000 FCFA pour faire voyager rapidement ton camion», indique la correspondance adressée à Ferdinand Ngoh Ngoh. Sachant que le tarif officiel pour obtenir la pose d’un outil de géolocalisation Nexus est de 35.000 FCFA. Malgré plusieurs correspondances adressées préalablement aux ministères du commerce, des transports, du travail et de la sécurité sociale, «aucune solution n’a été trouvée, dans le but d’aplanir ces difficultés», ajoute le président de OS Civile Droits de l’Homme. D’où la saisine ce 2 juillet 2021, du Ministre d’État, Secrétaire général de la Présidence de la République, ampliée aux Ministères des finances, des transports, du commerce, la Conac, la Cndhl, Douanes camerounaises, et au Chef secteur des douanes Littoral 3.
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