Aménagement urbain : les populations riveraines à l’aéroport de Douala déguerpies
Considérée comme zone de sûreté, ce périmètre occupé par plus 5000 personnes a été rasé par des engins lourds le 26 juin 2021.
C’est le 24 juin que les occupants des quartiers à proximité de l’aéroport international de Douala ont été sommés pour l’ultime fois par les autorités de la ville de Douala. Après avoir été déguerpis en avril 2018, puis en janvier 2021, les habitants de cette zone jouxtant la plateforme aéroportuaire de Douala ont de nouveau été délogés. L’opération coup de poing lancée par les autorités administratives de la ville de Douala s’est effectuée très tôt le 26 juin 2021. Les pelleteuses et autres engins lourds ont systématiquement démoli maisons, commerces, ateliers, champs etc. Le quartier Newton aéroport abritant plus de 5000 personnes aura payé le plus lourd tribut de ce déguerpissement. «Ce terrain appartient à la Communauté Bonaloka. Les documents existent. Le président de la République a installé les victimes de la catastrophe du Lac sur ces parcelles», apprendra-t-on d’une victime dont le domicile en matériaux provisoires a été détruit. Les autorités administratives se défendent pourtant. Hector Eto’o Fame, le 1er adjoint au Préfet du Wouri soutient pour sa part que «la zone déguerpie appartient bel et bien au domaine aéroportuaire».
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Malgré des échauffourées qui ont succédé à cette opération de casse massive, les autorités administratives et aéroportuaires se sont affirmées par leur fermeté à libérer la zone. Le 6 avril 2018, sous la menace d’une sanction de l’Oaci (Organisation de l’aviation civile internationale), le préfet du Wouri avait ordonné une grande opération de destruction de meubles et immeubles dans les quartiers Bois des singes, Youpwe et Bafia. Effectuée conjointement entre la Communauté urbaine de Douala, les Aéroports du Cameroun (ADC) et l’Autorité aéronautique, elle visait à «libérer la zone de sûreté aéroportuaire occupée par les populations et certains opérateurs économiques», expliquait Bertrand Mache, Préfet du Wouri au moment des faits. Les autorités camerounaises redoutaient un rapport négatif de l’Oaci après un audit réalisé à l’aéroport international de Douala.
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En plus de l’occupation de l’espace aéroportuaire, l’aéroport international de Douala croulait sous de nombreux dysfonctionnements égrenés en mars 2018, dans une correspondance de 15 compagnies aériennes regroupées au sein de l’Association des compagnies aériennes de Douala, adressée aux ADC: maintenance approximative de l’infrastructure aéroportuaire, insalubrité des bâtiments, peintures défraîchies, murs décrépits, toilettes infréquentables, faux plafonds sales ou manquants, travaux d’aménagement abandonnés, huisseries fatiguées, branchements électriques ou informatiques incohérents aux circuits, forêt inextricable de câbles extérieurs pendant le long des façades, climatisations absentes ou insuffisantes, matériel informatique et banques d’enregistrement sales et mal entretenus, éclairages défaillants, dégradation avancée des aires de service, galerie bagages, zones de stockage des conteneurs, voies de circulation du matériel sol, revêtements dégradés, nids de poule etc. Depuis 2015, les ADC ont un programme de réhabilitation de l’aéroport international de Douala (Prad) afin de pallier à ces insuffisances. L’opération de déguerpissement de ce 26 juin intervient au lendemain d’une panne du système de balisage lumineux de piste et des aides à la navigation.
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