Bilan 2020: la Bicec affiche une perte de 5 milliards mais reste solide
La filiale camerounaise du banquier marocain a souffert du règlement de ses charges exceptionnelles sur les exercices antérieurs à hauteur de 6,2 milliards de FCFA, ainsi que de la pandémie du coronavirus qui a fortement dégradé la qualité de son portefeuille de crédit. Malgré ce résultat net négatif, la banque en règle avec les ratios prudentiels.
Les dépenses exceptionnelles ont coûté très cher à la Banque internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit (Bicec) en 2020. Malgré un résultat brut d’exploitation positif de 15 milliards de FCFA réalisé en 2020, la filiale locale du marocain Banque centrale populaire(BCP) termine l’année avec un volume de charges exceptionnelles épongées de 6,2 milliards de FCFA. Il s’agit des dépenses qui ne sont pas liées à l’activité courante de l’entreprise. Si les responsables de la banque n’ont pas voulu se prononcer sur la nature de ces dépenses, une source en interne laisse entendre qu’il s’agit, pour l’essentiel, des charges des années antérieures encore non soldées. S’y retrouvent, les pénalités prononcées par l’administration fiscale, des condamnations judiciaires, des indemnités dues à des tiers… Quoiqu’il en soit, l’acquittement de ce passif n’a pas été sans conséquences sur ses résultats. Selon les données de la banque consultées par EcoMatin, la Bicec affiche au cours de l’année 2020, un résultat net négatif de 5,255 milliards de FCFA. Le produit net bancaire, équivalent du chiffre d’affaires, s’est établi à 46 milliards de FCFA, contre 90 milliards 1 an plus tôt. Néanmoins, la banque reste solide avec des fonds propres de 45 milliards et un respect scrupuleux des normes prudentielles.
Extrême prudence
Partout à travers le monde, la pandémie du covid-19 a augmenté le risque de crédit dans le secteur bancaire. Une onde de choc qui n’a pas épargné la Bicec, qui était pourtant en 2019, la première banque au Cameroun en matière d’octroi de crédits (34,32% du total des concours bancaires consentis). Avec la pandémie, la banque s’est montrée particulièrement frileuse vis-à-vis des agents économiques en réduisant de manière considérable son volume de crédits à l’économie. Celui-ci est passé de 1 578,53 milliards en 2019 à 568 milliards en 2020, soit une baisse de plus de 1000 milliards. Malgré cette extrême prudence, l’établissement de crédit a connu une forte augmentation de son portefeuille de créances en souffrance au cours de cette période. Selon les données du marché bancaire compilées par Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), la filiale du marocain BCP, est celle dont l’encours des créances en souffrance est le plus important au Cameroun soit 184,3 milliards FCFA au 31 décembre 2020. Avec des provisions nettes sur les comptes de la clientèle de 32 milliards de FCFA, la Bicec n’a pu recouvrer que 13 milliards de FCFA. Les dépôts à la clientèle se sont établis à 602,6milliards de FCFA et les fonds propres à 45 milliards.
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Aux mains de BCP depuis 2019, la Bicec s’est engagée depuis lors dans de profondes réformes : arrimage aux filières d’expertise du groupe, accélération et partage de bonnes pratiques, structuration de la feuille de route stratégique de la banque, nouveaux produits monétiques et digitaux, parcours clients optimisés, qualité de service aux standards internationaux etc… L’une des réformes majeures apportées au sein de la Bicec reste incontestablement la hausse du capital social passé de 12 milliards à 49 milliards de FCFA au terme d’une opération de souscription bouclée en mars 2020.
Et pour implémenter cette touche de changement, le banquier marocain Outman Roqdi a récemment été nommé au poste de directeur général de l’établissement de crédit. Rappelons que la Bicec est constitué d’un réseau de 37 agences à travers le Cameroun. La banque dispose de 380.000 clients et près de 800 employés. 3ème banque du Cameroun, en matière de total bilan, elle est détenue à 68,47% par la BCP, 17,5% par l’Etat du Cameroun, 7,5% par des privés camerounais, 5% par le personnel de la banque et 1,5% par l’Institut central des banques populaires italiennes (ICBPI).
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