Opération épervier : pourquoi Mebe Ngo’o accuse l’Anif
L’ancien ministre de la Défense a, dans sa déclaration liminaire, au cours de son passage le mardi 25 mai 2021 devant la Tcs, rejeté les accusations formulées contre lui, en accusant l’Agence nationale d’investigation financière d’avoir tronqué le rapport qui a motivé sa mise aux arrêts.
« Accusé, levez-vous ! » En ces termes trivialement prononcés dans les tribunaux, la parole est enfin donnée à l’ancien ministre de la Défense, Edgar Alain Mebe Ngo’o, le 25 mai 2021 devant les juges du Tribunal criminel spécial (Tcs), pour faire sa déclaration liminaire avant d’entrer dans les profondeurs du débat. Pas moins d’une dizaine d’infractions sont retenues contre lui, du temps où il exerçait comme ministre de la Défense, entre 2009 et 2015.
L’ex chef du maroquin du Transports, placé en détention provisoire à la Prison centrale de Yaoundé depuis le 8 mars 2019, se lance alors dans une logorrhée, de laquelle il rejette les accusations portées contre lui et son épouse Bernadette, elle aussi incarcérée dans les geôles de Kondengui. Par ailleurs, Alain Mebe Ngo’o accuse l’Agence nationale d’investigation financière (Anif), d’avoir délivré aux autorités judiciaires un mauvais rapport pour enclencher ses démêlées avec la justice.
« Nous avons été mis en détention sur la base d’une correspondance tronquée et mensongère de l’Anif, l’Agence Nationale des investigations financières, le service de renseignement financier. Ayant fait foi en nos institutions, nous éprouvons un sentiment d’insécurité judiciaire doublé d’acharnement, traité avec beaucoup d’inhumanité », a déclaré l’ancien Délégué général à la Sureté nationale, dans des propos relayés par l’hebdomadaire « Kalara », paru le mercredi 26 mai 2021.
Alain Mebe Ngo’o a à l’occasion, dénoncé plusieurs entorses à la procédure judiciaire ayant conduit à son arrestation, notamment ce qu’il considère comme son assignation à résidence, surveillé par 70 éléments des forces de sécurité lourdement armés. « Le dispositif de sécurité a été installé dans tout le périmètre du domicile. Ce que je veux mettre en exergue, c’est l’atteinte inadmissible au sacro-saint principe de la présomption d’innocence », asserte-t-il, en renchérissant que « avant le début de l’enquête préliminaire, nous étions déjà condamnés ».
L’ancien Mindef a cependant laissé entendre face aux accusations du ministère public que du temps de son magistère à la tête de ce ministère, il était astreint au secret-défense, et que cette posture l’avait quelque peu déformé. Il a clairement laissé entendre qu’il ne répondrait pas à certaines préoccupations des juges dans le cadre de cette affaire qui l’oppose à l’Etat du Cameroun. « Ce secret défense concerne les informations, les renseignements, procédés à caractère militaire, d’origine gouvernementale ou diplomatique dont la divulgation auprès des personnes non autorisées peut nuire, hypothéquer et remettre en cause la défense nationale. Naturellement, je ne suis plus ministre délégué à la présidence en charge de la Défense, mais je demeure astreint à l’observation de cette obligation », a déclaré Mebe Ngo’o.
Peu avant sa déclaration préliminaire le 25 mai dernier, le ministère public avait présenté au tribunal le 10 mai 2021 l’immense patrimoine du couple Mebe Ngo’o. Celui-ci était composé de 53 immeubles, 39 véhicules et engins lourds, 24 comptes bancaires ouverts en France, 3 coffres forts en devises entre autres.