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Scandale immobilier: ces privilégiés de l’Etat

Tel qui passe des mois dans une suite de l’hôtel le plus cher de la capitale, tel autre qui refait sa résidence de fonction à coups de milliards ; le gouvernement dépense sans compter pour donner un logis à ceux qui tiennent les manettes du pouvoir. Ceci, alors que les institutions dont ces personnalités ont la charge n’ont pas souvent de bureaux.

Villa, duplex, impossible de le savoir pour le moment. Mais une chose est certaine, dans huit mois c’est-à-dire au plus tard en juillet 2019, le président du Conseil Constitutionnel, Clément Atangana, aura le bonheur de dormir du sommeil du juste dans une résidence fraîchement sortie de terre. Le logement de fonction en question sera bâtit à Bastos, l’un des quartiers les plus huppés de la ville de Yaoundé. Selon l’Appel d’offres national ouvert lancé par le ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires Foncières (Mindcaf), le coût prévisionnel de l’ouvrage est de 272 659 992 FCFA.

Cet appel d’offres suscite depuis sa publication dans la presse, le 23 octobre, une vive polémique dans les médias et fait le buzz dans les réseaux sociaux. Certaines personnes ont vite fait le lien entre l’annonce du projet et la proclamation des résultats de la présidentielle, un jour plus tôt, y voyant une sorte de « récompense » du président Paul Biya à Clément Atangana, eu égard au coût jugé élevé de cette résidence. D’autres, s’étonnent que l’Etat délie ainsi les cordons de la bourse pour loger à grands frais le premier responsable d’une institution dont les membres manquent encore de bureaux.

Ce n’est pas la première polémique du genre, en relation avec les dépenses consenties par l’Etat pour loger les personnalités. En décembre 2017, des informations révélées par le « National Weekly The Post » et l’hebdomadaire « Repères » sur le coût des travaux de réfection de la résidence de fonction du président du Senat, Marcel Niat Njifenji, ont provoqué un tollé au sein de l’opinion. Fin 2017 en effet, le président du Sénat a enfin aménagé dans sa résidence officielle de fonction, sise au quartier du Lac, non loin de l’Enam. Des lieux autrefois occupé par le général Pierre Sémengué, alors chef d’état-major des armées. Les travaux de réhabilitation de cet édifice imposant qui abrite aussi le cabinet du président de la Chambre haute du Parlement et l’ameublement auront coûté près de deux milliards de FCFA.

Autre polémique du genre, c’est le cas de l’ancien ministre des Finances, Essimi Menye, qui a passé quelque huit mois dans une suite au Hilton Hôtel de Yaoundé payé par le contribuable camerounais…

Depuis son élection en tant que sénateur en 2013, le président du Sénat continuait d’occuper sa maison personnelle, sise à la descente Vallée-Nlongkak à Yaoundé. D’après son entourage, il s’y sentait très à l’étroit. Si bien que, sauf impératifs professionnels, dès vendredi il s’empressait de rejoindre son vaste domaine de Bangangté, où il est tout à son aise.

Autre polémique du genre, c’est le cas de l’ancien ministre des Finances, Essimi Menye, qui a passé quelque huit mois dans une suite au Hilton Hôtel de Yaoundé payé par le contribuable camerounais…

Selon certains analystes, le logement est parfois considéré comme un bien tutélaire, c’est-à-dire un bien, comme la santé ou la culture, que les individus ne consommeraient naturellement pas en quantité suffisante, et ce à l’encontre de leur intérêt propre, ce qui justifierait un rôle paternaliste de l’État dans ce domaine. Bien plus, plusieurs  études  tendent à montrer que la qualité du logement a un impact certain sur la santé et les performances professionnelles ou scolaires. Comme quoi en dépensant sans compter pour loger les plus hautes personnalités de la République, l’Etat espère nettement améliorer leurs rendement.

Quand l’Etat devient locataire

La direction générale des Douanes au quartier Bastos à Yaoundé ; les services du ministère du Cadastre, des Domaines et des Affaires Foncières (Mindcaf) au quartier Elig-Essono à Yaoundé ; les services du ministère de l’Eau et de l’Énergie (Minee) au quartier Mvog-Ada, etc. Toutes ces administrations ont en commun d’être en situation de location. C’est à se demander si l’État est incapable de se loger. Selon des sources proches du ministère du Cadastre, des Domaines et des Affaires Foncières (Mindcaf), l’Etat occuperait actuellement plus 2000 locations administratives, qui lui coûteraient environ quelque deux milliard FCFA annuel en termes de loyer.

Evolution des dépenses de l’Etat (en milliards de FCFA)

  2012 2013 2016 2017 2018
Budget de l’Etat 2800 3236 4234,7 4373,8 4513
Dépenses de personnel 735 802,5 955,2 998,5 nd
Achats de biens et services 577,2 665 667 693,7 nd
Transferts et subventions 408,0 497,5 359 367,2 nd
Total dépenses en capital 792,2 957 1525,8 1586,9 1291,2
(dont) – Participations 45 45 25 20 27
– Réhabilitation / restructuration 15 20 30 15 10
– Interventions en investissement 146 134 162,3 232,28
– Opérations de développement 725,45 786,47 1336,8 1389,6 1021,92
(dont financement extérieur) 281 525 625 596

Pour le citoyen Lamda cette situation s’apparente à un «gaspillage» car cet argent que l’État verse à des bailleurs pourrait bien servir à résoudre un bon nombre de problèmes. Rose Ndjock, étudiante en médecine, ne comprend pas que l’État est le « premier propriétaire terrien de la Nation », peine aussi à loger ses services « comme s’il s’agissait d’une personne ordinaire. » quoique générale, la situation n’en est pas moins paradoxale, selon Perin Otho, responsable commercial. «Beaucoup de services publics sont en location, pas seulement ici à Yaoundé, mais également dans les autres villes du pays. Le contraste est que l’État dispose de nombreux bâtiments inexploités. Je pense que l’État ferait mieux de recenser ses différents bâtiments inexploités qui sont pour la plupart en état de décrépitude très avancée et voir comment les réhabiliter afin de les utiliser

En effet, l’Etat dispose d’un important patrimoine immobilier constitué de 34 423 propriétés administratives inventoriées sur toute l’étendue du territoire ainsi que 68 propriétés administratives, 22 locations privées et 13 terrains non bâtis. Cet inventaire du patrimoine immobilier bâti de l’Etat n’englobe pas les propriétés à l’étranger, ni les propriétés de souveraineté que sont les palais présidentiels, les Services du Premier ministre, l’Assemblée nationale ou les ministères. Sont également exclus les bâtiments en ruine ou les chantiers inachevés. Selon les services compétents du Mindcaf, le parc immobilier est estimé à près de 6000 milliards de FCFA. Les trois quarts de ces propriétés seraient occupés par les services publics, le reste servant de logement des agents publics dont 5% au moins sont irrégulièrement occupés, indique-t-on du côté du Mindcaf.

L’état des lieux réalisé en 2012 a mis en lumière «une dégradation accentuée de ces édifices». Plus de 70% du parc immobilier nécessitait alors «une intervention urgente», selon le Mindcaf. Les pouvoirs publics pointent ainsi l’inadéquation entre l’offre et la demande, des défis sécuritaires importants nécessitant une remise urgente en l’état dudit patrimoine immobilier.

En termes d’actions correctives, le Mindcaf a préconisé la surveillance dudit parc immobilier à travers système de géolocalisation (GPS) ainsi que la rentabilisation de ces propriétés. L’opération d’estampillage et de réhabilitation, initiée depuis 2013 pour sécuriser les immeubles et autres locations acquis par l’Etat, a permis la réhabilitation complète de 44 édifices publics et logements administratifs ainsi qu’à l’estampillage de 18 036 propriétés.

Réduction du train de vie de l’Etat : les prescriptions du président de la République

Dépenses de personnel :

– «Comptage physique » des personnels de l’Etat pour les actifs et ayant-droits pour les pensionnés ;
– Révision des textes disciplinaires de la fonction publique ;
– Optimisation des recrutements dans la fonction publique ;
– Rationalisation des dépenses liées au fonctionnement des Comités et Commissions ;
– Vérification des actes juridiques qui donnent droit et l’évaluation rigoureuse de la demande des primes avant toute budgétisation des autres dépenses de personnel.

Achats des biens et services :
– Révision de la mercuriale des prix ;
– Application de la nouvelle procédure de traitement des consommations d’eau publiques ;
– Opérationnalisation de la mercuriale des prix de loyers contractés par l’Etat et ses démembrements ;
– Définition des quotas de consommation de téléphone par administration et par responsable ;
– Subvention de fonctionnement aux Etablissements publics administratifs ;
– Évaluation judicieuse en tenant compte des besoins réels et de l’exécution des budgets antérieurs ;

Dépenses d’investissement :
– Accorder la priorité absolue à l’achèvement des projets en cours ;
– Ne pas inscrire dans les budgets d’investissements des administrations, toute activité relevant du fonctionnement ;

Acquisition des véhicules :
– Réduction des crédits destinés à l’acquisition de nouveaux véhicules et la rationalisation de leur affectation.

 

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