Téléphonie mobile : les petits griefs de l’Etat régulateur
Les plaintes des consommateurs continuent d’être légions, avec les coûts à la consommation très élevés, une couverture du réseau défaillante... Et pourtant, la libéralisation de ce secteur visait à favoriser une réelle compétitivité entre opérateurs et permettre d’améliorer la qualité des services au grand bonheur des consommateurs.
Il y a 20 ans la téléphonie mobile faisait son apparition au Cameroun. Les pouvoirs publics ont saisi cette occasion pour faire un état des lieux de ce secteur au travers un forum qui s’est tenu du 17 au 19 mai 2021. Le pays dispose actuellement de quatre opérateurs concessionnaires présents sur le marché des communications électroniques, en l’occurrence Camtel, MTN, Orange, et Viettel, dont le nom commercial est Nexttel. Les trois premiers étaient jusqu’en 2014 les seuls à opérer dans ce secteur, avant l’octroi d’une troisième concession accordée à l’opérateur de téléphonie Viettel, avec l’exclusivité sur l’offre des services de troisième génération (3G) limitée dans le temps. Cette concession visait à booster la concurrence et accroître l’accès au service par une baisse des prix.
Au demeurant, les consommateurs ne tirent toujours pas le meilleur de cette concurrence, et formulent quotidiennement des plaintes sur les coûts élevés à la consommation des produits de communication électronique, déplorent une dégradation constante de la qualité du service, et une couverture défaillante du réseau. Pour ce qui est des coûts de communication, ils ne sont pas uniformisés, et varient d’un opérateur à l’autre. En 2019, l’Agence de Régulation des Télécommunications (Art), avait fixé le plafond des tarifs applicables à chacun des opérateurs. A titre d’illustration, les appels téléphoniques devaient varier de 10 à 20F en fonction des horaires. Mais à l’épreuve des faits, les consommateurs continuent d’être facturés en moyenne à 1F/s, soit 60F/min.
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L’Etat a pourtant institué un cadre règlementaire où il s’est posé en facilitateur et régulateur en vue de favoriser le développement harmonieux des activités des différents opérateurs. Il s’est fixé comme défis, de promouvoir une concertation permanente entre les pouvoirs publics et les acteurs du secteur, pour adresser les défis collectifs, et surtout de sauvegarder ses intérêts et ceux des consommateurs. Il est tout de même parvenu à préserver ses intérêts car, grâce au renouvellement des concessions des compagnies Orange et MTN, et à l’entrée de Viettel, l’Etat a engrangé 170 milliards de Fcfa.
L’Etat régulateur a peut-être réalisé un audit de la qualité de services des réseaux de communications électroniques des quatre (04) opérateurs concessionnaires présents sur le marché des communications électroniques au Cameroun, mais il reste en termes d’objectifs à atteindre, qu’il doive accompagner les opérateurs dans la mise en œuvre des recommandations de l’audit de la qualité de services ; élaborer une loi sur l’accès en ligne aux documents administratifs des institutions publiques ou encore créer une société nationale d’infrastructures et de transport dans le domaine des communications électroniques, conformément à la stratégie sectorielle du secteur des postes et télécommunications.
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Pour rappel, en 2016, le Cameroun disposait de 18,8 millions d’abonnés de téléphonie mobile, soit un taux de pénétration de 83% (contre 44% en 2010). Pour ce qui est de la téléphonie fixe, le segment des lignes téléphoniques fixes a connu une nette amélioration, passant de 55.229 abonnés en 2010 à 71.463 en 2016.
La qualité du service, clé de l’émergence numérique
Dans le contexte d’un environnement du numérique en constante évolution et en croissance rapide, le secteur des Télécommunications est confronté à des exigences spécifiques de performance, dont l’amélioration de la qualité des services de communications électroniques constitue un enjeu majeur, pour le développement de l’économie numérique. Le gouvernement s’est donné comme défis d’assurer une amélioration permanente de la qualité de service et d’expérience du consommateur des communications électroniques, afin de renforcer la confiance numérique et contribuer ainsi à combler le retard du Cameroun dans le domaine du numérique. Plus spécifiquement, il s’agit pour le gouvernement de garantir aux consommateurs, la disponibilité des services, 24 heures sur 24 et, 7 jours sur 7 sur le territoire national.
Plusieurs actions ont été réalisées dans ce sens. Il s’agit de : la réalisation d’un audit de la qualité de services des réseaux de communications électroniques des quatre (04) opérateurs concessionnaires présents sur le marché des communications électroniques au Cameroun, lequel a permis de détecter les insuffisances qui sont la cause de la mauvaise qualité de services dans les réseaux de tous les opérateurs ; la révision des conventions de concession des opérateurs MTN Cameroon et Orange Cameroun afin de mieux prendre en compte les intérêts de l’Etat et d’intégrer dans les cahiers des charges de ces opérateurs, les obligations de qualité de service et d’expérience, ainsi que les indicateurs de couverture du réseau 4G ; ou encore la mise en place d’un cadre de concertation dans les Services du Premier Ministre, pour examiner les conditions et les modalités de l’ouverture du déploiement de la fibre optique à tous les opérateurs concessionnaires. Cette ouverture devra pallier les insuffisances de l’opérateur de transport dans ce segment de marché, contribuer considérablement à l’amélioration des services fournis par ces opérateurs et augmenter le taux de pénétration de l’Internet haut débit dans les ménages.
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Cependant, la qualité des services dans le domaine des télécommunications reste une préoccupation constante pour le gouvernement. « Il est par ailleurs impératif que les opérateurs du secteur des communications électroniques développent leurs capacités, pour répondre aux exigences de qualité en vue du développement de l’économie numérique, qui devrait propulser le Cameroun au statut de pays émergent d’ici à 2035 », recommande le ministère des Postes et télécommunications, dans un document intitulé « Postes, Télécommunications et Tic : les précieux acquis du septennat ».
Pour parvenir donc à l’amélioration d’un service de qualité, le gouvernement préconise l’adoption d’une charte qualité par tous les acteurs, pour garantir la redondance et la résilience de l’infrastructure large bande ; le renforcement des capacités techniques de l’ART, en termes de formation et d’équipements, pour lui donner les moyens de contrôler le marché des communications électroniques ; la réalisation d’audits annuels de la qualité des services fournis par les opérateurs, suivis de sanctions pour ceux qui n’auront pas mis en œuvre les mesures correctives prescrites ; la publication annuelle des résultats de l’analyse de la qualité de service offerts par chaque opérateur, par rapport aux normes de qualité internationales et à ses concurrents ; l’ouverture du déploiement de la fibre optique aux opérateurs, afin de leur permettre de construire des liaisons redondantes pour pallier les insuffisances de l’opérateur de transport, et augmenter ainsi le taux de pénétration de l’Internet haut débit dans les ménages.
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