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La Covid-19 plombe les commerces de la fête du ramadan

A quelques jours de la célébration de la fête du ramadan, les vendeurs de textile ont des avis mitigés sur l’évolution des affaires. Si pour certains commerçants la tendance est plutôt de bons augures, d’autres se plaignent du manque d’engouement des consommateurs dans l’achat des vêtements, à cause de la crise sanitaire.

A l’aube de la célébration de l’Aïd el firt [Fête du Ramadan, Ndlr], la tendance sur le marché du tissu pagne est mitigée. Dans les quartiers à forte concentration musulmane comme Briqueterie, dans le deuxième arrondissement de la ville de Yaoundé, les préparatifs en prélude à la célébration de la fête marquant la fin du mois du Ramadan se font de plus en plus ressentir. Ce, malgré le contexte de crise sanitaire liée à la pandémie du coronavirus. Ce vendredi 7 mai 2021, 25e jour de jeûne du mois de Ramadan, les rues de ce quartier populeux transpire la gaité. Signe avant-coureur de l’imminence des réjouissances.

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Le visiteur découvre, jusqu’à perte de vue, des magasins dédiés à la vente des tissus pagnes. Cet accessoire est un élément incontournable lors de la célébration de cette fête musulmane. De part et d’autre des ruelles et des allées qui serpente le quartier, les vitrines sont habillées en…tissus pagnes. L’agencement des couleurs et les imprimés sur ces tissus créent une parfaite harmonie, attirent les regards et invitent à l’achat. « La couleur verte de ce pagne est très jolie, ça me plais beaucoup ; si je peux aussi l’avoir en jaune, je viendrai le week-end pour les acheter », s’exclame une passante en langue fulfulde, littéralement sous le charme d’un pagne. On y retrouve une pléthore de ce textile. Du « bassin » aux pagnes simples.

Les clients sont servis avec les prix fixés en fonction de la valeur du tissu. Les pagnes les plus sollicités durant cette période festive sont : le pagne dentelle, le bassin getzener, le super wax, le pagne côte d’ivoire, le coton suisse et le bassin Annour, la dernière trouvaille. Petite curiosité, la pandémie du coronavirus a donné naissance à un «pagne corona » qui se vent à 3000 F. Dans la boutique N0. 646, de la famille Elhadji Tidjani, le jeune Mouhaman, âgé d’une vingtaine d’années, s’occupe de la boutique à l’absence de son tuteur. Après la pluie qui a sévit en fin d’après-midi, poussant le jeune gérant à plier bagages, ce dernier s’active à reclasser sa marchandise de sorte à attirer les clients. Ici, le marché se passe plutôt bien. À la question de savoir quelle est la tendance du marché du tissu à quelques jours de la fête du Ramadan, ce dernier esquisse un sourire qui en dit long sur la situation de sa caisse. « Regardez vous-même », pointant le stock de sa boutique. « Pour ce qui est de notre boutique particulièrement, nous sommes vraiment très satisfait jusque-là. Les ventes se passent très bien. On n’a un stock en hausse d’environ 80%, comparé à l’année dernière. Nous observons aussi une hausse relative de la demande par rapport à 2020. Chez nous, c’est à peu près 70% de plus. Nous attendons encore un nouvel arrivage d’ici peu », indique Mouhaman.

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Dans cette enceinte commerciale, l’on propose tout type de pagne. Cousu ou non. Enfants, adolescents et adultes, il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses. Les prix varient pour les tissus non cousus, de 5000 FCFA à 90 000 FCFA voire 150 000 FCFA. Pour les vêtements appelés « hidja », en provenance pour la plupart de l’Afrique du Nord, les prix oscillent entre 7500 FCFA à 60 000 FCFA. Ceux déjà confectionnés vont de 15 000 F à 45000 F. De 08 heures à minuit, la famille se relaie derrière le comptoir de cette boutique pour satisfaire la clientèle qui attend augmenter à l’approche de la fête.

Le problème à l’échelle

A quelque 200 mètres de là, dans la boutique du sénégalais Dia, ce n’est pas le même engouement. Debout, son verre de café en main, Dia commence à le siroter dès l’appel à la prière lancé par le muezzin, rompant ainsi sa journée de jeûne. L’homme a le regard figé vers la route dans l’espoir d’avoir des clients. « Cette année est difficile pour moi. Le marché n’est vraiment pas bon. C’est vraiment timide. Je n’ai pas de grand pagne comme les années passées », déplore-t-il. « J’espère faire des ventes sur les tissus déjà fait. C’est pour cela que j’ai passé la commande de 50 pièces du Nigeria et aussi du Benin », poursuit-il. Dans la boutique Zra de Yaouba, en face, c’est le même scenario. « A l’heure actuel, nous ne pensons même pas de bénéfice. Nous cherchons d’abord à vendre ce qui peut être vendu ; après on verra la suite » indique le vendeur. « Les prix des pagne qu’on a acheté au Nigeria et au Benin ont augmenté de 20%, à cause du Covid. Du coup on n’a eu peur de commander en grande quantité parce qu’on ne savait pas si les frontières allaient être fermées. On va se battre avec notre stock ici », explique Yaouba.

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Du côté des clients, on se plaint de la cherté. « Quand on va dans les boutiques, les commerçants déplorent la hausse des prix à l’importation. De tradition nous devons le jour de la fête abhorrer de beaux vêtements », explique Khalil, un client. « Nous devons faire des acrobaties pour se faire plaisir. Un pagne qu’on vendait à 50 000 F, nous l’avons aujourd’hui à près de 75 000 F. J’avais l’habitude de me faire coudre cinq boubous pour cette fête mais là, je pense ne faire que deux », poursuit ce dernier. Pour d’autres, l’alternative de se vêtir avec les vêtements de l’année dernière est envisagé. « Avec les pagnes qui ne sont pas évidents cette année, je préfère reporter mes habits de la fête de l’année passée. C’est encore en bon état donc ça fera l’affaire », fait savoir Samira, une habitante du quartier Briqueterie.

« Les prix n’ont pas changé, ce sont les clients qui ne sont pas là »

Soleiman Dia, couturier et gérant d’un atelier de couture au quartier Briqueterie dans le deuxième arrondissement de la ville de Yaoundé.

« A quelque jour de la fête de ramadan, les prix n’ont pas changé mais ce sont les clients qui ne sont pas là. Ce n’est pas comme d’habitude. Avec la Covid-19, le marché est très timide. Le pays est présentement touché par la crise et par conséquent le commerce tourne au ralenti. La demande enregistrée pour le service de couture est de 30% en comparaison aux 65% de l’année dernière. Nous travaillons essentiellement avec la population donc quand la population est affectée comme c’est le cas présentement, ça veut dire qu’il y a pas de travail du coup pas de revenu. De fil à aiguille nous aussi nous sommes affectés car les clients ne viennent plus. Pour ce qui est des prix, ils sont en fonction de la valeur du tissu. Plus le tissus est cher, il en va de soi que les prix vont aussi suivre. Nous espérons tout de même que dans les jours à venir, les choses changent pour le meilleur ».

Les accessoires ont le vent en poupe

En dehors du marché des tissus pagnes, l’approche de la célébration de la fête du Ramadan, est aussi le moment pour les musulmans de s’approvisionner en différents accessoires utilisés lors de la célébration. Tapis de prière ; chapelet ; chapeaux ; et même les chaussures, se vendent comme de petits pains. Dans les magasins et même aux abords de la chaussée, ces accessoires sont exposés ici et là. En ce qui concerne les prix ils sont à la portée de tous. En ce qui concerne les tapis de prière, il faut débourser entre 3000 à 15 000F. Pour les chapelets, il faut compter entre 1000F l’unité à 3000F, pour ceux avec des décorations particulières.

Les chapeaux quant eux en provenance du Nigeria, se vendent à partir de 1000 FCFA, jusqu’à 25 000F. « C’est des accessoires que nous vendons tout au long de l’année. Cependant nous enregistrons des pics de ventes pendant les périodes de fêtes, notamment celle du ramadan et celle de la fête de mouton. Nous avons constitué un stock assez important pour satisfaire la demande et ceux jusqu’aux jours de la fête », se satisfait Aliou vendeur de ces accessoires religieux. Y figure également des chaussures qui se vendent pour les enfants de 2000F à 6000F, tandis que pour les adultes les prix vont de 3000F jusqu’à 15000F.

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