Microfinance : enquête sur la descente aux enfers de Comeci
En difficulté depuis 2016, la société de microfinance Compagnie équatoriale pour le commerce et le crédit d’investissement (Comeci) est finalement sous administration provisoire.
Dans un communiqué publié dans la presse, le 18 avril, par Abbas Mahamat Tolli, président de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) a annoncé la mise sous administration provisoire de la société de microfinance Compagnie équatoriale pour le commerce et le crédit d’investissement (Comeci). Cette décision actée depuis le 16 janvier 2018, à Libreville, au Gabon, a été prise, selon la Cobac « au regard de la situation financière et prudentielle critique de la Comeci et compte tenu de l’incapacité de ses dirigeants sociaux à restaurer la solvabilité de cet établissement ». Immédiatement, la Commission a désigné un administrateur provisoire en la personne de Mvogo Bernard. Son mandat est de six mois. « Cette désignation opère sur le décaissement du conseil d’administration et de la direction générale de Comeci », précise la Commission bancaire. La mise sous administration de cette institution de microfinance dotée d’un capital de 2,7 milliards FCFA semblait inéluctable. Car, dès les premiers signes de tensions de trésorerie en 2016, les dirigeants de l’établissement avaient multiplié les vaines promesses à l’endroit des épargnants qui réclamaient leurs dépôts. Comment en est-on arrivé à cette situation ? « Démenti à la communication de la Société crédit capital Ltd ». C’est l’objet de la correspondance que la Société commerciale de banque SA (SCB), filiale camerounaise du groupe marocain Attijariwafa, a fait publier dans l’édition du 11 janvier 2017 du quotidien à capitaux publics «Cameroon-tribune». La correspondance est adressée personnellement à Marie Claire Nnana, directeur de la publication. « Madame, en date du 21 décembre 2016, est parue dans votre journal en page 23, une annonce de la société Suisse crédit capital dans les termes ci-après : « Suisse Crédit Capital Ltd, informe les opérateurs économiques, les entrepreneurs, les industriels camerounais et ceux opérant dans la sous-région, de sa relation effective avec les deux banques locales de premier ordre, notamment SCB (Société camerounaise de banque SA) et … [UBA, United Bank for Arica] ». « Les deux banques retrouvent ainsi les 405 autres affiliés et correspondants à notre plateforme financière.
Nous sommes également l’institution de tête de fi le du fond d’investissement Grand Impex-Trading Ltd qui dispose d’une allocation financière de plusieurs milliards de dollars sous la référence S.A CMI-GIT – SA179A-1 », poursuit la correspondance de la SCB. Qui révèle : «En réaction, nous vous indiquons que, SCB Cameroun, n’entretient aucune relation avec ladite société, et n’est ni une banque affiliée, ni une correspondante à sa plate-forme financière ».
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Le démenti d’Attijariwafa et de UBA
La filiale camerounaise d’Attijariwafa dément formellement n’être pas en affaire avec Suisse Crédit Capital le partenaire douteux de Comeci. Et SCB de déclarer qu’elle « se réserve le droit d’engager telle action juridique qu’elle jugerait nécessaire, pour se prémunir contre tout impact négatif que cette fausse nouvelle pourrait provoquer ». Une semaine avant la sortie musclée de la SCB, la banque UBA avait fait publier un démenti dans des termes quasiment similaires. De fait, les démentis presque synchronisés de la SCB et UBA découlent d’un malaise. Celui d’être associées à une société inconnue de la place financière suisse, présentée il y a quelques mois comme le sauveur de la microfinance « Compagnie équatoriale pour l’épargne et le crédit d’investissement » (Comeci) dans l’incapacité de restituer les épargnes de milliers de personnes parce que ses comptes sont au rouge. La manœuvre de Comeci était pourtant de rassurer ses clients. A cet effet, l’établissement financier avait alors annoncé par voie de presse en octobre 2016 qu’après la délivrance de la lettre de confort, le 25 août 2016, et la signature d’un accord de financement le 29 août entre lui et son partenaire financier Grand Impex Trading Ltd, des lignes de crédit de 50 milliards de FCFA lui avaient été promises par Crédit Capital Suisse. Et que « les formalités de déblocage des fonds en vue de financer les micro-projets se poursuivent normalement». A ce sujet, avait indiqué la microfinance , une séance de travail inclusive s’était tenue le 25 octobre 2016 à Douala avec les représentants de la Comeci, Grand ImpexTrading Ltd et la « Suisse Crédit Capital Ltd » représentée par un certain Nabil Osman, directeur pour l’Afrique et le Moyen orient. Il serait ressorti de cette réunion que « des échanges très avancés ont eu lieu avec une banque locale où seront hébergés lesdits fonds». Ce qui aurait rendu Comeci optimiste quant à « la reprise progressive des opérations des transactions financières à ses guichets dans les brefs délais ». Bien qu’inconnue dans le monde de la finance, la « Suisse Crédit Capital », s’est présentée comme une « institution financière basée à Londres, agréée par la Banque centrale anglaise ». Et qu’elle aurait déjà financé des projets dans plusieurs pays africains, en Tanzanie, Angola et Ghana. Les démentis de SCB Cameroun et UBA jettent un sérieux doute sur tous ces partenaires de la Comeci qui ne présentent pas là des gages de remboursement les économies de ses épargnant.
La filiale camerounaise d’Attijariwafa dément formellement n’être pas en affaire avec Suisse Crédit Capital le partenaire douteux de Comeci. Et SCB de déclarer qu’elle « se réserve le droit d’engager telle action juridique qu’elle jugerait nécessaire, pour se prémunir contre tout impact négatif que cette fausse nouvelle pourrait provoquer ». Une semaine avant la sortie musclée de la SCB, la banque UBA avait fait publier un démenti dans des termes quasiment similaires. De fait, les démentis presque synchronisés de la SCB et UBA découlent d’un malaise. Celui d’être associées à une société inconnue de la place financière suisse, présentée il y a quelques mois comme le sauveur de la microfinance « Compagnie équatoriale pour l’épargne et le crédit d’investissement » (Comeci) dans l’incapacité de restituer les épargnes de milliers de personnes parce que ses comptes sont au rouge. La manœuvre de Comeci était pourtant de rassurer ses clients. A cet effet, l’établissement financier avait alors annoncé par voie de presse en octobre 2016 qu’après la délivrance de la lettre de confort, le 25 août 2016, et la signature d’un accord de financement le 29 août entre lui et son partenaire financier Grand Impex Trading Ltd, des lignes de crédit de 50 milliards de FCFA lui avaient été promises par Crédit Capital Suisse. Et que « les formalités de déblocage des fonds en vue de financer les micro-projets se poursuivent normalement». A ce sujet, avait indiqué la microfinance , une séance de travail inclusive s’était tenue le 25 octobre 2016 à Douala avec les représentants de la Comeci, Grand Impex Trading Ltd et la « Suisse Crédit Capital Ltd » représentée par un certain Nabil Osman, directeur pour l’Afrique et le Moyen orient. Il serait ressorti de cette réunion que « des échanges très avancés ont eu lieu avec une banque locale où seront hébergés lesdits fonds». Ce qui aurait rendu Comeci optimiste quant à « la reprise progressive des opérations des transactions financières à ses guichets dans les brefs délais ». Bien qu’inconnue dans le monde de la finance, la « Suisse Crédit Capital », s’est présentée comme une « institution financière basée à Londres, agréée par la Banque centrale anglaise ». Et qu’elle aurait déjà financé des projets dans plusieurs pays africains, en Tanzanie, Angola et Ghana. Les démentis de SCB Cameroun et UBA jettent un sérieux doute sur tous ces partenaires de la Comeci qui ne présentent pas là des gages de remboursement les économies de ses épargnant.
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Impex Trading, le partenaire douteux de Comeci
Comeci s’est entichée d’un partenaire, pour dire le moins, suspect. Et pour cause, « Grand Impex Trading», cette société dite de trading, qui a promis de faciliter un prêt de 50 milliards de FCFA à la microfinance traîne, elle-même, un passé tellement sulfureux que des doutes pèsent sur sa capacité à aider Comeci à sortir du rouge. Et pour cause, en 2012, cette Impex a lancé un programme d’investissement baptisé « World Dream » dont la composante culturelle vendait le rêve de faire venir au Cameroun de grosses pointures mondiales du showbiz (Manu Dibango, Eminem, 50 Cents, EVE, Jermaine Dupri, Shontelle, etc.) dans l’optique d’organiser un méga concert initialement fixé au 28 avril 2012. Ce qui allait donner, selon Impex et son promoteur Junior Abraham Ngosso, une visibilité au pays et par conséquent attirer des investisseurs. Dans le fond, l’idée n’est pas mauvaise. Elle est même audacieuse. Sauf que les notes musicales de concert vont rester dans le domaine de la science-fiction. Sans obtenir l’accord de Manu Dibango et Cie, l’équipe de « World Dream » se met à diffuser des spots publicitaires sur les stars du concert qui a, entre temps, été repoussé sine die. Claire Diboa, manageuse du chanteur d’origine camerounaise Manu Dibango va le dénoncer violemment dans un mail le 30 avril 2012. Deux jours avant, le 28 avril 2012 à 15h 29, c’était déjà la réaction de Georges Williams de l’agence Next-Level basée aux Etats-Unis et spécialisée dans le booking d’artistes qui compte dans son CV l’organisation des stars comme Sean Paul, Eve, Ja-rule, T-Pain, Jermaine Dupri, etc. « Pourquoi avez-vous communiqué et annoncé la participation de Manu Dibango sans autorisation et sans même vous être acquitté des 70 000 euros que vous lui devez toujours en violation flagrante des accords signés avec Next-Level Agency ». Georges William poursuit : « Il est donc inutile ici Junior, d’utiliser des méthodes dilatoires, méthodes condamnables et dont je ne suis pas dupe de la finalité. Acquittes toi de toutes tes dettes auprès des artistes internationaux et artistes Camerounais. Paye les dettes relatives aux engagements souscrites auprès des hôtesses dont la plupart sont de jeunes et innocentes filles qui ont travaillé pour vendre vos tickets de tombola. Remboursez à ces hôtesses les 3000 francs CFA que vous avez exigés à celles-ci, comme seule condition pour leur embauche. Vous savez pertinemment que c’est illégal au regard du droit du travail pour une société qui dit avoir des milliards et immoral de faire payer de jeunes filles qui sont vos petites sœurs, sous prétexte qu’elles vont en retour avoir un emploi qui sera rémunéré à 100 000 francs cfa à condition qu’elles vendent chacune 75% des billets de tombola que vous leur avez remis ».