Noix de cajou: une nouvelle stratégie pour relancer le secteur
Le gouvernement et la coopération allemande entendent investir quelque 10 milliards FCFA pour développer cette filière qui a un fort potentiel au Cameroun, mais qui tarde à décoller dans le pays depuis une quarantaine d’années.
Le ministère de l’Agriculture et du développement durable (MINADER) vient d’adopter un plan de relance de la filière de l’anacarde, aliment plus connu sous l’appellation noix de cajou. D’après une communication de ce département ministériel, ce plan de relance s’inscrit dans le cadre du Programme d’appui au développement rural (PADER), avec l’appui de GIZ, la coopération allemande au Cameroun, qui entend accompagner le développement de la filière à travers un co-financement du 11eme Fonds européen de développement (FED).
Cette volonté de relancer la filière anacarde au Cameroun fait suite à une étude de plusieurs mois dans les zones de production du Cameroun et dans d’autres pays producteurs. Ladite étude dresse sans complaisance le diagnostic de la filière, présente ses atouts socio-économiques et fait des propositions pour lever les barrières à son décollage dans le pays et le développement des chaines de valeur de la noix de cajou.
Un fort potentiel
Présentée le 17 octobre 2018, la stratégie de relance proposée et adoptée par le ministère de l’Agriculture court sur une période de 2019 à 2023. Elle montre que la filière pourrait être d’une contribution substantielle au développement de l’économie du pays. D’un budget de 10 milliards FCFA environ, elle devrait permettre d’atteindre au moins 8 000 tonnes de noix de cajou ainsi que 400 tonnes d’amendes blanches et grillées. Dans ses différentes étapes, la stratégie devrait permettre de générer 5,5 milliards FCFA de chiffre d’affaires annuel.
La dimension socio-économique prévoit quant à elle l’amélioration des compétences des milliers de personnes et la création de plus de 151 000 emplois directs et indirects. Il est aussi question de pouvoir atteindre son objectif de restaurer 12 millions d’hectares de forêt déboisés, à l’horizon 2030.
Pour y parvenir, le plan propose au gouvernement de mettre l’accent sur l’accès au foncier des acteurs de la filière, tout en promouvant auprès des particuliers et des entreprises du secteur privé la culture de l’anacarde. Les experts pensent également que l’Etat doit accentuer la valorisation de la chaine de valeurs de la filière, tout en renforçant les capacités des acteurs.
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Une production marginale
La relance de la filière anacarde semble importante pour les autorités camerounaises. Selon le PADER, malgré un potentiel estimé à des millions d’hectares, cette spéculation est encore très sous-exploitée au Cameroun, avec une production de 108 tonnes de noix de cajou par an. Une production marginale, comparée aux pays comme la Côte d’Ivoire (premier mondial avec 800 000 tonnes) ou le Bénin (qui vise 300 000 tonnes d’ici 2021).
A coup sûr, cette stratégie ne va pas permettre à elle seule de rattraper ce retard. D’où la nécessité pour le gouvernement d’y associer d’autres programmes, notamment dans la recherche scientifique. Il y a trois mois environ, l’Institut de recherches agricoles pour le développement (Irad) a procédé à la distribution gratuite d’une première cargaison de 50 000 plants d’anacardiers. Une distribution qui rentre dans le cadre d’un programme qui vise la production de 10 millions de plants d’ici 2021, pouvant créer 100 000 hectares de plantations.