Bois-énergie : La filière charbon veut sortir de l’informel dans la région de l’Est
Selon les statistiques de la coopération technique allemande GIZ, en 2018, plus de 118 017 sacs de charbon soit, 4.720 tonnes ont été produits pour un chiffre d’affaires de 259 637 400 Fcfa dans la région de l’Est. Malheureusement, cette activité, source d’emploi et de revenues pour de milliers de personnes est encore au stade embryonnaire. En plus, le prélèvement anarchique du bois dans la forêt et espaces agricoles entraine une dégradation de l’environnement. Pour faire face à cette pression, le ministère des Forêts et de la Faune (Minfop) et de l’Environnement et de la Protection de la Nature et du Développement Durable (Minepded) ont initié depuis 2016, avec l’appui de la GIZ, le Programme d’appui à la mise en œuvre de la stratégie de développement du secteur rural volets forêt-environnement (ProPFe). Au bout de 4 ans, le ProPFE a permis de donner un coup d’accélérateur au développement de la chaîne de valeur charbon à l’Est notamment en boostant la production qui est passé de 3560 à plus de 5000 tonnes/an.
Selon une étude menée par la coopération allemande (GIZ), plusieurs sites de production et de commercialisation du charbon existent dans la région de l’Est Cameroun. Il s’agit notamment de Lomié, Mindourou, et d’Abong-Mbang, département du Haut-Nyong. Dans le Lom-et-Djerem, on trouve les charbonniers à Woutchaba, Belabo, Bertoua et Mambaya. Dans la Kadey, les charbonniers sont regroupés à Batouri, à Mindourou et à Mbang. En fin dans la Boumba-et-Ngoko, on les retrouve également à Ndeng, à la Lamedoum, à Kika, Libongo et Mempoé. Soit environ 500 charbonniers permanents réunis autour de 12 entités (GIC, Association et coopératives). Dans ces localités, les producteurs du charbon se servent des déchets de bois collectés dans les sociétés d’exploitation forestière comme matière première pour produire le charbon. D’après les statistiques de la GIZ, au cours de l’année 2018, plus de 118 017 sacs de charbon soit, 4.720 tonnes ont été produits pour un chiffre d’affaire de 259 637 400 Frs Cfa dans la région. Malheureusement, cette activité qui est source d’emploi et de revenues pour de milliers de personnes est encore au stade embryonnaire. En plus, note les environnementalistes, « le prélèvement anarchique du bois dans la forêt et les espaces agricoles entraine une dégradation de l’environnement et provoque les confits agropastoraux ».
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De l’autre côté, une étude de portée sur les chaines de valeur du bois-énergie dans la région frontalière de l’Est Cameroun, menée par François Hiol Hiol et Héleine Bevah du Bureau d’études, l’Ingénierie du développement durable (I2D) indique qu’il existe un flux transfrontalier de bois-énergie de la République Centrafricaine (RCA) vers le Cameroun sous différentes variantes. Il s’agit par exemple à travers des camions, des portes-tout, par la tête d’hommes et par bicyclette entre autres. En plus, il existe une multitude de points d’entrée à travers la frontière au niveau de la ville de Garoua-Boulaï, Kentzou et tout le long de la poreuse frontière entre le Cameroun et la RCA, échappant au contrôle transfrontalier. Ce trafic incontrôlé est le résultat de la forte demande du bois-énergie dans la zone notamment dans les camps des réfugiés de Gado-Badzéré. « La problématique du bois-énergie est effective dans la zone d’étude. Ceci provient des difficultés d’approvisionnement due à la diminution de la ressource, à cause de l’éloignement, des conflits (foncier, accès à la ressource) », constate l’étude qui mentionne également des impacts négatifs sur la biodiversité et le climat à cause de la pression pour l’obtention du bois-énergie.
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Actions
Pour minimiser les insuffisances sur les connaissances, techniques et politiques en accord avec les impacts globaux du plan d’action FLEGT d’une part et d’autre part, la gouvernance foncière et forestière, le commerce informel et illégal des produits bois-énergie, la déforestation issue de l’exploitation des produits de base et la gestion durable des paysages et amélioration des conditions de vie des populations, l’Union européenne a financé le projet, gouvernance des paysages multifonctionnels en Afrique subsaharienne (GML) : gestion des compromis entre les impacts sociaux et écologique. Il est coordonné par le Centre pour la recherche forestière internationale (CIFOR) et mise en œuvre en Afrique subsaharienne avec une attention particulière sur le Cameroun dans le Basin du Congo, la Zambie et le Kenya en Afrique de l’Est. En présentant son étude à Bertoua dans l’Est du Cameroun lors de l’atelier de validation des interventions pilotes du projet GML, François Hiol Hiol a fait un certains nombre de recommandations pour la gestion durable et profitable du bois-énergie. Il s’agit de « mener une étude comparative des pouvoirs calorifiques des différentes formes du charbon bois portées par différentes initiatives y compris le charbon produit traditionnellement, de promouvoir l’utilisation du charbon écologique dans les grands centres urbains, d’évaluer l’offre et la demande en bois-énergie dans les sites de réfugiés et la ville frontalière de Garoua-Boulaï, de poursuivre l’initiative de fabrication du charbon écologique à base de sciure avec une logique de marcher, d’évaluer le bilan carbone pour tous les site de réfugiées dans la ville de Garoua-Boulaï et leurs zones périphériques, de renforcer les initiatives de reboisement en cours et de mettre en place un dispositif de collecte des données qui évalue les flux de bois-énergie entrant au Cameroun à partir de la RCA ».
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Par ailleurs, pour faire face à la pression sur la forêt et l’environnement dans la région de l’Est, le ministère des Forêts et de la Faune (Minfof) et de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable (Minepded) ont initié depuis 2016, avec l’appui de la GIZ, le Programme d’appui à la mise en œuvre de la stratégie de développement du secteur rural volets forêt-environnement (ProPFe). Au bout de 4 ans, le ProPFe a permis de donner un coup d’accélérateur au développement de la chaîne de valeur charbon à l’Est notamment en boostant la production qui est passé de 3560 à plus de 5000 tonnes/an. Cette augmentation significative de la production est la résultante de plusieurs actions menées au niveau des différents maillons de la chaine de valeur. Elle a pour corollaire, de nombreux impacts positifs dont les plus remarquables portes sur l’amélioration des revenus des producteurs et de leurs familles, et la réduction de la déforestation.
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Réaction
« Nous sommes confrontés aux tracasseries routières », Minko Martin Luther, président du réseau des charbonniers des concessions forestières de l’Est (Rechafest)
Cette aire géographique compte actuellement près de 500 charbonniers. Les sites de production de ce charbon légal sont localisés à Abong-Mbang, Mindourou et Lomié dans le Haut-Nyong, Woutchaba, Belabo, Bertoua et Mambaya dans le Lom-et-Djerem, Batouri, Mindourou et Mbang dans la Kadey, Kika, Libongo, Mempoé, Ndeng et Lamedoum dans la Boumba-et-Ngoko. A travers l’appui des partenaires (MINFOF, MINEPDED et GIZ, nous avons amélioré le maillon approvisionnement et production. Par exemple, ils ont facilité la signature des conventions de mise en notre disposition du rebut de sciage par les sociétés forestières. Le renforcement des capacités des groupements des charbonniers dans les techniques améliorées de production par la GIZ. Ces appuis ont eu un impact dans le volume et la qualité du charbon produit. Maintenant le grand problème c’est le maillon transport et commercialisation avec les contraintesmajeures qui bloquent le développement de cette chaine de valeur. Il y a d’abord l’enclavement des sites de production, le manque des moyens de transport pour écouler les produits vers les centres de consommation et surtout et plus grave, les tracasseries routières du fait des agents de l’Etat commis aux postes de contrôle routier. Je dois préciser que le gouverneur de l’Est mis au courant de ces tracasseries a signé une note l’année dernière enjoignant les agents commis au contrôle de cesser tout harcèlement du charbon produit par des rebuts des scieries dans la région de l’Est. Malheureusement cette tracasserie continue à date. En fin la délivrance des documents (lettres de voiture par le MINFOF est très lourd puis qu’il faut se déplacer à Yaoundé pour avoir ces documents.
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