Aviation civile : l’aéroport international de Douala sous la menace d’une suspension de l’Oaci
L’organisation de l’aviation civile internationale effectuera un audit de la plateforme aéroportuaire de Douala, en avril 2018 courant. En prélude, une opération musclée de déguerpissement a été lancée ce 6 avril 2018, par action conjointe de la Communauté urbaine de Douala, les Aéroports du Cameroun et l’Autorité aéronautique.
C’est le branle-bas aux Aéroports du Cameroun (Adc). Des experts de l’Organisation de l’aviation civile internationale (Oaci) sont attendus au Cameroun, courant avril 2018. Depuis cette annonce, une grande fébrilité est tout à coup perceptible au sein de l’administration. Pour preuve, une vaste opération de déguerpissement a été lancée ce 6 avril 2018. L’opération conjointe Communauté urbaine de Douala/ Aéroports du Cameroun/ Autorité aéronautique, visait à «libérer la zone de sûreté aéroportuaire occupée par les populations et certains opérateurs économiques», expliquera Bertrand Mache, le Préfet du Wouri. Les constructions illégales de ce périmètre couvrant les quartiers «Bois des singes, Youpwe et Bafia» ont été systématiquement détruites. Le gouvernement camerounais craint en effet la sanction de l’Oaci, au terme d’un audit de l’aéroport international de Douala. Audit qui intervient deux mois après la correspondance incendiaire de 15 compagnies aériennes regroupées au sein de l’Association des compagnies aériennes de Douala, relevant «le report et l’approximation de la maintenance de l’infrastructure aéroportuaire, sous prétexte de travaux de réhabilitation, bâtiment d’une saleté repoussante, exclusion faite de quelques parties du cheminement passagers : peintures défraîchies, murs décrépits, toilettes infréquentables, faux plafonds sales ou manquants, travaux d’aménagement abandonnés, huisseries fatiguées, branchements électriques ou informatiques incohérents aux circuits, forêt inextricable de câbles extérieurs pendant le long des façades, climatisations absentes ou insuffisantes, matériel informatique et banques d’enregistrement sales et mal entretenus, éclairages défaillants, dégradation avancée des aires de service, galerie bagages, zones de stockage des conteneurs, voies de circulation du matériel sol, revêtements dégradés, nids de poule etc… «.
Considérés comme «une mauvaise publicité pour le Cameroun», par le Préfet du Wouri, le gouvernement camerounais craint «une mise en parenthèse» de la première plateforme aéroportuaire de notre pays. En clair, le rappel à l’ordre des autorités aéronautiques ou la suspension de la plateforme par l’Oapi. On se souvient qu’au lendemain de la sortie des compagnies aériennes de Douala (Camair co, Air France, Brussels Airlines, Turkish Airlines, Asky, Ethiopian Airlines, South African Airlines, Royal Air Maroc, Kenya Airways, Cronos, Ceiba, Transair Congo, Rwandair, Air Côte d’Ivoire), Thomas Assoumou Owona, le Directeur général des Adc et Alain Edgard Mebe Ngo’o, alors ministre des transports rassuraient. L’un le 23 février 2018: «l’état de l’aéroport de Douala n’est pas alarmant….ces récriminations me semblent excessives…. Nous allons continuer à échanger avec les compagnies aériennes, et toujours prendre en compte leurs préoccupations». L’autre le 24 février 2018: « Nous avons examiné ces récriminations et elles sont pertinentes. En plus de celles-ci, il y a un déficit de communication entre les ADC et les compagnies aériennes qui opèrent».
L’épée de Damoclès semble donc plus rapprochée que jamais sur la tête des autorités administratives et des principaux responsables de l’aéroport international de Douala. Un conseil d’administration s’est d’ailleurs tenu, les 15 et 16 mars 2018 à Douala, sur convocation de Pokossy Doumbe Dipita, le président du Conseil d’administration des Adc. Selon nos sources, ce conseil visait «à incorporer les dépenses des travaux de réhabilitation de l’aéroport international de Douala dans le budget 2018». Des travaux entamés depuis 2015. Malgré, l’Association des compagnies aériennes de Douala continuent de relever «…..». En plus de l’incroyable occupation de l’espace aéroportuaire par des habitations, commerces, entreprises et même le bétail. «Les opérations se poursuivront», prévient le Préfet du Wouri aux concernés, informés de la situation depuis 2016.