Marché du travail : le secteur informel, premier employeur au moins jusqu’en 2020
Les analystes de la Banque mondiale ne semblent pas très optimistes sur les perspectives de création d’emplois au Cameroun et suggère au gouverne- ment de prendre des mesures pour améliorer durablement la productivité du secteur informe
Le deuxième recensement général des entreprises réalisé par l’Institut National de la Statistique (INS) a la particularité d’avoir pris en compte certaines activités spécifiques exercées souvent en plein air sur des sites aménagés (laveries auto, dépôt de vente de sables, etc.) dont certains opérateurs sont généralement considérés comme faisant partie du secteur informel. C’est dire que sans cet élargissement, le nombre total d’emplois recensés serait plus faible. La conjoncture morose que traverse le Cameroun depuis 2014 n’augure pas de perspectives flatteuses en termes de création d’emplois dans l’économie moderne.
En février 2012, «Les Cahiers Economiques du Cameroun», l’étude sectorielle réalisée depuis 2011 par le bureau de la Banque mondiale (BM) au Cameroun, soulignaient déjà que, comme dans d’autres pays du continent, le secteur formel occupe bien peu d’actifs. 10% des salariés au Cameroun (secteur public et privé confondu, selon les chiffres de l’Institut national de la Statistique), contre 90% pour le secteur informel dont 53% pour l’informel agricole et 37% pour l’informel non agricole. L’étude notait aussi que si «le taux de chômage est relativement bas selon l’OIT (3,8%). Par contre, le sous-emploi touche plus de 70% de la main d’œuvre, majoritairement en milieu rural (78%) et surtout les femmes (77%)». Mais plus inquiétant, les analystes de la banque projetaient que «le secteur occupera encore 86% des actifs en 2020», ce qui contraste avec les objectifs du gouvernement qui tablent sur un taux de sous-emploi de 40% à cette échéance.
En cause, selon l’équipe de la banque, l’inadéquation formation emploi. Les analystes relèvent que «les faibles résultats dans l’éducation de base laisse supposer que la majeure partie de la population ne possède pas les compétences de base (savoir lire, écrire et compter) à la fin du cycle primaire; l’enseignement technique et professionnel, permettant de se doter de compétences utilisables immédiatement sur le marché du travail représente moins de 20% des effectifs du cycle secondaire tandis que dans l’enseignement supérieur, les filières stratégiques ne représentent que 5% des effectifs (cycle d’ingénieur) et 2% (études médicales) alors que le gros des effectifs se concentre dans les filières «Economie et gestion»(26%), «Droit» (24%), «Sciences» (22%), «Sciences humaines» (20%) et seulement 5% dans le cycle d’ingénieur et 2% dans la Santé». Et ce, alors même que le pays annonce un vaste programme de projets structurants où le besoin en main d’œuvre qualifié est certain.
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Toutefois, l’offre d’une main d’œuvre qualifiée n’est pas le seul facteur pour dynamiser le marché du travail, indique l’étude. «Le manque d’infrastructures et un climat d’investissement globalement défavorable au développement du secteur formel font qu’il est difficile d’atteindre les taux de croissance nécessaires à une réduction durable de la pauvreté», concluent les analystes de la BM, en relevant les progrès en matière de création d’entreprises. Les Cahiers Economiques du Cameroun suggèrent deux pistes d’interventions. Celles qui accroissent l’offre de la main d’œuvre et celles qui stimulent la demande des biens et services produits.