Aménagement du territoire : 4 nouvelles zones industrielles en vue dans le Centre, Sud et Littoral
Après, Bamenda, Bafoussam, Ombé, Ngaoundéré, Bertoua, Garoua, Yaoundé et Douala, Nomayos, Yassa, Dibombari, Meyomessala et Kribi devraient disposer sous peu d’espaces aménagés dédiés aux activités industrielles. A travers cette déconcentration, la Magzi ambitionne le développement harmonieux de toutes les régions du pays.
Mai 2017, un vaste domaine du groupement Mvog-Fouda au lieudit Nomayos, à une trentaine de kilomètres de Yaoundé, est rasé de toute végétation. Quelques mois plus tard, les riverains voient sortir de terre un monstre de ferraille dont les cheminées s’élèvent haut dans le ciel en crachant de la fumée ; c’est l’usine de broyage du clinker de Cimencam. Un investissement de 28 milliards de Fcfa avec à la clé des dizaines d’emplois pour les Camerounais. Depuis lors, les habitants de la contrée rêvent des usines qui poussent comme des champignons ici et là dans ce village de l’arrondissement de Mbankomo, département de la Mefou et Akono, région du Centre.
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Comme dans un conte de fée, ce rêve est en passe de se réaliser puisque la Mission d’aménagement et de gestion des zones industrielles (Magzi) entend bien créer une zone industrielle à Nomayos. Un site de 201 ha de terrains y a déjà été acquis dans la localité dans la perspective d’accueillir les opérateurs économiques désireux d’implanter les unités industrielles en vue de créer des emplois aux camerounais ainsi que de la richesse. Pour la mise en œuvre de ce projet, la société à capital public cherche actuellement un partenaire technique.
14,163 milliards de Fcfa à investir d’ici 2023
En effet, explique-t-on, la maturation de ce projet implique la réalisation impérative des études techniques d’avant-projet détaillé (APD) devant définir les options rationnelles d’aménagement ainsi que l’évaluation quantitative, qualitative et estimative de tous les besoins indispensables à l’opérationnalité de cette zone industrielle. A terme, les entreprises qui voudraient s’y implanter devraient y trouver un espace organisé en plates-formes avec l’électricité, une adduction d’eau courante, des routes entièrement bitumées, des ponts et ponceaux construits, etc. Situé à un jet de pierre de Yaoundé le site de Nomayos offre l’avantage de la forte densité de la population de la capitale d’où ressort une main d’œuvre importante disponible. Ce qui devrait intéresser les opérateurs de l’agro-industrie, l’import-export, l’entreposage/Stockage, la distribution, le paramédical et autres.
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Outre le site de Nomayos et dans l’optique d’une plus grande couverture du territoire national, la Magzi a programmé la création d’autres zones industrielles, notamment dans les régions du Littoral à Douala (Yassa) 400 ha et Dibombari, 300 ha ; dans le Sud à Meyomessala, 100 ha et Kribi, 3000 ha (zone industrialo portuaire). L’entrée en service prochaine de ces zones industrielles arrive à la suite de l’ouverture, en octobre 2017, de celle de Bamenda qui couvre 44 ha. Elles viennent désengorger celles de Douala (Bonabéri et Bassa) qui sont saturées.
Pour 2021, la Magzi dispose d’un budget de 7,7 milliards de Fcfa, en hausse de 46,92% par rapport à 2020 et d’un plan d’investissement triennal de 14,163 milliards de Fcfa. En 2016, la Magzi a réalisé un total bilan de 11,182 milliards de FCFA, pour un chiffre d’affaires de 2,110 milliards de FCFA.
Les zones industrielles, prémices du Cameroun émergent
La Stratégie nationale de développement 202-2030 met un accent particulier sur l’industrialisation comme principal pilier de la croissance du Cameroun. Cette option est en droite ligne avec la vision du président de la République, Paul Biya. «En 2016, le pari majeur pour notre pays reste la création des conditions d’une véritable industrialisation. L’émergence ne se conçoit pas sans une industrie viable», avait-il annoncé dans son Message à la Nation, le 31 décembre 2015. « Nous avons besoin en effet d’une politique industrielle ambitieuse. Il n’y a pas de grand pays sans industrie. Même notre agriculture, dont j’aime à dire qu’elle est notre principale richesse, a vocation, elle aussi, à devenir industrielle », disait-il déjà à la même occasion, le 31 décembre 2014. C’est dire que Paul Biya entend mobiliser toutes les énergies pour cette fin car « sans un secteur productif, la notion de développement n’a aucun sens », soutient l’économiste Dieudonné Essomba.
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C’est donc avec raison que l’Etat s’est doté d’un bras séculier pour la mise en œuvre de sa politique de promotion industrielle. Une mission qui incombe à la Mission d’aménagement et de gestion des zones industrielles (Magzi). Jadis présente seulement à Douala et Yaoundé, la Magzi dispose désormais de onze zones industrielles couvrant une superficie totale de 1293 hectares répartis dans huit des dix régions du pays. Ce qui permet de mieux répondre à la demande de facilitation et d’implantation des entreprises au Cameroun. La déconcentration, avec la création des zones industrielles dans le Nord-Ouest (Bamenda), à l’Ouest (Bafoussam), dans le Sud-Ouest (Ombé), l’Adamaoua (Ngaoundéré), l’Est (Bertoua) ou encore le Nord (Garoua), répond à l’un des principes majeurs du plan directeur d’industrialisation du Cameroun qui est l’équilibre régional relatif aux implantations industrielles dans un souci d’intégration économique nationale.
Moteur de l’économie
rès de 400 entreprises étaient recensées dans les zones industrielles à fin 2016, selon les chiffres de l’entreprise. Une étude réalisée par le Cabinet Consulting montre l’impact positif des activités des zones industrielles sur la production intérieure du Cameroun. Ainsi, les entreprises installées dans les zones industrielles de Bonaberi, Bassa et Yaoundé-Sud ont réalisé un chiffre d’affaires de près de 306,5 milliards de FCFA en 2017. La production globale de ces entreprises représente en moyenne 9,68 % de la production nationale sur la période 2014-2017, avec une valeur ajoutée de 1,064 milliard de FCFA en 2017, correspondant à une contribution de 0,36 point à la croissance du Produit intérieur brut. Par ailleurs, les entreprises sous zones Magzi employaient plus de 13 277 personnes en 2017, pour une masse salariale de 16,326 milliards de FCFA. «Cette main-d’œuvre représente 4,3 % de la main d’œuvre nationale formelle estimée à 305 357 actifs», selon le directeur général de la Magzi, Georges Christol.
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Sur le plan financier, les entreprises installées dans les zones industrielles ont contribué pour près de 503,5 milliards de FCFA aux recettes internes en 2017, soit 10,9 % de l’ensemble des ressources internes de l’Etat. Le taux de croissance des impôts et taxes payés par les entreprises implantées dans les zones industrielles est relativement plus élevé que le taux de croissance du budget de l’Etat. Ce taux est passé de 6,2 % en 2015 à 19,5 % en 2017. Concernant la Balance commerciale, les entreprises des zones industrielles concernées ont enregistré en 2017 des exportations évaluées à 55,5 milliards de FCFA. A une échelle plus réduite, les entreprises installées dans la zone industrielle de Douala ont une contribution de 61% au Produit local brut (PLB) de la capitale économique et à près de 11% du Produit intérieur brut (PIB) du Cameroun.
On peut donc, en extrapolant, imaginer que les différentes zones industrielles crées à travers le pays sont des pôles de développement en puissance qui, à terme, vont porter le Cameroun vers l’émergence tant souhaitée. Ce d’autant plus que « la compétition industrielle ne repose plus sur l’exportation des volumes de matières faiblement transformées mais sur le niveau de valeur ajoutée des produits transformés pour les clients finaux », explique Dieudonné Essomba.
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