Vie et mort de Félix Etoundi, le PDG de Finexs Voyages
Le président Directeur Général de la Compagnie de transport, Edmond Félix Etoundi, est décédé le 19 mars 2021 aux premières heures de la matinée, à l’âge de 54 ans.
La nouvelle est tombée tel un couperet. Edmond Félix Etoundi, le Président Directeur Général de Finexs S.A, l’une des plus grandes agences de voyages inter-urbains du Cameroun est décédé. De sources familiales, l’opérateur économique a rendu l’âme de suite de maladie, après avoir été interné à l’hôpital gynéco-obstétrique de Yassa-Douala. Il laisse un riche patrimoine révélateur d’une histoire rocambolesque sanctionnée par une sucess story. Rien ne prédestinait en effet ce natif de la Région du Centre à une carrière de transporteur interurbain. Beaucoup présageaient au jeune Etoundi un destin de bureaucrate dans une grande entreprise de la place. Bien que proche de la réalité, cette prédiction sera quelque peu déroutée.
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Suite à des études primaires et secondaires passées sans heurts à Yaoundé, le jeune Edmond Félix Etoundi poursuit ses études à l’Université de la même ville. D’où il sortira bardé, en 1990, d’un Brevet de Technicien Supérieur (BTS) en Gestion des entreprises. Ambitieux, le technicien supérieur explore le monde du travail dans un environnement marqué par une rude conjoncture économique. Entre prospections, demandes d’emploi, et concours administratifs, Edmond Félix Etoundi décrochera finalement quelques essais dans des entreprises de taille négligeable. Pas pour longtemps. Plus ambitieux que jamais, il prend la curieuse option d’embrasser, en 1991, une activité peu recommandable: le transport clandestin, muni d’une petite voiture. Un pari osé, rejeté par sa famille, mais stratégique pour ce dernier, au moment où le Cameroun était plongé dans la spirale des revendications politiques des années de braise. Comme tous les secteurs, celui du transport sera impacté par ces tensions sociales orchestrées par une opposition farouche au régime de Yaoundé. Le prix de la course connaitra ainsi une hausse vertigineuse suite aux mots d’ordre de grève lancée par des leaders politiques de l’opposition: la course intra-urbaine pouvait atteindre plus de 1.000 FCFA d’un point de la ville de Douala à l’autre. Alors que le trajet Douala-Edéa culminait à 4.000 FCFA.
Emia et Mobil Oil
L’année 1996 marquera incontestablement un tournant décisif dans l’épopée laborieuse d’Edmond Félix Etoundi. Le transporteur clandestin est admissible au concours d’entrée à la prestigieuse École militaire interarmées de Yaoundé (Emia). Quasi concomitamment avec son recrutement comme comptable au sein de la multinationale pétrolière Mobil Oil. Un choix cornélien qu’il finira par surpasser en optant pour l’entreprise d’hydrocarbures. Malgré cette ascension, son amour pour le transport clandestin ne faiblira guère. Désormais doté de deux véhicules, il maintient mordicus cette activité sur l’axe Douala-Edea. En 1998, son employeur l’affecte dans la ville de Garoua, Région du Nord. Pendant ce temps, il acquiert un troisième véhicule de transport clandestin. Ce qui fera de facto de ce dernier, un transporteur miniature gagné par une farouche volonté d’émerger de façon formelle dans ce secteur. L’étape de Garoua sera cruciale pour ce nouveau projet fou. Le comptable de Mobil Oil va audacieusement contacter François Essame, le patron de la compagnie de transport interurbain «Buca voyages», leader du secteur sur les tronçons Yaoundé-Mbalmayo, et Douala-Yaoundé. Objectif du rapprochement avec ce géant établit, solliciter une caution du sage patriarche propriétaire de Buca voyages auprès de la société Cami motors. Pari courageux gagné. Edmond Félix Etoundi obtiendra en effet grâce à son modèle en transport interurbain, son tout premier bus gros porteur après un crédit, précédé d’une avance modeste de 10.000.000 de FCFA. A charge pour lui de s’acquitter par échéances régulières, sous la caution-garantie du promoteur de Buca voyages, d’un reliquat de 28.000.000 de FCFA.
Démission
En 2002, il sera affecté au poste de Délégué régional Mobil Oil pour les régions du Centre et du Sud, moins éloigné de ses activités. En accord avec son mentor François Essame, il va se résoudre courageusement à séparer sa modeste flotte du mastodonte Buca voyages. Il créé officiellement son entreprise Finexs, malheureusement sans ancrage foncier. Tenace, il poursuit néanmoins son aventure sur l’axe Douala-Yaoundé, suscitant une grande sympathie des passagers et usagers des agences de voyage : rapidité, sécurité, compétitivité, et accueil chaleureux des passagers. Toujours sans terminaux d’embarquement/d’embarquement, ni de siège, Edmond Félix Etoundi réussira toutefois l’exploit d’agrandir en 2006, son parc avec 2 autres bus gros porteurs. Et prendra une autre décision courageuse : celle de démissionner de la multinationale Mobil Oil. Libre de tout engagement, le promoteur de Finexs voyages lance une procédure d’acquisition foncière auprès de la Magzi (Mission d’aménagement et de gestion des zones industrielles). Ladite procédure se solde par l’attribution par la Magzi à Finexs voyages, d’un bail emphytéotique sur une aire d’un hectare à Mvan à Yaoundé. Aire où sera rapidement construit un majestueux complexe abritant le siège de l’entreprise de transport interurbain. Les bonnes nouvelles vont s’accumuler pour l’homme d’affaires : prêt bancaire de 4 milliards de FCFA, bail foncier de 2000 m2 sur le boulevard Ahmadou Ahidjo de Douala, ouverture de l’agence de Douala et acquisition de nouveaux bus. Après près de 18 ans d’activités, Finexs voyages est devenu le leader du transport interurbain au Cameroun. Né le 10 octobre 1967 à Metet, Edmond Félix Etoundi était marié et père de 5 enfants. Il a été fait Chevalier de l’Ordre de la valeur le 20 mai 2019.
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