Secteur de l’électricité : ce qui va changer avec l’arrivée d’Eneo-Genco
La création par Energy of Cameroon d’une nouvelle société de production d’énergie électrique vient consacrer la libéralisation de la production dans le triptyque production-transport-distribution qui sous-tend le secteur, avec une nouvelle cartographie du rôle de chaque acteur de la chaine, même si des voix s’élèvent sous cape pour revendiquer également la libéralisation du pan de la distribution.
Au mois d’avril prochain, l’entreprise Energy of Cameroon (Eneo), le concessionnaire du service public de la production et de la distribution de l’énergie électrique au Cameroun, va procéder au lancement des activités de sa nouvelle structure de production, dénommée Energy of Cameroon Generation Company (Eneo-Genco). Celle-ci dispose déjà d’une base d’existence légale consacrée par son inscription au Registre du commerce et du crédit mobilier en février dernier, conformément aux exigences de l’avenant n°3 au contrat cadre de concession liant l’Etat du Cameroun à Eneo, signé en 2018, et qui prolonge la durée d’extension du contrat du 18 juillet 2021 au 17 juillet 2031.
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Cette innovation participe du « dégroupage » des activités de l’entreprise Eneo, conformément à la loi n°2011/022 du 14 décembre 2011 régissant le secteur de l’électricité. Concrètement, la filiale d’Eneo va intervenir dans ses activités de production d’énergie, avec notamment la gestion de ses centrales électriques, alors que cette prérogative était juridiquement dévolue à la structure dont les actions sont majoritairement détenues par le britannique Actis. D’après le rapport 2019 d’Eneo, l’entreprise assurait 65,42% de la production d’énergie électrique sur le territoire camerounais. Eneo-Genco devra prendre la relève pour tenter d’augmenter cette capacité de production. Quatre autres acteurs opèrent dans la production, en l’occurrence Memve’Ele via Electricity Development Corporation (13,82%), Kribi Power Development Corporation (14,15%), Dibamba Power Development Corporation (5,63%) et Aggreko 0,98%.
Monopole de la distribution
Dans le triptyque production-transport-distribution, la Société nationale de transport de l’électricité du Cameroun (Sonatrel) créée en 2015 assure le transport de l’énergie, tandis que la distribution est exclusivement dévolue à Eneo. C’est à cette seule activité qu’elle sera dorénavant engagée, et se chargera de collecter les recettes générées par la consommation électrique aux fins de redistribution aux différents acteurs du secteur de l’électricité. Un privilège qui lui est régulièrement contesté, tant de nombreux observateurs estiment que le volet distribution devrait également être libéralisé.
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« Une aberration dans le principe. Le marché de la distribution devrait être libéralisé, sauf que Eneo a réussi à négocier le monopole sur la distribution, et ça pourrait poser des problèmes à l’avenir parce que Eneo devient collecteur unique. EDC qui est aussi producteur d’énergie par exemple, attendra désormais d’Eneo qu’elle lui reverse sa quote-part de recettes, et ça sera le cas avec tous autres producteurs », analyse un cadre d’une des structures de production, sous couvert d’anonymat. Selon cet analyste, rien ne devrait à la réalité changer avec la venue d’Eneo-Genco car, la structure inféodée à Eneo, sera administrée par l’actuel directeur général d’Eneo, le Français Eric Mansuy.
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