Importations prohibées: des douaniers complices favorisent la mafia
La saisie le 12 juillet 2018 de 1200 cartons de spaghettis à Bekoko-Douala par le Groupement actif des douanes Littoral II dévoile une inquiétante remontée du commerce illicite, de la contrebande et des importations de marchandises prohibées.
Les actions concertées des douanes camerounaises, de la police et de la gendarmerie nationale sont malheureusement freinées par la corruption, le laxisme dans les postes de contrôle, les conflits entre corps habillés et même par la complicité signalée de certains douaniers, policiers et gendarmes avec la mafia de l’importation frauduleuse au Cameroun. Après l’opération Halcomi, Halte au commerce illicite, le secteur douanes Littoral 2 expérimente désormais l’opération baptisée «Fascil». Les interceptions de produits de contrebande ou prohibés sont devenues quasi-quotidienne dans la zone d’intervention du secteur des douanes Littoral II. Ce Groupement actif vient encore d’opérer une importante saisie de marchandises prohibées, en nocturne. La cargaison embarquée dans un camion en piteux état provenait de Tiko dans la Région du Sud-ouest. La technique de fouille et la vigilance des hommes de Roger Tafam, le Commandant du Groupement actif des Douanes du Littoral II a permis de découvrir une véritable caverne d’Ali Baba ambulante: Le vieux camion immatriculé comportait une cargaison prohibée de 1020 cartons de pâtes alimentaires d’origine turque de 500 grammes, marque «Bella». Soit plus de 5 tonnes de marchandises interdites. Pourtant, la fiche d’écor import présentée par le propriétaire du camion arrêté indiquait la présence de plusieurs autres produits, introuvables au moment de l’opération: machines à crème, congélateur, vélos et casiers de bières en provenance de Guinée Équatoriale. Roger Tafam note en effet un attrait particulier des importateurs légaux ou illégaux, pour les vins, spiritueux, pâtes alimentaires et huiles raffinées.
Le Lieutenant des douanes Serge Mbarga, Commandant de la subdivision active de Bonaberi donne des détails sur ce qui est reproché au prévenu : «absence de fiche de conformité de l’Anor, absence d’agrément du ministère du commerce et paiement d’une valeur imposable sous-évaluée». D’après Roger Tafam, la valeur imposable des pâtes alimentaires correspond à 750 FCFA par kilogramme. Au-delà de l’action d’éclat du Groupement actif douanes Littoral II, il importe de s’interroger sur l’efficacité des contrôles effectués dans certains postes de douanes de notre territoire. Comment une cargaison partie de Tiko a-t-elle été interceptée seulement à Bekoko-Douala? Les nombreux postes de contrôles policiers, gendarmes et douaniers disséminés sur l’axe Tiko-Douala ont-ils failli à leurs missions?
Lire aussi : Importations : que vaut le contrôle technique à l’entrée des marchandises au Cameroun ?
Des informations bien recoupées révèlent en effet une complicité contre-nature entre certains gabelous et les contrebandiers. La cargaison interceptée à Douala en provenance de Tiko justifie en effet soit un laxisme caractérisé, soit des appels à corruption de certains douaniers. Pis, on signale également au sein de l’administration douanière, de farouches luttes intestines pour l’atteinte des performances fixées par la hiérarchie. Malheureusement, par tous les moyens.
Le contrevenant de la cargaison saisie dispose de trois mois francs pour apporter les pièces justificatives manquantes. Toutefois, le Groupement actif des douanes Littoral II met un accent particulier, dans le cadre de l’opération de lutte contre la contrebande et le commerce illicite baptisée « Fascil», sur la sensibilisation des importateurs sur la nécessité de régulariser leurs activités.