Electrification: naissance de la filière poteaux en béton
Neuf fabricants sélectionnés pour la production d’environ 5000 poteaux en béton. Les forêts d’eucalyptus de l’Ouest valorisées, notamment dans le Noun et le Ndé, pour un potentiel estimé à 50 000 poteaux bois bruts l’an.
En proie à une grave tension de trésorerie, le concessionnaire du service public de distribution de l’électricité au Cameroun, Energy of Cameroun, Eneo Cameroun vient de boucler avec succès un emprunt de 100 milliards de Fcfa. Une belle somme mais en fait, « il y a un besoin de 500 milliards de Fcfa d’investissement pour développer le secteur de l’électricité au Cameroun», prévient le directeur général, Eric Mansuy.
Expliquant l’affection de ces ressources, le dirigeant d’Eneo indique qu’avec ces 100 milliards de Fcfa, l’entreprise va procéder par le plus urgent. « Ce qui va être visible pour les Camerounais c’est surtout notre projet de remplacement des poteaux bois. Nous avons pour ambition de remplacer les poteaux bois par un mix de poteaux en béton et métalliques. On a déjà commencé par Douala et Yaoundé et on va continuer dans l’arrière-pays. Le long des routes on va voir ces poteaux bois qui sont souvent en mauvais état être remplacés par des poteaux en béton ou métalliques. Tout cela est fabriqué au Cameroun, puisqu’on développe une filière de poteaux en béton».
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En effet, l’entreprise est engagée dans la modernisation des ouvrages pour répondre à la demande sans cesse croissante. « La sécurité est à la base même de la mission de l’entreprise », martèle-t-on à Eneo. Malheureusement, le nombre de décès et blessés dans le public, du fait de l’état du réseau, demeurent important en 2019. « Les décès sont restés identiques (8 comme en2018), alors que les blessés ont diminué de 50% (24 contre 48 en 2018) », indique le rapport annuel 2019.
La sécurité avant tout
L’entreprise explique que les poteaux bois demeurent le facteur le plus important de cause de décès dans le public. Ils représentent en effet 32% des causes de décès liés à l’état du réseau. Et pour cause, « plus de 40 000 poteaux en bois identifiés comme critiques n’ont pas encore été remplacés. La rareté de la matière première du fait de la crise sécuritaire dans le Nord-Ouest est la principale raison de ce blocage».
Une stratégie de sécurisation du réseau a été mise en place en 2018 et se poursuit encore. Elle s’articule autour des visites systématiques des lignes Moyenne Tension, surtout dans les zones à haut risque ; l’identification des poteaux en situation critique sur le réseau Moyenne Tension, et leur remplacement en priorité; l’introduction progressive des poteaux métalliques et béton.
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2019, l’Unité de Planification et de Production des Poteaux Bois (U3PB) d’Eneo n’a produit que 37 000poteaux bois contre 71 000 en 2018. Une baisse de près 50% de la production imputable à la crise sécuritaire dans le Nord-Ouest. Jusqu’en 2018, plus de 90% des poteaux bois bruts traités à l’U3PB venait du Nord-Ouest. Pour combler cette difficulté majeure, l’unité a initié enfin de l’année 2018 la signature de deux contrats majeurs avec l’Anafor et la mairie de Bagangté. Ces contrats visent la valorisation des forêts d’eucalyptus dans la région de l’Ouest, notamment dans le Noun et le Ndé, pour un potentiel estimé à 50 000 poteaux bois bruts l’an. De même, une autorisation d’exploitation de l’eucalyptus des forêts à Bana délivrée par le ministère des Forêts et de la Faune.
En 2019, Eneo a engagé des partenariats avec neuf entreprises locales pour la fabrication de poteaux en béton. Cette phase encore expérimentale a permis la fabrication de 1 858 poteaux béton avec un objectif annuel de 17 450 poteaux béton en 2020.
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