Accidents de Circulation : le secteur des assurances étonnamment muet sur le sujet
Alors que les entreprises qui le constituent sont aux premières lignes de la couverture des risques liés au phénomène, on les a trop peu entendus alors que les chiffres du nombre de mort sur les routes sont alarmants
Au cours d’une conférence de presse organisée le 7 septembre 2017 à Yaoundé, le ministre Issa Tchiroma Bakary en charge de la communication et porte-parole du gouvernement, s’est exprimé sur la récurrence des cas d’accidents de la route au Cameroun. « En termes d’accidents de circulation routière, alors que nous étions à environ 3088 cas pour l’année 2014, l’on dénombre déjà pour les huit premiers mois de l’année 2017, c’est-à-dire jusqu’à la fin du mois d’août, 4190 accidents dont 179 mortels, 784 corporels et 3227 matériels », a déclaré le ministre. Le mois d’août 2017 aura été particulièrement mortel avec un total de 626 accidents toutes catégories confondues, dont 34 mortels, 79 corporels et 513 matériels. Au-delà du débat sur les causes et les responsabilités, le responsable du gouvernement a apporté une précision de taille. Il a notamment parlé des causes matérielles. « Elles sont directement liées à l’état technique des véhicules majoritairement caractérisé par l’usure des pneus, la défaillance des systèmes de freinage, la complaisance coupable des agents chargés d’assurer la visite technique des véhicules.», a relevé le Mincom. Enfin, il a cité les causes infrastructurelles. « Elles concernent d’une manière générale le mauvais état des routes avec la fréquence de nids de poules, les défaillances dues à l’envahissement des accotements par la broussaille et donc, le défaut de cartonnage des abords de chaussée… » En clair, il a mis en avant de manière indirecte, les processus d’évaluation de risque par les assureurs, et leurs stratégies de contractualisation des contrat d’assurance automobile, le plus répandu sur le marché. A quelques exceptions près, on ne retrouve pas beaucoup de production des assureurs sur le phénomène des accidents de circulation au Cameroun. Pourtant la survenance de ce sinistre de manière répétitive, devrait impacter sur leurs résultats. L’assurance est généralement définie comme une opération par laquelle une partie, l’assuré, se fait promettre moyennant paiement de la prime sa substitution par l’assureur en cas de réalisation du risque assuré. Il faut noter qu’il existe plusieurs branches d’assurances : les assurances de personnes, les assurances de dommages non maritimes, les assurances IARD pour ne citer que ces cas. En assurance automobile, la loi l’a rendu obligatoire pour protéger les citoyens contre les dérives de certains conducteurs, parfois préposés des assurés, qui ne peuvent pas par eux-mêmes assumer les conséquences de leurs actes. En d’autre terme, une hausse des accidents de la circulation devrait inquiéter les assureurs, car cela signifierait aussi une augmentation des réparations des sinistres, toute chose qui pèse sur la rentabilité.
La question a été posée à certains acteurs du secteur, et la vérité c’est que les sociétés d’assurance opérant au Cameroun sont dans plusieurs dilemme, qui prend la forme de retard dans la réception des informations, un prix des primes homologué et négocié qui est désavantageux et le comportement irresponsable de certains assurés ou encore passager.
Asymétrie de responsabilité entre acteurs
La réparation d’un dommage, débute normalement selon des experts en assurance, avec la réception de du procès-verbal de police et le rapport d’accident. De sources proches du secteur, ce rapport met parfois des mois pour être transmis et tant que ce rapport n’est pas reçu, l’assureur ne peut déclencher le processus de réparation du dommage. Le processus lui-même ne va pas de soi. La compagnie d’assurance doit mener sa propre enquête, afin de savoir si aucune faute n’a été commise par l’assuré. Ces fautes comportent des éléments comme la surcharge. Généralement, l’assurance automobile couvre un nombre de place bien précis et une surcharge sur des places virtuelles, entraîne la déchéance de l’assuré et des passagers qu’il transporte. Dans la pratique, des passagers peu éduqués, acceptent volontiers de se faire surcharger et critiquent même ceux qui refusent cela. Or Dans le cas ou survient un accident, ceux-ci sont déchus de tout remboursement. L’hypothèse est que les assureurs qui connaissent mieux les contours d’un contrat d’assurance, ne s’attardent pas souvent sur ces risques d’éviction. Ainsi une police sera vendue, alors même qu’aucune visite technique n’a été faite sur le véhicule. Lorsque survient l’accident, l’assuré est informé des fautes et manquement commis et n’obtient pas de gain de cause.
Une Dynamique des prix qui n’est pas favorable
Mais on peut bien comprendre cette attitude du secteur des assurances dans une certaine mesure. L’activité vie de ce qu’un maximum de prime est perçu contre un minimum de sinistres réglés. Dans le cas du Cameroun, ce dilemme est encore plus fort en raison de primes d’assurance jugées faibles. « Le coût provisoire de réparation d’augmentation fortement probable, est de 6,407 milliards de FCFA. Les résultats sont en moyenne, en valeur relative, de 85%. Ce qui signifie que sur 100F de prime perçue, l’assureur doit dépenser 85 F pour payer les sinistres ; lorsqu’on diminue la prime de 15F au titre des frais d’acquisition, 5F au titre de la réassurance et 5F pour différents autres frais, le résultat est lourdement déficitaire pour l’ensemble, il est de 113% au minimum, et l’assureur professionnel doit à défaut de revoir son tarif à la hausse, appliquer les minimas résultant des grilles officielles », explique l’association des assureurs camerounais dans son dernier magazine.