Augmentation de capital : la Banque des PME demande 5 milliards à l’Etat
Depuis sa création, l’établissement de crédit à capitaux publics croule sous un déficit chronique. Cette perfusion financière devrait lui permettre de se remettre à flot et sous un nouveau modèle.
Le vendredi 22 janvier dernier se tenait à Yaoundé l’assemblée générale ordinaire de la Banque camerounaise des Petites et moyennes entreprises (BC-PME). Au cours de cette rencontre, les membres ont été appelés à délibérer sur les états financiers de l’exercice clos au 31 décembre 2019, la désignation de nouveaux administrateurs, et la fixation en régularisation des indemnités de fonction du conseil d’administration pour l’exercice 2020 entres autres. Selon une source en interne, l’un des points culminants à cette rencontre a été la demande formulée par les membres à l’endroit du ministère des finances (Tutelle financière) représenté à cette rencontre. Une demande de « libération de la 2e tranche de 5 milliards de FCFA du capital augmenté ». Si elle trouve un écho favorable auprès de l’argentier de l’Etat, cette pétition devrait porter à 20 milliards le capital de cette structure d’Etat. En effet, c’est lors de l’assemblée du 16 novembre 2018, que l’État, unique actionnaire de cette entité publique avait décidé d’une augmentation de capital ; passant de 10 à 20 milliards de FCFA. Mais jusqu’ici, seulement 5 milliards ont été libérés en date du 30 juillet 2019.
Lire aussi : 4 milliards de Fcfa de pertes pour la banque des PME en 3 ans
Changement de paradigme
En octroyant la 2e tranche du capital augmenté, l’Etat ferait un grand pas dans le processus de restructuration de la Banque camerounaise des PME qu’elle a engagé depuis quelques années. Restructuration qui devrait aboutir à l’émergence d’un nouveau modèle économique dicté par le Fonds Monétaire International. Selon le FMI, ce modèle repose sur une « réorientation de l’activité vers le financement indirect et le cofinancement ». Il s’appuiera sur le financement indirect auprès des banques commerciales (garanties, lignes de financement) et le cofinancement avec les banques commerciales et prévoira un abandon progressif du financement direct des PME au guichet de la banque. Par ailleurs, explique une source, le nouveau modèle permettra notamment de s’appuyer sur l’expertise des banques commerciales en termes de gestion des risques et aura un effet multiplicateur en incitant les banques commerciales à octroyer plus de crédits aux PME.
Lire aussi : La Banque des PME perd annuellement au moins 1 milliard de Fcfa
Gouvernance
Depuis sa création en 2011 jusqu’en 2017, la BC-PME a connu de nombreuses contraintes sur le plan de la gouvernance. Il s’agit notamment de la non tenue des sessions d’Assemblée Générale depuis l’ouverture de la banque en 2015, la non-conformité de l’entreprise avec certaines dispositions pertinentes de l’OHADA en ce qui concerne le droit des sociétés commerciales et du Groupement d’intérêt économique et la non-conformité avec la loi n° 2017/011 portant statut général des Entreprises Publiques . A cela on pourrait ajouter le non-respect de l’exhaustivité des normes prudentielles, notamment celles relatives à la représentation du capital minimum et des fonds propres minimum, les contraintes du FMI relatives à la modification du business model de la banque et la non approbation des comptes pour les exercices 2014, 2015, 2016, 2017.
Lire aussi : La Banque des PME sort du rouge
Dans le cadre du programme économique et financier avec le Fonds monétaire international (FMI) pour la période 2017-2020, l’Etat camerounais a pris l’engagement de restructurer cet établissement bancaire. Et pour cause, à la date du 31 août 2015, la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) avait relevé l’infraction à la norme relative à la représentation du capital minimum. C’est-à-dire que la BC-PME ne disposait pas de fonds propres qu’elle doit pouvoir justifier à tout moment. Finalement, le 30 août 2018, la Cobac, le gendarme financier dans la sous-région Cemac, a ouvert une procédure disciplinaire à l’encontre de la structure d’Etat ainsi que de ses dirigeants, pour non-respect des termes d’une injonction datant du 16 octobre 2017.