Covid-19 : les grands axes de la stratégie de riposte du gouvernement
Evalué à près de 480 milliards de FCFA, ce plan de lutte contre la pandémie permettra non seulement de sauver des vies humaines tout en préservant et soutenant le secteur productif, mais également de mettre en place les conditions favorables à une relance rapide de l’activité économique et une meilleure mise en œuvre de la deuxième phase de la vision 2035.
La stratégie gouvernementale de riposte et de résilience économique et sociale face à la Covid-19 s’étale sur la période 2020-2022. Elle est basée sur l’équilibre entre efficacité des mesures et soutenabilité budgétaire et vise entre autres ; à préserver les acquis du Programmes Économique et Financier conclu avec le Fond Monétaire International, à sauver des vies humaines tout en soutenant le secteur production, et à mettre en place les conditions favorables à une relance rapide de l’activité économique ainsi qu’à une meilleure mise en œuvre de la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030. A cet effet, cette stratégie de santé, la résilience économique et financière, l’approvisionnement stratégique, le renforcement de la recherche et de l’innovation, et la résilience sociale.
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Le renforcement du système de santé
Evalué à 58.7 milliards de FCFA, ce pilier permet de prévenir la propagation de la pandémie et de prendre en charge les personnes malades. Il comporte des mesures de nature à renforcer le système de santé dans l’identification, la prise en charge et le traitement rapide des cas avérés, mais aussi l’action préventive à travers la sensibilisation de masse sur le respect des regels d’hygiène de base et le port de masque, la recherche active des cas suspects, enfin la décontamination systématique des zones à risque.
La résilience économique et financière
Ce pilier est évalué à 375 milliards de FCFA et vise à atténuer les répercussions économique et financiers de la crise sanitaire sur les entreprises à travers une série de mesures administratives, fiscales, douanières et financières en direction des opérations économiques des secteurs formel et informel pour préserver l’activités économique, l’emploi et par ricochet la croissance économique. Ces mesures devraient contribuer à soutenir non seulement les branches d’activités et les filières fortement impactées par la crise, mais également celles relativement moins touchées mais dont l’activité exerce un fort effet d’entraînement sur le reste de l’économie domestique dans sa globalité.
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L’approvisionnement stratégique
D’un montant de 5.5 milliards de FCFA, ce troisième pilier vise à assurer la continuité de l’apprivoisement en produits de première nécessité, notamment les produits alimentaires et pharmaceutiques, mais à garantir une fourniture permanente en produits pétroliers.
Le renforcement de la recherche et de l’innovation
Celui-ci est évalué à 9.3 milliards de FCFA et permet de mettre en place des mesures structurelles en réponse aux enseignements tirés de la crise actuelle, eu égard à la dépendance vis-à-vis de l’extérieur et à la fragilité aux chocs de notre économie. En particulier, il s’agit d’exploiter la disponibilité annoncée de financements en faveur des structures de recherches, de manière à promouvoir la production locale des biens de première nécessité , notamment pour ce qui est du matériel médical, mais aussi les produits alimentaires locaux constituant des substituts aux importations qui grèvent notre balance commerciale.
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La résilience sociale
Ce pilier concerne les mesures à prendre pour alléger les difficultés auxquelles les ménages et les populations vulnérables font face, du fait de nombreuses restrictions instituées dans le cadre de la lutte contre la propagation de la pandémie de la Covid-19. Ainsi, plusieurs actions sont déjà en cours de mise en œuvre, en l’occurrence l’extension familiales de 2800 FCFA à 4500 FCFA ; l’augmentation de 20% du niveau des anciennes pensions n’ayant pas bénéficié de la revalorisation automatique survenue lors de la réforme de 2016. Des mesures additionnelles sont cependant envisagées en fonction de l’évolution des conséquences sociales de cette pandémie. A cet effet, une dotation totale de 30.5 milliards de FCFA est prévue.
Par ailleurs, il convient de préciser que pour l’année 2020, cette stratégie a contribué à structurer l’Ordonnance N °2020/001 du 30 juin 2020 pourtant collectif budgétaire de l’Etat pour l’exercice 2020, à travers l’institution d’un compte d’Affection Spéciale (CAS COVID-19) d’un montant total de 180 milliards de FCFA intitulé « Fonds Répercussions économiques et sociales ». Ce CAS COVID-19 devrait concourir à l’atteinte des objectifs visées dans la stratégie à travers notamment la prise en charge, des dépenses sanitaires liées à la lutte contre la pandémie du Coronavirus au Cameroun, des dépenses de soutien social de l’Etat aux personnels vulnérables aux entreprises dans les secteurs d’activités affectés par la pandémie, et du financement de la recherche et de l’innovation dans le cadre de la lutte contre le Coronavirus. C’est dans ce sens que le Décret N°2020/3221/ PM du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, fixant la répartition de la dotation dudit CAS pour l’année 2020, a permis de définir les allocations budgétaires des activités prioritaires à mener en vue de l’atteinte des objectifs.
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Aussi, il faut relever que les financements de cette stratégie de riposte à travers l’approvisionnement du CAS COVID-19, proviendront essentiellement du budget de l’Etat, des contributions des partenaires techniques et financiers sous formes de dons ou prêts, et des contributions des personnes physiques ou morales pour la lutte contre le Coronavirus.
Tout ceci devrait permettre de relever les défis à court terme liés à cette pandémie, à savoir sauver des vies humaines et soutenir le secteur productif. À moyen et long termes, ces défis s’inscrivent dans le processus d’opérationnalisation de la deuxième phase de la version 2035 du Cameroun. Cela passe par le renforcement dans la stratégie 2020-2030, des aspects sur le développement du capital humain en général, et du système de santé en particulier. En outre, la transformation structurelle devrait être complétée par des politiques audacieuses de résilience sociale, à l’effet de réduire à un niveau acceptable les inégalités et la pauvreté à l’horizon de la stratégie. Il est également envisagé de promouvoir un nouveau modèle économique bâti entre autres sur la mise en place effective des processus d’import-substitution et de préférence nationale, avec le renforcement de la transformation des produits locaux et la consolidation de l’économie numérique.
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C’est ainsi que le gouvernement camerounais, conscient d’être à un tournant majeur de la mise en œuvre de sa version de développement, s’est engagé dans un processus efficace, transparent et redevable dans la gestion et l’utilisation des fonds destinés à la lutte contre le Coronavirus, en vue de relancer l’activité économique pour retrouver le sentier de croissance comptable avec nos objectifs à l’horizon 2035. Cet engagement est matérialisé par la Circulaire N°00220/C/MINFI du 22 juillet 2020, précisant les modalités d’organisation, de fonctionnement et de suivi-évaluation du Fond spécial de solidarité nationale pour la lutte contre le Coronavirus et ses répercussions économiques et sociales.