Service de la dette : le gouvernement revoit ses ambitions à la baisse
Les arbitrages y relatifs arrêtés dans la Loi de finances 2021 adoptée par l’Assemblée nationale sont de loin inférieurs aux prévisions contenues dans le document de cadrage budgétaire 2021-2023.
Comme une lettre à la poste ! Le projet de loi des finances 2021, a d’ores et déjà reçu le quitus de la chambre basse du parlement, qui, sans surprise, l’a adopté à l’unanimité. Pour cet exercice, le gouvernement a opté pour la consolidation budgétaire visant la réduction du déficit à moyen terme après la forte dégradation enregistrée en 2020 du fait de la crise sanitaire du coronavirus. La loi ainsi adoptée s’inscrit dans le double souci de garantir la soutenabilité de « notre endettement et la stabilité macroéconomique » précise l’exposé des motifs de ladite loi. Ainsi donc, le budget général s’équilibre en ressources et en emplois à 4865,2 milliards de FCFA. Dans la répartition des postes de dépenses le gouvernement prévoit affecter un montant de 982,4 milliards de FCFA au titre du remboursement de sa dette, soit 491 milliards pour la dette intérieure et 491,4 milliards pour la dette intérieure. Un montant qui est en baisse de 49,3 milliards par rapport à l’exercice précédent. Selon le gouvernement, ce montant prend en compte un allègement de 66,5 milliards de FCFA, concernant le principal de la dette extérieure vis-à-vis des bailleurs bilatéraux publics du G20. Quoi qu’il en soit, l’ambition du Cameroun sur ce segment reste en dessous des orientations présentées au mois de juillet dernier par le gouvernement dans le Document de programmation économique et budgétaire(Dpeb) 2021-2023. Ce document, alors soumis à la discussion Parlementaire servait de cadre de référence à l’élaboration du budget au cours du triennat 2021-2023, dont il définissait les principales orientations. Sur le segment de la dépense, le Dpeb prévoit pour les trois années à venir une allocation d’en moyenne 46% du budget global par an pour les dépenses courantes, 29% pour les dépenses d’investissements et en moyenne 24% du budget pour le service de la dette. En observant la loi des finances 2020, l’on observe bien que cette ventilation par grandes masses sur le segment de la dépense a connu une réorganisation. S’agissant du remboursement de la dette, le Dpeb prévoit près de 1233 milliards en moyenne par an sur le triennat. Dans la loi des finances, ce poste de dépense, comparativement au document de cadrage a été amputé de 250,6 milliards de FCFA. A contrario, les dépenses en capital ont été revalorisées, passant de 825 milliards en moyenne par an à 1 352 milliards.
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Eurobond
Lorsqu’il fixait à 1233 milliards l’enveloppe moyenne annuelle allouée au service de la dette pour le prochain triennat, le gouvernement camerounais avait des objectifs bien précis. « La programmation s’élève à près de 1233 milliards en moyenne par an sur le triennat 2021-2023, dont 726,6 milliards pour la prise en charge de la dette extérieure, notamment en raison du début du remboursement de l’ « Eurobond » contracté en 2015 pour le financement du PLANUT, et 506,5 milliards pour la prise en charge de la dette intérieure » indique le Dpeb. En effet le remboursement du principal de ces obligations émises sur le marché européen des titres démarrera à partir du 19 novembre 2023. Le Cameroun devra en effet effectuer un premier versement équivalant à 150 milliards de FCFA. Lequel devrait se poursuivre jusqu’en 2025. A cela s’ajoute les 42 milliards de FCFA que le Cameroun paie chaque année au titre des intérêts. Une grosse enveloppe pour lequel le Cameroun avait choisi de se préparer afin d’honorer ses engagements.
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« Pour comprendre le choix du gouvernement, il faut se mettre dans la conjoncture actuelle, où le pays fait face à de multiples crises sécuritaires, et sanitaires ; lesquelles impactent sur l’activité économique » commente un responsable au ministère des Finances. D’ailleurs, l’hypothèse d’un moratoire sollicité par le pays vis-à-vis de ses créanciers n’est pas à évacuer au vue du contexte actuel. D’après le journal en ligne Ecofin, les autorités camerounaises seraient en train de mener une réflexion avec l’accompagnement du Fonds monétaire internationale pour effectuer un refinancement de son eurobond. «L’objectif de cette démarche serait, dans la mesure du possible, de repousser les échéances de remboursement du montant principal (450,4 milliards de FCFA) de cet emprunt international » commente le journal.
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Conjoncture défavorable
Si le Cameroun jouit encore d’une signature relativement crédible auprès des investisseurs, il n’en demeure pas moins que la conjoncture actuelle liée au défaut de paiement de la Zambie contribue à destabiliser une bonne partie des pays africains au-dessous du Sahara. Selon l’agence de notation Fitch, l’Angola, le Congo et le Gabon ne sont pas eux aussi à ; l’abri d’un défaut de paiement à cause des effets de la crise sanitaire du coronavirus pesant sur les prix du pétrole dont tous les 3 sont producteurs. Pour l’instant, le Cameroun est moins probable d’être dans cette cuvée, du fait surtout de la diversité relative de son économie. Mais l’environnement international marqué par la frilosité des investisseurs pourrait jouer en sa défaveur.