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Entrepreneuriat: quand être une femme est une circonstance aggravante

C’est l’une des conclusions du rapport sur l’Entreprenariat et genre au Cameroun publié par l’Institut nationale de la Statistique.

L’égalité des sexes sur le continent africain demeure l’une des préoccupations des pouvoirs en places. A cet effet dans son agenda 2063, l’un des objectifs de l’Union Africaine prévoit  une égalité complète entre les hommes et les femmes dans toutes les sphères de la vie. Au Cameroun des politiques sont mises en œuvre pour insérer la gente féminine dans les cercles de décisions. Pour évaluer ce critère, l’Institut national de la statistique (INS) a publié un rapport daté du mois de Juin 2020, intitulé ‘‘Entreprenariat et genre au Cameroun’’, dont l’objectif est d’évaluer la participation entrepreneuriale des femmes au Cameroun. Les données utilisées dans ce document étant exclusivement celles du deuxième Recensement général des entreprises (RGE-2) réalisé en 2016 par l’INS.

Selon les résultats du RGE-2, 37,5% des promoteurs d’entreprises sont des femmes. Celles-ci sont mieux représentées dans les Très petites, petites et moyennes entreprises, comparativement aux Grandes entreprises ou elles sont représentées à hauteur de 11,4%. Cette situation s’explique en partie « d’une spécialisation des femmes dans la création des TPE et PE qui sont généralement des entreprises individuelles », note l’INS.

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L’analyse de la performance des entreprises faite dans ce document se base alors sur deux critères clés que sont le chiffre d’affaires et le nombre d’emplois. S’agissant du chiffre d’affaires, l’INS indique que « dans l’ensemble, 7,8% des entreprises promues par les hommes ont réalisé un chiffre d’affaires supérieur au chiffre d’affaires moyen national, contre 6,3% chez les femmes. Par secteur d’activité, l’on relève dans le primaire que les entreprises promues par les femmes sont plus performantes que celles promues par les hommes. Par contre, dans les secteurs secondaire et tertiaire, les entreprises promues par les hommes paraissent plus performantes que celles promues par les femmes ».

Du côté du nombre d’emplois, l’Institution révèle que « 6,1% des entreprises promues par les hommes emploient un effectif supérieur à la moyenne nationale contre 4,2% chez les femmes. L’on note, quel que soit le secteur d’activité considéré, que les proportions d’entreprises dont l’effectif employé est supérieur à la moyenne du secteur sont plus élevées chez les hommes que chez les femmes. Il apparait que les promoteurs offrent plus d’emplois que les promotrices ».

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Difficultés

L’INS ressort aussi dans sa publication ce à quoi font face les femmes entrepreneures. Obstacles qui sont de plusieurs ordres. Sur le plan institutionnel : « selon les résultats du RGE 2, les deux principaux obstacles à l’entrepreneuriat sont la pression fiscale et la corruption. En outre, la difficulté d’accès aux débouchés et au crédit représente le troisième principal obstacle à l’entreprenariat respectivement chez les femmes et chez les hommes ». Sur le plan économique « En effet, environ 95% de femmes n’ont pas eu accès aux financements des établissements de crédit lors du démarrage de leur entreprise, contre 93% d’hommes. Cette situation peut s’expliquer en partie par le fait que les femmes disposent souvent moins de garanties nécessaires exigées par les institutions financières ». Et enfin l’on peut noter des obstacles sur le plan individuel, ou 99% des entreprises promues par des femmes sont des entreprises individuelles. Le phénomène de fermeture ou de faillite d’entreprises est alors plus observé chez les femmes que chez les hommes. Avec moins de 8% de femmes ayant pu franchir le cap de 10 ans d’expérience contre 11,1% chez les hommes.

Propositions

De façon générale, l’INS conclu que l’entrepreneuriat féminin reste encore insuffisamment développé. Le pays étant engagé dans l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD),  notamment l’ODD5 qui est celui de parvenir à l’égalité des sexes, l’institution statistique préconise à l’Etat quelques pistes de solutions pour améliorer cet état des choses. Il s’agit : d’engager des réformes à l’effet de faciliter et d’encourager la création d’entreprises par les femmes ; accompagner ces dernières dans la gestion et le développement de leur entreprise; mettre en place des mécanismes pour une fiscalité incitative, une baisse de la corruption et l’accès aux marchés ; faciliter l’octroi des crédits aux femmes par les établissements financiers ; accompagner les femmes dans la migration du secteur informel vers le secteur formel ; inciter et encourager davantage l’éducation de la jeune fille.

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L’entrepreneuriat au-delà du genre

Clara Fongang, se fraie tant bien que mal son chemin

Cette jeune entrepreneure propriétaire d’un pressing dans la ville de Yaoundé s’est également spécialisée dans la confection de chapeau.

L’on constate de plus en plus que les femmes camerounaises se tournent vers l’entrepreneuriat bien-que leur taux de pénétration dans le secteur demeure encore faible. Soit 37,5% selon l’INS. Elles essayent donc de se frayer un chemin dans les divers secteurs tels que l’industrie alimentaire, vestimentaire etc. C’est le cas de Clara Fongang qui touche un peu à tout en tant que jeune entrepreneuse. « Je suis propriétaire d’un pressing dans la ville de Yaoundé. En plus de cela je propose aussi des services de secrétariat bureautique, la vente de vêtements, la confection et la vente de chapeaux », indique-t-elle.

Pour en arriver le chemin n’a pas du tout été facile. L’une des contraintes auxquelles elle dû faire face c’est l’attirance de sexe opposé. « Quand j’ai commencé mon business de vente de vêtements avant d’avoir un local fixe comme c’est le cas actuellement, je passais dans les bureaux administratifs, dans les ministères… où j’ai eu à faire face à des hommes qui me courtisaient. Ceux-ci prenaient de la marchandise chez moi juste parce qu’ils étaient intéressés par moi. D’autres retenaient mon argent juste pour que je passe le leur réclamés pour me voir continuellement. Et face à ce genre de comportement, il faut juste garder son intégrité et être focus sur ce que l’on recherche et où l’on va » confie Clara.

A cela s’ajoute aussi le système des impôts et la corruption que décrie la jeune dame : «Quand tu te rends aux impôts tu demandes toutes les pièces qu’il faut pour être en règle, on se met à te tourner juste parce qu’il faut que tu te mettes à négocier avec les agents des impôts pour leur graisser la patte. Je me souviens une fois j’ai payé tout ce qu’il fallait aux impôts mais l’on ne voulait pas me fournir mes pièces. J’étais obligée de faire recours à un avocat pour entrer en possession des originaux des documents en question».

Du côté de la gestion du personnel l’on n’est pas toujours sortir de l’auberge. « Trouver des gens fiable avec qui travailler, deviens de plus en difficile. C’est un constat que j’ai déjà eu à faire, depuis que j’embauche du personnel. La personne en face de toi n’est pas prête à se donner pour faire du résultat. Elle travaille avec beaucoup de négligence, de laxisme, parce qu’elle sait qu’elle aura son salaire à la fin du mois. Et face à ça, je réfléchis comment faire pour payer la personne dorénavant en fonction de sa rentabilité ».

S’agissant du financement cette dernière indique ne pas avoir recours à des prêts auprès des institutions bancaires et fonctionne avec ses propres fonds.

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