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Crise anglophone: il est temps de parler même de la forme de l’Etat

Les innommables atrocités perpétrées dans le NOSO sont le produit direct de la radicalisation des sécessionnistes et du gouvernement. Le Directeur exécutif et Rédacteur en chef de EcoMatin livre la position éditoriale de votre journal sur cette tragédie nationale. Par Serge D. BONTSEBE

Depuis des mois, EcoMatin s’est refusé à la tentation, souvent vive, de mobiliser son tabloïd, qu’il a décidé de verrouiller sur les questions d’économie et de finance, pour parler de la crise politique et sécuritaire qui sévit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Cela, était le rôle de son journal en ligne, www.ecomatin.net , mais surtout de ses excellents confrères généralistes et politiques, qui s’acquittent d’ailleurs si bien de leur mission. Mais l’attaque qui s’est produite hier, 24 octobre 2020 à Kumba, dans un collège, à l’issue de laquelle des assaillants non identifiés ont ôté la vie, en tirant de sang-froid et à bout portant à six enfants, est venue nous convaincre de ce que nous n’avions pas tracé notre ligne rouge éditoriale au bon endroit.

De toutes les façons, sans la paix, il est difficile de développer l’économie. Une chose fut d’y aller et une autre fut de trouver une orientation éditoriale pertinente à ce sujet. Et la discussion, sur ce dernier point, fut longue : se joindre à la vague de dénonciations, d’indignations et de colère qui a aussitôt suivi cet odieux acte, ou se demander, dès aujourd’hui, de quoi ces atrocités à répétition sont le nom et commencer à œuvrer, avec lucidité et courage, dès cette minute, quitte à paraître politiquement incorrects, à ce qu’ils ne se reproduisent plus.

Sans que la première option ne soit ni ignorée et ni incomprise, c’est la seconde, vous vous en rendez-compte, qui a emporté notre choix éditorial. Que les choses soient bien claires : il n’est, de notre point de vue, aucune cause qui justifie une telle bestialité. Aucune. Et, pour EcoMatin, l’Etat doit mettre en œuvre tous les moyens militaires dont il dispose pour mettre les auteurs de ces innommables actes hors d’état de nuire. Mais il n’est aussi, pour nous, aucun sacrifice, aucun compromis, aucun absolu qu’un Etat digne de ce nom ne puisse envisager et même accepter pour la paix et la concorde nationales. Aucun. Ce dont la crise anglophone est le nom, au-delà-de tout, c’est la contestation, par une partie du peuple camerounais, de la forme actuelle de l’Etat, et accessoirement, du processus qui a débouché sur l’unification du pays. D’avoir élevé cette forme de l’Etat (laquelle a du reste évolué depuis l’indépendance) au statut d’inviolable absolu et de l’avoir érigée, comme le font les intégristes religieux, en impardonnable blasphème, le gouvernement a choisi d’alimenter, par sa radicalisation sur ce point, le seul qui vaille, la radicalisation des contestataires anglophones, dont les égorgeurs du NOSO sont les avatars et les ombres meurtrières.

Il est temps de sortir de cette logique circulaire, de dialoguer entre fils d’une nation, de se pardonner, et de résoudre ce problème qui insulte l’intelligence des Camerounais depuis plus de quarante ans ! Il est temps, enfin, d’y travailler, vraiment, résolument, honnêtement, simplement.
C’est, selon EcoMatin, le seul hommage digne de la mémoire de toutes les victimes de cette honteuse guerre.

Lire aussi : Massacres de Kumba : le prix de la radicalisation

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