Cameroun : 270 000 emplois perdus en 2020 à cause de la Covid-19
En présentant le programme économique du gouvernement au Parlement, le premier ministre a promis la création de 550 000 emplois pour réduire le chômage et le sous-emploi des jeunes, des femmes et des couches vulnérable.
En 2020, l’exécution des projets et programmes d’investissement public au Cameroun devrait générer 231 160 « opportunités d’emplois » ou « work opportunities (WO) », en anglais. C’est le nombre d’emplois permanents, temporaires et occasionnels susceptibles d’être créés. Ce chiffre tombe à 84 992 emplois lorsque l’unité de mesure est l’«équivalent temps plein (ETP). Il s’agit là des statistiques actualisées par le ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle (Minefop) avec l’appui du Bureau international du travail (BIT).
Obtenues grâce au Guide d’évaluation du potentiel d’emplois des projets et programmes d’investissement public au Cameroun conçu depuis 2017 par le BIT, ces données ont été présentées le 15 octobre 2020 à Yaoundé. Elles montrent une baisse par rapport aux estimations initiales qui étaient de 273 958 WO et 100 382 EPT.
Lire aussi : En 30 ans, le FNE a créé plus de 30.000 emplois directs et indirects
Selon le Minefop, Issa Tchiroma Bakary, ces chiffres restent importants malgré tout et peuvent d’ailleurs être améliorés d’ici la fin de l’exercice. Ce n’est pas négligeable, soit. Mais c’est loin d’être, à proprement parler, une bonne nouvelle. Bien au contraire. En présentant le programme économique, financier, social, culturel du gouvernement pour l’exercice 2020 devant le Parlement, le 29 novembre 2019, le Chef du gouvernement, Joseph Dion Ngute a annoncé la création de 550 000 emplois avec, en prime, la promotion des emplois jeunes par une exemption des charges patronales sur les salaires des employés de moins de 35 ans. On est bien loin des estimations du Minefop et du BIT soit une perte qui varie de 276 042 à 318 840 emplois. Surtout que le gouvernement estime qu’il y a eu création de 457 640 emplois en 2019.
Lire aussi : Formation-emploi : le Gicam dénonce la formation professionnelle
Coup de théâtre
Parmi les causes de la dégradation de ces projections, l’on évoque la pandémie du coronavirus avec l’apparition du premier cas positif du Covid-19, le 6 mars 2020. La crise sanitaire qui s’en est suivie a eu pour conséquences entre autres la révision à la baisse des perspectives de croissance pour 2020 de 5,1points. Cette « croissance » se situe actuellement à -1,1% contre 4% dans la loi de finances initiales ; la révision à la baisse de l’Etat de 542,6 milliards de FCFA (-11%) du budget ; la révision à la baisse de 768,6 milliards (-22,2%) des objectifs de mobilisation des recettes internes, notamment du fait de la réduction de 14,3% des recettes pétrolières ; la détérioration du solde budgétaire global à -4,5% du PIB en 2020 contre -2,1% initialement.
Pourtant, l’année 2020 a commencé avec de belles espérances : l’espoir que la Stratégie a commencé avec de Nationale de Développement du Cameroun à l’horizon 2030 soit mise en œuvre, l’espoir d’une croissance retrouvée selon les prévisions du Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce), l’augmentation du taux d’emploi, etc. dans ses hypothèses macroéconomiques, le gouvernement table sur un taux de croissance du Produit Intérieur Brut de 4%, une inflation contenue à moins de 3%, un déficit budgétaire global de 2,1%, un prix moyen du baril de pétrole de 55,3 dollars avec une parité de 575 FCFA pour un dollar.
Lire aussi : Croissance et emploi : le secteur privé ne croît plus au DSCE