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Entretien routier : comment l’Etat asphyxie le Fonds routier

L’établissement public administratif ne reçoit que 60 milliards de FCFA/an depuis 2018, pour un engagement annuel de plus de 120 milliards de FCFA.

L’axe routier Yaoundé-Olama-Kribi sera bientôt doté d’un poste de péage routier. L’ouvrage sera construit au lieu-dit Nkolemomodo, à l’entrée de la ville de Ngoumou située à environ 45 km de la capitale. Ce ne sera pas une de ces infrastructures futuristes annoncées sur les axes Yaoundé-Douala-Limbé, Yaoundé-Bafoussam-Bamenda, Douala-Bafoussam et l’accès à l’aéroport de Nsimalen.

Sur ces tronçons, chaque poste de péage routier actuel (14 en tout) sera remplacé par des infrastructures comprenant un système de communication vers les usagers au moyen d’un Site web ; une plateforme de péage de 50m de large en structure de béton de 49 cm ; des ilots séparateurs de voies de 2m de large ; des îlots d’une longueur de 30m ; un auvent métallique avec un toit en frome de V et W ; des entonnements de 50m de part et d’autre de la plateforme avec structure de chaussée souple de 34 cm d’enrobés ; 14 bâtiments (R+1) d’exploitation de 124m² chacun ; 03 centres d’entretien de 46m² (Tiko, Mbankomo et Bandja) ; 01 centre d’exploitation et de maintenance de 196m² à Mbankomo ; 42000m² d’aires de parking aménagés et espaces marchands dans l’ensemble ; une classification automatique de véhicules en deux catégories (PL-VL) et un système de reporting des données.

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Pour le chef-lieu d la Me-fou et Akono dans la région du Centre, ce ne sera rien de tel. Juste deux « cases » qui ressemblent davantage à une sorte d’abri contre les intempéries pour l’équipe de service mais qu’importe, ici on s’en contente. Ce d’autant plus qu’en général « les postes de péage sont aussi un pôle d’activités. Je pense que ça va aider donc les populations riveraines à écouler plusieurs produits », se réjouit le maire de Ngoumou, Jean Baptiste Atemengue. « Les études sont terminées et une descente de vérification de la disponibilité du site a été faite récemment, nous attendons le démarrage du chantier », poursuit le magistrat municipal qui rassure : « l’emplacement, au lieu-dit Nkolemomodo, répond aux critères habituels, visibilité, sécurité.

Une fois opérationnel, dans quelques mois, le poste de péage de Ngoumou, sera le 45e sur le réseau routier national. Une source supplémentaire de recettes pour l’Etat qui en a grand besoin pour l’entretien routier.

Au-delà des populations riveraines, de nombreux habitants de la ville et même des environs voient en cet ouvrage une opportunité de revenu. Ainsi, confie Alphonse Bayiha, un conducteur local de mototaxi, ce poste de péage est un signe d’une évolution à la hausse du trafic routier sur cet axe qui va relier la capitale à la cité balnéaire de Kribi.

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La goutte d’eau des recettes du péage routier

C’est le compte à rebours dans l’esprit des habitants de Nkolemomodo, à l’entrée de la ville de Ngoumou, sur l’axe Yaoundé Kribi. Dès l’année prochaine, les véhicules qui empruntent cette route marqueront un arrêt obligatoire ici pour s’acquitter de leur ticket de péage, 500 FCFA par passage. La route Yaoundé-Kribi permet de relier Yaoundé au complexe industrialo portuaire de Kribi, elle constitue actuellement le trajet le plus court entre les deux villes.

Une fois achevé, le péage de Ngoumou sera le 45e sur le réseau routier camerounais. L’implantation d’un poste de péage sur cet axe participe de l’amélioration de la mobilisation des recettes internes par les pouvoirs publics. Le futur péage devrait générer d’importantes recettes avec l’accroissement du trafic, en lien avec les travaux de bitumage de la section Olama-Kribi.

Selon les chiffres du Fonds routier, organisme dédié au financement de l’entretien routier, les 44 péages routiers actuellement opérationnels génèrent autour de six milliards de FCFA de recettes par an. Sur les cinq dernières années, le péage a rapporté 5,5 milliards de FCFA en 2019 contre 6,198 milliards en 2018, 5,925 milliards en 2017 et 5,870 milliards en 2016 et 5,707 en 2015. En principe, l’argent du péage routier devrait aller au Fonds Routier pour être réinjecté à la route. Mais « en réalité, tel n’est pas le cas car les fonds sont reversés au Trésor public qui pour certaines contraintes ne reverse pas toujours », confesse une source proche du dossier.

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120 milliards de FCFA

Face à la modicité de ces ressources par rapport aux besoins et à l’enjeu de l’entretien routier, le gouvernement a décidé en 2004 de renforcer les capacités du Fonds Routier à travers Ia diversification et l’amélioration de la mobilisation de ses ressources. Outre les recettes du péage, le Fonds est ainsi alimenté par la redevance d’usage de la route, la taxe à l’essieu, les recettes du pesage. Le produits de ces recettes a atteint 69,908 milliards de FCFA en 2015, 70,055 milliards en 2016, 70,441 milliards en 2017.

Mais depuis 2018, précise le directeur de l’Entretien et de la Protection du Patrimoine routier au ministère des Travaux publics (Mintp), Michel Mbem Ngombe, « la loi des finances plafonne désormais à 60 milliards de FCFA le montant à prélever sur la TSPP au titre de la Redevance d’usage de la route, la taxe à l’essieu, les recettes de péage et de pesage. » Or, rappelle-t-il, « lors des exercices antérieurs, la loi de finances fixait la redevance d’usage de la route, à elle seule, à 60 milliards sans empiéter sur les recettes de péage, de pesage et de taxe à l’essieu».

Au Fonds routier, l’on souligne que le plafonnement à 60 milliards dans la loi de finances de l’ensemble des ressources destinées à l’entretien routier et reversées au Fonds routier s’est fait en dépit des prescriptions de la Banque mondiale dans le cadre des opérations d’appui aux politiques de développement et qui fixait à plus de 100 milliards de FCFA la capacité autonome de mobilisation des fonds ou à un minimum de 70 milliards de FCFA les ressources à transférer au Fonds routier pour couvrir au moins 95% des besoins d’entretien des routes prioritaires définies par le Mintp.

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Par conséquent, regrette un responsable, « le Fonds routier n’est pas en mesure de répondre aux besoins en entretien routier, estimés en 2018 à près de 120 milliards, par les services du Mintp ».

Au 31 décembre 2019, les décomptes en instance et des ordres de virement non dénoués auprès du Trésor public sur les guichets entretien et investissement représentaient 14,4 milliards de FCFA contre 45 milliards en 2018 (sur un engagement de 150 milliards de FCFA).

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