Aviculture : le poulet toujours menacé par des importations de congelés
De plus en plus, les services publics en charge du commerce saisissent des cargaisons importantes de poulets congelés sur le territoire national, alors que les importations de découpes sont interdites depuis 2006.
Alors qu’on pensait mort le phénomène d’importation et de commercialisation des découpes de poulets congelés en terre camerounaise, il n’en est rien. Et ce sont les services de la direction générale de la Douane qui viennent d’en faire la preuve. Vendredi 28 septembre dernier, ses agents ont saisi quelque 550 kilogrammes de découpes de poulets congelés dans la ville de Yaoundé. Selon les explications de la Douane, l’importateur frauduleux s’apprêtait à les écouler sur le marché.
Cette prise n’est pas isolée. En février de cette année, trois tonnes de poulets congelés avaient en effet été saisies par les forces de l’ordre à Ambam, dans la région du Sud, alors que la cargaison s’acheminait vers les régions du Centre et du Littoral. Elle avait été détruite. Plusieurs mois plus tôt, en octobre 2015, ce sont 530 kilogrammes de découpes de poulets congelés qui avaient été saisis et détruits à Yassa, à l’entrée Est de la ville de Douala. Des exemples du genre ne manquent pas. Différentes sources indiquent que, pour la plupart, ces importantes bénéficient de la porosité des frontières camerounaises, avec une route privilégiée qui passe par les pays voisins que sont le Gabon et la Guinée équatoriale, via les villes frontalières Ambam et Kyé-Osi.
Ces saisies semblent importantes, mais elles ne sont pas suffisantes pour juguler le phénomène. Sur le marché camerounais, force est de constater que beaucoup de quantités de poulets congelés passent à travers les mailles de la régulation. En effet, en décembre 2017, l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (ACDIC) attirait l’attention des pouvoirs publics sur la présence constante de ces denrées alimentaires dans certains marchés, notamment à Yaoundé. Pour ne pas être démasqués, les commerçants développent en permanence de nouvelles stratégies de contournement, dissimulant leurs marchandises à l’approche des équipes de contrôle, et entreposant des chambres froides dans des domiciles privés.
Encouragée par les consommateurs
Cette résurgence de la commercialisation du poulet congelé, même si elle reste une affaire de « circuit et de réseau », est encouragée par de nombreux consommateurs camerounais. Certains justifient l’achat des poulets congelés par les coûts attrayants : entre débourser 3 000 FCFA pour acheter un poulet local de 1,8 kilogramme et payer des découpes de poulets de 2 kilogrammes à 2 000 FCFA, le choix est vite fait. L’autre avantage est que les acheteurs ont la possibilité de prendre, en fonction de la bourse, des petites quantités dont les prix varient entre 700 FCFA et 1 000 FCFA. Certains évoquent enfin le gain de temps, le poulet congelé étant « prêt pour la cuisson ».
Rappelons que l’importation du poulet congelé est interdite au Cameroun depuis l’arrêté du ministre de l’Elevage, des pêches et des industries animales (MINEPIA) datant du 16 mars 2006. Cette interdiction avait été prise au terme d’une longue bataille de la filière avicole qui dénonçait la malbouffe et la mort programmée de l’activité nationale. Cela avait, selon les acteurs, relancé la filière. Sur la période 2011-2016, la volaille a représenté 34,38% de la production de viande au Cameroun, même si elle a par la suite été touchée par deux épizooties successives entre 2016 et 2017 avec des pertes d’environ 16 milliards FCFA d’après les pointages de l’Interprofession avicole du Cameroun (IPAVIC).
La rédaction EcoMatin