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Dettes publiques : Eneo dans l’étau des impayés

L’Etat, Alucam et Cicam parmi les principaux clients insolvables. Afin 2019, l’électricien camerounais cumulait 100 milliards de FCFA de créances à recouvrer.

Le personnel des usines de production de la Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam) à Douala et Garoua redémarrent leurs activités mardi, 29 septembre 2020. Ces employés observent un congé technique depuis un mois. Période qui a permis à l’entreprise de procéder à la maintenance et l’entretien des équipements. La reprise des activités est adossée au rétablissement de l’électricité par le distributeur Eneo. Lequel avait suspendu la fourniture à la Cicam depuis le début de la semaine dernière pour factures impayées. Il n’est pas encore possible de dire quel est le montant réel des créances, toutefois, il excèderait les 100 millions de Francs CFA selon des sources internes à l’entreprise. La même source nous confirme que qu’un accord aurait été trouvée entre la Cicam et Eneo consécutivement au paiement des créances. Les clauses dudit accord ne sont pas encore connues.

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Contre-performance chronique

La Cicam, entreprise spécialisée dans la fabrication de tissus 100% coton, est en restructuration dû conséquemment à des tensions de trésorerie. L’entreprise historique se meurt lentement, victime d’une concurrence déloyale, au vieillissement de ses équipements et à la contrebande. Autrefois fleuron de la fourniture des pagnes dans le pays et la sous-région, les parts de marché de la Cicam n’ont cessé de baisser en trente ans en passant de 85% en 1985 à moins de 5% en 2019. Les autres parts de marché sont occupées à 80% par des textiles en provenance d’Asie, 10% du Nigeria et 5% issus des autres pays du continent.

La Cicam fait face à un effondrement continuel de ses ventes depuis 1998, lesquelles ne représentaient que 30 % de leur niveau de 1985 pour se stabiliser à moins de 20 % en 1992. Le chiffre d’affaires de la structure a lui-même baissé dans la même période, de 23,3 milliards de F.CFA à 7 milliards de FCFA en 1994. Il n’a eu de cesse de croitre pour se situer à 25% à fin 2019.

La trésorerie de la Cotonnière industrielle du Cameroun reste faible ces cinq dernières années. Au 31 décembre 2018, l’entreprise affichait un résultat net déficitaire de près de 4 milliards de FCFA. Entre 2016 et 2018, la sous-activité a coûté respectivement 1,6 milliard de FCFA, 1,9 milliard de FCFA et 2,2 milliards de FCFA.

40% du chiffre d’affaires de la Cicam est aujourd’hui porté par la production des pagnes de la Journée internationale de la femme, commande du ministère de la Promotion de la femme et de la famille. Plus de 5 millions de mètres de tissus sont ainsi produits chaque année. En 2020, ce sont moins d’un million de mètres qui ont été produit du fait d’une panne enregistrée sur le graveur, une machine qui coute plus de 200 millions de Francs CFA. La pénurie occasionnée avait ouvert la voie à la commercialisation de pagnes de contrebande, accentuant les déficits de la Cicam.

L’Etat a pris plusieurs actions depuis 2010 pour favoriser le relèvement de la Cicam. En 2015, le gouvernement signait avec la structure un contrat-plan d’une valeur de 13,21 milliards de FCFA pour sa réhabilitation ; En 2013, l’entreprise bénéficiait d’un prêt souverain de 5,5 milliards de FCFA pour rajeunir ses équipements ; en 2010, le Cameroun avait annulé 3,5 milliards de FCFA de dette fiscale et transformé le reliquat de 1,9 milliard de FCFA en actions et primes d’émission.

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Eneo et le dilemme des impayés

Le différend qui oppose la société Eneo à la Cicam est loin d’être un cas isolé. Selon l’entreprise un client sur deux (ménages et grandes entreprises comprise) lui est redevable.

Au 31 décembre 2019 le concessionnaire du service publique de l’électricité au Cameroun réclamait déjà une somme de 100 milliards à ses débiteurs. Parmi ceux-ci l’Etat du Cameroun et la société Alucam figuraient en première place. L’administration publique et ses démembrements avaient alors porté les arriérées de paiement de factures d’électricité à 70%. A cause de ses difficultés financières la société Aluminium du Cameroun entreprise qui consomme environ 40% de la production d’électricité du pays a du mal à solder sa dette depuis 2018.

Outre ce cas, Eneo réclame également à la Camwater 1 milliard de franc par mois. Entre juin 2019 et mars 2020 la société de distribution d’eau s’était engager à payer 200 millions par mois de cette facture et depuis la survenue de la crise sanitaire plus rien n’a été payé.

Les collectivités territoriales ne sont pas en reste dans la longue liste des débiteurs d’Eneo. Au 31 Décembre 2018, la société portait la dette de la communauté urbaine de Douala à plus d’un milliard également. L’entreprise publique avait alors menacé d’interrompre son service au profit de la CUD. Une situation qui a conduit aux difficultés d’approvisionnement en fuel nécessaire pour desservir les centrales thermiques qui font face à une grande demande.

Le manque de liquidités a notamment conduit Eneo à ne pas payer en retour ses fournisseurs situation occasionnée par l’accumulation des impayés de certains gros consommateurs même si au cours du second semestre 2019 l’état a fait l’effort épurer une partie de sa dette en permettant à l’entreprise d’approvisionner lesdites centrales, le montant des dettes cumulées au 31 décembre 2019 s’élevait à 180 milliards dont 63 milliards pour les seules entreprises à capitaux publics.

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Investissements

Les besoins d’investissements de la société sur la période 2020-2031 sont estimés à 521 milliards apprend on de nos confrères de Le 360afrique.com et les fraudes d’électricité ne constituent pas une grande aide pour l’entreprise. Dans son bulletin d’information publié au mois d’aout 2020, la Société annonçait que cette fraude dû à l’activité des « barons » des cadres d’Eneo qui installent frauduleusement des compteurs électriques et perçoivent de l’argent appartenant à la société, a fait perdre 60 milliards de francs au secteur et au pays.

Un niveau de perte en effet très élevé qui contribue à l’asphyxie de tout le secteur électrique et fait perdre plusieurs dizaines de de point de rendements à la société lorsqu’on s’est que la performance est évaluée par ce rendement de distribution.

Pour le cas d’espèce, les pertes engendrées par la fraude sont largement au-dessus du budget d’investissement de 2020 qui s’élève à 45, 7 milliards couvrant la production, la distribution et la commercialisation.

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Eneo Cameroun s’est dès lors engagé à lutter contre toutes ces pratiques qui ne profites ni à l’entreprises ni à l’état du Cameroun. De ce fait, l’assainissement et la normalisation inévitables des installations de distributions et commerciales viseront plusieurs enjeux tels que la sécurité sociale, le confort des clients, la responsabilité des consommateurs, la justice sociale et des sanctions pour les profiteurs.

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