Forets d’Ebo : d’importants revenus perdus
Outres les recettes financières, la création des UFA dans ce massif forestier représentait une opportunité pour booster le développement local.
Les quelques 700 chimpanzés du Nigéria-Cameroun (Pan troglodytes ellioti), les 160 espèces d’oiseaux, la petite population de gorilles de taxonomie (Gorilla gorilla sp.) découverte en 2002, les éléphants de forêt (Loxodonta cyclotis), les drills (Mandrillus leacophaeus), les perroquets gris, les picathartes à cou gris, les foreurs et les colobes Bai de Preuss (Piliocolobus preussi) et bien d’autres espèces, pour la plupart uniques au massif forestier d’Ebo ne risquent plus rien, du moins dans l’immédiat.
Le gouvernement a renoncé à la destruction de leurs habitats, en rapportant le 6 août 2020, le décret du 14 juillet 2020 portant classement au domaine privé de l’Etat d’une portion de forêt de 68 385 hectares, constituée en unité forestière d’aménagement dénommée Ufa 07 006 située dans les départements du Nkam et de la Sanaga Maritime, région du Littoral. De plus, la procédure de classement de la portion de forêt de 65 007 ha située dans le département du Nkam et constituée en Ufa 07 005 est également suspendue.
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Si sa Majesté Victor Yetina, chef de Ndigbassogog et représentant de l’association Munen Retour aux Sources et le Dr. Ekwoge Abwe, directeur du Ebo Forest Research Project du Zoo de San Diego se félicitent de ces décisions, le peuple Banen ne veut pas encore crier victoire. En réalité les 40 communautés riveraines soutenues par la société civile et plus de 60 écologistes et chercheurs camerounais et internationaux souhaitent le maintien en l’état de cet espace. La forêt d’Ebo est présentée comme un important puits de carbone, contenant environ 35 millions de tonnes de carbone.
Mais pour le ministère des Forêts et de la Faune (Minfof), le manque de consensus entre les acteurs de terrain (communes, communautés) autour de mise en valeur de ce massif forestier, fait perdre de nombreuses opportunités de développement à la localité. Ainsi, « Depuis 2005, les communes et communautés riveraines ont perçu près de 160 milliards de FCFA en termes de redevances forestière annuelle». Ceci, sans compter les revenus des forêts communales et communautaires, la quote-part des taxes d’affermage, etc. Qu’il s’agisse de l’une ou l’autre option préconisée, la population aurait toujours engrangée des revenus.
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D’une part, explique-t-on au Minfof, « le Parc National pouvait garantir des revenus substantiels grâce à la valorisation de l’écotourisme » et d’autres parts, la création des Ufa favoriserait le désenclavement de la zone, qui compte parmi les plus enclavées du pays, et le recasement sur leurs terres d’origine, des populations déplacées à la faveur de la période sombre du maquis qui a précédé les indépendances.»
Bien plus, souligne le Minfof, le classement de cette forêt en vue de la production du bois d’œuvre représentait une opportunité pour booster le développement local et la création d’emplois pour les jeunes de cette zone. Pour Jules Doret Ndongo, le gouvernement est préoccupé par le contraste entre nos énormes richesses forestières et l’extrême pauvreté des riverains. C’est pourquoi le gouvernement a opté pour une gestion inclusive des ressources forestières.
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