Covid-19 : les enjeux de la production massive des masques de protection
Lors de la réunion hebdomadaire interministérielle que présidait le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, il a été prescrit au ministre des Mines et de l’Industrie de poursuivre, en liaison avec celui de l’Artisanat, la sensibilisation des artisans sur la nécessité de conformer les masques produits localement aux normes édictées, afin de garantir une protection maximale de ceux qui en font usage.
Le but de la rencontre était de trouver des solutions pour booster la production locale des masques de protection afin de barrer au mieux la voie à la Covid-19 qui continue son expansion au sein de la société. Le constat posé est celui d’une production locale massive mais désordonnée malgré la prise de conscience de quelques unités de production telle que la maison de couture Be’lama HD qui s’y est lancée afin de soutenir la population. « Dès que la pandémie a commencé nous nous sommes lancés dans la production de masques dans le stricte respecte des règles d’hygiène et de propreté. Nous avons désinfecté toutes nos machines et le port du masque était systématique dans notre structure. Nous avons également mis à disposition de la clientèle des désinfectants et des seaux d’eau à l’entrée pour le lavage des mains. A chaque moment il fallait également désinfecter le sol de l’atelier puisque les gens entrent pieds nus donc c’est dans le stricte respecte des règles sanitaires que nous fabriquons nos masques » explique Ghislaine Véronique Ngo Mbembe, promotrice de Be’lama HD.
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Des efforts qui n’ont pas été facile en termes d’investissement. « Les prix du matériel avaient doublés au début de la pandémie. Le rouleau d’élastique qui coutait par exemple 3500f avant est passé à 9000f. La chance de s’en sortir résidait au niveau de l’achat du coton qui coutait toujours 2000f le mètre ». poursuit la jeune styliste. Un investissement qui vient également poser sur la table le problème de la vente. « Ce n’était pas évidemment de vendre à un prix accessible à tous les camerounais voilà pourquoi nous avons choisi un coût standard de 500f le masque » ajoute-t-elle. Pour arriver à ce prix il fallait compter avec le respect des normes de fabrications édictées par l’Anor. « Nos masques ont une particularité c’est qu’on y intègre le molleton, le filtre de la transpiration et tout ce qui est crachat qui est recommandé» Conscient du fait que tous les masques à fabrication locale ne respectent pas les normes, le gouvernement entend prendre des mesures « Il est envisagé, entre autres, de réorganiser les acteurs de cette filière, afin de garantir une meilleure qualité des masques et équipements de protection individuelle mis à la disposition du public », a déclaré Gabriel Dodo Ndocke.
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La situation est assez alarmante côté concurrence. « Ce qui frustre c’est que d’autres personnes vendent des masques dans les rues à 200f faits à base de matières pas intéressantes du tout, dans ces conditions impossible de se dire que l’on peut gagner quoi que ce soit. C’est une concurrence déloyale. Notre seule chance de nous en sortir c’était d’en fabriquer pour des entreprises puisqu’elles prennent en grande quantité. Certaines commandaient 2500 voire 3000 masques à ce prix lorsque tu achètes le matériel en gros tu peux avoir un petit bénéfice », nous confie Ghislaine. La styliste s’insurge contre le fait que « Les gens ont banalisé la maladie et ils se disent que l’essentiel est d’avoir un masque, qu’il soit homologue ou pas.». Du point de vue des maisons agréées, la question de l’aide du gouvernement a embêté les stylistes locaux parce que des centres de production se créent partout et pourtant ne sont pas du domaine. L’on compte également des gens qui font des masques qui ne sont pas de qualité alors que les associations de stylistes sont organisées pour fabriquer des masques en quantité. Pour réussir ce pari « Les appels à candidatures en faveurs des stylistes et couturiers auraient mieux aidé à la fabrication massive avec des délais. Le gouvernement devrait permettre que ce soit les professionnels qui fabriquent ces masques et non ces gens qui font juste des bouche-nez, protège poussière. Ou au mieux, sous-traiter au la production des masques, sans oublier qu’il est nécessaire de mettre point sur les couts du matériel de fabrication car certains commerçants abusent de la situation » termine la patronne de Be’lama HD.
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