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Made in Cameroun : La Socaspiscam se lance le défi de la transformation du manioc

La demande de farine de manioc et de patate est très forte en ce moment sur le marché camerounais du fait de la consommation des produits à base de farine. Le groupe ambitionne acquérir une usine de transformation du manioc en produits dérivés à hauteur de 1 500 000 000 francs CFA.

La détérioration des termes d’échanges des produits importés comme le blé ne permet pas de développer ce secteur de la transformation du manioc sans la production des farines locales, D’où la nécessité  pour les agents économiques de se tourner vers des moyens quelques peu  rudimentaires. La Socaspiscam,  une entreprise qui pratique l’agriculture de troisième génération agronome s’est engagée à respecter les normes de l’agriculture biologique et ambitionne de devenir la première entreprise de production industrielle de farine de manioc et de patate au Cameroun.

D’après les chercheurs de l’Irad, le manioc est d’une adaptabilité facile aux différentes zones agro-écologiques. «Même sur les sols pauvres, il donne des rendements raisonnables. Il résiste à la sécheresse, ce qui fait de lui une denrée bien propice lors des périodes de sécheresses et de famines», soutiennent-ils. Le cycle végétatif de cette variété améliorée 8034 (dont la culture est généralement associée à l’arachide) est de « 9 à 12 mois, pour un rendement de 30 à 40 tonnes par hectare». Cultivé en boutures pour une densité de 10 000 plants par hectare, ce manioc résiste à la plupart des maladies. De couleur de la chair blanche, le manioc 8034 est approprié pour la transformation en amidon, gari, farine de couscous… Pour mémoire, au Cameroun, le manioc est particulièrement cultivé dans la zone agro-écologique de forêt humide (centre, sud, est, ouest) avec une production annuelle estimée à 4,5 millions de tonnes pour 21.500 hectares. Et plus de 70% de cette production provient des petits exploitants qui utilisent des variétés traditionnelles et obtiennent moins de 10 tonnes à l’hectare.

Consommer local

C’est un concept qui fait de plus en plus d’adeptes depuis quelques années. Il permet ainsi que  la population n’achète plus que des produits de saison, et des produits de consommation courante (fruits, légumes, beurre, lait, fromage, viande, etc) chez les petits producteurs. L’idée est donc de faire fonctionner l’économie locale en allant à la rencontre des agriculteurs et les structures de transformations locales. Un procédé qui  booste considérablement l’économie et la vitalité locales ! Non seulement les petits cultivateurs locaux sont mieux rémunérés, mais ça les encourage à agrandir leur production, voire à créer des emplois. En plus, ça crée un dynamisme local fort, un lien s’établit entre producteurs ruraux et consommateurs citadins. Outre ces enjeux économiques, la consommation locale et bio contribue à préserver l’environnement. L’agriculture biologique se base sur une culture qui préserve et respecte la terre qu’elle cultive. Elle protège donc la terre, l’air, le sol, les cours d’eau,  Ce qui est indispensable pour préserver l’écosystème. Les producteurs locaux se sont donné à cœur de proposer, en plus de tous les légumes de saison, de nouvelles plantations et des variétés de produits inédites. La transformation du manioc en produits dérivés nécessite un apprentissage supplémentaire et spécifique au produit que l’on souhaite commercialiser. Pour le cas de la Socaspiscam qui transforme le manioc en farine, semoule, amidon, le défi était encore plus énorme, mais grâce à un appui reçu du gouvernement dont la promotrice préfère taire le montant, le projet a pu être implémenté et permettre ainsi  la formation des centaines  d’ouvriers.

Un projet d’envergure internationale.

Un rapport conjoint du Bureau régional de la FAO pour l’Afrique et la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), mentionne que sur les 257 millions de personnes qui souffrent de la faim en Afrique, 237 millions vivent en Afrique subsaharienne et 20 millions en Afrique du Nord. L’ONU indique que par rapport à 2015, on compte 34,5 millions de personnes sous-alimentées de plus en Afrique, dont 32,6 millions en Afrique subsaharienne et 1,9 million en Afrique du Nord. Près de la moitié de l’augmentation est due à l’accroissement du nombre de personnes sous-alimentées en Afrique de l’Ouest, tandis qu’un tiers se trouve en Afrique orientale. D’après la même source, davantage d’africains continuent de souffrir de sous-alimentation plus qu’ailleurs dans le monde. Selon les derniers chiffres, 20% de la population africaine était sous-alimentée en 2017.

 Le projet Socaspiscam a ainsi été lancé en 2016 avec le  démarrage des plantations et assainissements des espaces. Grace au dynamisme de la promotrice Maria Rosa ALIMA, un 1er contrat avec le ministère de la Planification et de l’Aménagement du Territoire est signé en 2017 et  aboutit  à  l’acquisition de 3 tracteurs offerts par le ministère de l’Agriculture et du Développement Rural (Minader) puis le site industriel en  2019. Localisée dans la province du Centre, au Cameroun, la Socaspiscam est née du besoin de répondre aux problématiques de “déficit alimentaire”, “de vulgarisation de la culture du Manioc” et “d’augmentation de la production nationale au travers de la promotion d’une agriculture durable”. Le modèle économique de la coopérative prévoyait la mise en place d’un champ pré-semencier destine à massifier la culture du manioc sur toute l’étendue du territoire national et permettre in fine de produire la matière première nécessaire à la valorisation de toute la chaine de valeur.  La Société Coopérative pour l’Agropastorale, la Sylviculture et la Pisciculture au Cameroun {SOCASPISCAM COOP‐CA} filiale de la Socaspiscam a quant à elle  été créée le 20 décembre 2017 à Afan‐Loum conformément aux dispositions de l’acte uniforme OHADA du 15 Décembre 2010 relatif au droit des sociétés coopératives. La Production, transformation et commercialisation des tubercules de Manioc, les feuilles de manioc, la production de la farine de manioc de haute qualité, de l’amidon entrent  dans ses prérogatives.

Les fonds nécessaires à la mise en œuvre du projet sont estimés à 1 500 000 000 FCFA
L’activité de la SOCASPISCAM COOP CA requiert des compétences avérées en agriculture, management, et une main d’œuvre qualifiée pour des travaux particuliers en ressources humaines contractuels et  ouvriers saisonniers. Le groupe qui se lance à l’assaut  de la transformation du  manioc en farine  génère 2000 emplois directs et indirects. Le plus grand défi de la structure reste désormais la commercialisation et  la concurrence étrangère. Mais la promotrice mise sur l’envie et la nécessité pour les camerounais de consommer local.

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