Commerce extérieur : les 19 produits qui aggravent le déficit commercial
Les dépenses de consommation des ménages et des administrations publiques contrastent avec l’objectif affiché du gouvernement de faire du Cameroun un pays émergent à l’horizon 2035. Sur la dernière décennie, le déficit cumulé de la balance commerciale dépasse 4000 milliards de FCFA.
Carburants, boissons alcoolisées, clinker, vêtements, appareils électroménagers. Voilà le quinté « gagnant » dans les priorités des dépenses de consommation des ménages (et des administrations) au Cameroun, selon l’Institut national de la statistique. Ajoutons que pour l’essentiel, tout cela est importé et, très souvent, il s’agit de biens de seconde main; et vous avez une idée exacte de ce qui fait « vibrer » le Camerounais actuellement. En d’autres termes et selon les résultats successifs de la balance de paiement depuis 2010, pour être à la mode au Cameroun, il faut avoir une voiture (peu importe la qualité), construire une maison en béton, l’équiper de tout type d’appareils électriques et électroniques, s’habiller à l’occidental, avoir à table du riz, du poisson, du lait à profusion et s’abreuver de liqueurs, vins et boissons alcoolisées à la moindre occasion.
Ambition et illusion
En principe, le pays devrait être capable d’en produire suffisamment pour ses besoins et en exporter pour gagner des parts de marchés. Malheureusement, plus le pays se rapproche de l’échéance annoncée d’émergence, plus il croule sous le déficit commercial. De 1548 milliards de FCFA en 2019, le déficit commercial n’était que de 574 milliards de FCFA en 2010. Sur la décennie 2010- 2019, le déficit cumulé de la balance commerciale dépasse les 4000 milliards de FCFA. Cette situation a conduit à l’amenuisement des réserves en devises du pays dont le grand besoin pour réaliser ses grands projets d’infrastructures. Aujourd’hui, le gouvernement a ainsi identifié 19 biens qui aggravent le déficit commercial parce qu’ils continuent d’être importés alors qu’ils peuvent être « facilement » produits localement.
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Dépendance alimentaire
Sur les trois dernières années, les statistiques de la direction générale des douanes indiquent que les importations des 19 produits représentent un volume cumulée de 4 661 208 tonnes pour une valeur marchande de 808,8 milliards de FCFA en 2019, contre 4 038 975 tonnes et 736,2 milliards de FCFA en 2018 et 4 222 618 tonnes et 732,9 milliards de FCFA en 2017. Pour ce qui est de 2019 par exemple, le riz arrive en tête des importations avec 231 milliards de FCFA pour 905 107 tonnes en 2019. Viennent ensuite, le blé avec 142,6 milliards de FCFA et 866 940 t, les poissons congelés (129,6 milliards de FCFA, 185 744 t), le clinker (80,1 milliards et 2 181 003 t), les articles de friperies (39,3 milliards et 72 889 t), le butane liquéfié (38,4 milliards et 113 267 t), les papiers et cartons (34,3 milliards et 65 163 t), le lait et crème de lait (24,2 milliards et 14 320 t), l’huile de palme brut (19,6 milliards et 50 594 t), le sucre (16,7 milliards et 62 956 t), les tourteaux de soja (14,2 milliards et 64 182 t), les préparations alimentaires pour animaux (9,3 milliards et 14 347 t), les meubles en bois (7, 1 milliards et 9 576 t), les gruaux de maïs (6,7 milliards et 25 171 t), les emballages en matières textiles (3,9 milliards et 2 531 t), les jus de fruits (3,6 milliards et 3 879 t), l’huile de palme raffinée (3 milliards et 5 094 t), le savon (2,9 milliards et 3 818 t) et le maïs (2,2 milliards et 14 627 t). Dans une étude de 2017 sur l’«évolution des importations des produits alimentaires de grande consommation et impact sur l’économie nationale », l’Institut national de la statistique (INS) estime qu’«une réduction de 50% des importations des produits alimentaires de grande consommation aurait pu induire, toutes choses égales par ailleurs, une baisse du déficit commercial de 20% en 2017. »
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